L’art du sous-entendu
Notre époque prétend apprécier particulièrement le franc-parler, le langage direct, voire le « parler cash »… Il n’en reste pas moins que, comme le remarque Laurent Pernot, professeur à l’université de Strasbourg et spécialiste du discours antique, dans un récent ouvrage (L’Art du sous-entendu, Fayard 2018) « nous vivons environnés de sous-entendus et nous ne nous en rendons pas compte. À l’instar du Monsieur Jourdain de Molière, qui disait de la prose sans le savoir, nous émettons des messages à double sens et décryptons ceux qu’autrui nous adresse sans même y prendre garde ». On aurait probablement tort de le déplorer car, de l’Antiquité à nos jours, le sous-entendu enrichit considérablement le langage en même temps qu’il permet de se jouer des interdits posés par la bienséance, le politiquement correct et la censure.