Réception des 18 associés étrangers de l’Académie des sciences
Dans cette retransmission intégrale, écoutez les courtes biographies des 18 nouveaux associés étrangers élus en 2009 à l’Académie des sciences, reçus le 15 juin 2010 officiellement sous la Coupole de l’Institut de France. Guy Laval, vice-président délégué aux relations internationales présente l’importance des associés étrangers à l’Académie des sciences. Dans un second temps, chaque nouvel élu esquisse en quelques minutes l’objet de ses travaux. Enfin Michel Mayor, associé étranger lui aussi, clôture la cérémonie par un discours sur « L’étonnante diversité des systèmes planétaires ».
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David L. Donoho, élu dans la section mathématique
David Donoho est professeur à l'université de Stanford en Californie. Il développe des objets mathématiques et de statistique mathématique dont les applications sont nombreuses. Ils permettent en particulier d'exploiter de manière spectaculaire le développement des calculs maintenant possibles grâce à l'informatique. Parmi ses thèmes de recherche, on peut mentionner la théorie du signal, l'analyse harmonique et les ondelettes, la géométrie en très grande dimension et la théorie de l'information.
George M. Whitesides, élu dans la section Chimie
George Whitesides est Professeur à l’Université de Harvard. On lui doit des contributions majeures dans des domaines très diversifiés tels que la spectroscopie par résonance magnétique nucléaire, la chimie organométallique et la synthèse organique biocatalysée. Ses travaux en science des matériaux, en chimie des surfaces, en microfluidique et en nanotechnologie ont un très fort impact non seulement en chimie, mais également en biologie et en bio-ingénierie. C’est le cas en particulier de la lithographie douce, technique dont il est l’inventeur et qui est fort utile pour des applications de type biopuces. Un des chimistes les plus éclectiques de son temps.
Vladimir Drinfeld, élu dans la section mathématique
Vladimir Drinfeld est professeur de mathématiques à l'université de Chicago (États-Unis). Ses travaux s'étendent de la géométrie algébrique et de la théorie des nombres à de nombreuses questions mathématiques posées par la physique théorique. Ses contributions majeures sont la preuve de la conjecture de Langlands pour GL(2) sur les corps de fonctions et la théorie des groupes quantiques. Ses recherches ont une influence profonde en mathématique et en physique théorique. Elles lui ont valu de recevoir la médaille Fields en 1990.
|http://www.academie-sciences.fr/Membres/C/Chory_Joanne_bio.htm>, élue dans la section Biologie intégrative
Joanne Chory est Professeur de biologie à l'Université de Californie à San Diego et directrice du laboratoire de biologie végétale au Salk Institute. Elle est aussi chercheur au Howard Hughes Medical Institute et professeur adjoint à l’université de Californie à San Diego. Elle étudie les mécanismes par lesquels les plantes s’adaptent aux changements de leur environnement lumineux. Ses travaux sur l’espèce modèle Arabidopsis thaliana lui ont permis d’étudier les rôles respectifs des phytochromes, photorécepteurs de la partie rouge du spectre lumineux. L‘étude moléculaire de mutants dé-étiolés lui a permis de montrer que les signaux lumineux dérépriment la mise en place de l’appareil photosynthétique selon une voie de transduction dont ses travaux ont révélé l’existence. Son équipe a étudié aussi la co-régulation des gènes nucléaires et plastidiaux dans la mise en place de l’appareil photosynthétique. Un dernier thème de recherche concerne la découverte des fonctions d'une nouvelle classe d’hormones, les brassinostéroïdes, dans les processus d’élongation cellulaire, travail remarquable qui lui vaut une reconnaissance internationale.
Anton Zeilinger, élu dans la section Physique
Anton Zeilinger est professeur de physique expérimentale à l'Université de Vienne et directeur scientifique de l'Institut d'optique quantique et d'information quantique (IQOQI) à l'Académie des sciences d'Autriche. Il est mondialement connu pour ses expériences marquantes dans le domaine des fondements conceptuels de la physique quantique, et il a contribué de façon décisive au développement de l'information quantique et de l'optique atomique.
Miguel A. L. Nicolelis élu dans la section Biologie intégrative
Miguel Nicolelis est professeur de neurobiologie, d'ingénierie biomédicale et de psychologie, et co-directeur du Centre de neuro-ingénierie au Duke University Medical Center (États-Unis). La maîtrise de concepts et de techniques multidisciplinaires, -neurosciences computationnelles, physiologie et plasticité des ensembles neuronaux sensori-moteurs, robotique-, lui a permis de devenir le pionnier d'une discipline qui révolutionne les neurosciences, celle des interactions cerveau-machine qui permettent, après une période d'apprentissage, de piloter robots et membres artificiels par la pensée. Ses résultats ouvrent une perspective thérapeutique avec la conception de neuroprothèses.
Curtis G. Callan élu dans la section Physique
Curtis Callan est fondateur et directeur du Centre de Recherches théoriques de Princeton, est un physicien théoricien dont les travaux ont été principalement consacrés à la physique des interactions fondamentales à très haute énergie. On lui doit plusieurs résultats importants dont certains sont connus sous son nom. Il est un des auteurs de la célèbre équation "de Callan-Symanzik", qui décrit la réponse d'un système physique aux changements d'échelle et qui a profondément influencé la théorie des transitions de phase. Il a été un des pionniers de l'application de la théorie des cordes à l'étude des propriétés des trous noirs et des problèmes liés à leur entropie. Il se consacre actuellement à créer des ponts entre la physique théorique et des phénomènes biologiques, telle la régulation des gènes.
Robert A. Weinberg, élu dans la section Biologie moléculaire et cellulaire, génomique
Robert Weinberg est Professeur de biologie au Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Cambridge (États-Unis). L'ensemble de ses travaux a conduit à des avancées considérables dans la compréhension des bases moléculaires du cancer. Ceci a permis des progrès majeurs dans la classification et le diagnostic des tumeurs et dans la mise au point de thérapies ciblées, plus efficaces et moins toxiques, de la maladie cancéreuse.
Giovanni Bignami, élu dans la section Sciences de l'univers
Giovanni Bignami est Professeur à l'Istituto Universitario di Studi Superiori (IUSS) à Pavie. Il est un des leaders mondiaux de l’astrophysique spatiale des hautes énergies. Il a participé à toutes les missions importantes dans ce domaine, lors de leur conception, leur réalisation, lors des tests ou de l’interprétation des résultats. Il a contribué de façon essentielle à l’identification des différents types d’étoiles à neutron et à l'étude de leur physique. Il a été également un des pionniers de l’identification des sources gamma par des observations multi fréquences. Giovanni Bignami consacre par ailleurs beaucoup de son temps à la vulgarisation de la science.
Roy M. Anderson, élu dans la section Biologie humaine et sciences médicales
Roy Anderson est professeur d'épidémiologie des maladies infectieuses à l'Imperial College of London, est un pionnier de la modélisation mathématique de la transmission, du contrôle et de l'évolution des maladies transmissibles, humaines ou animales. Ses travaux ont grandement influencé les conceptions sur la nature des relations hôte-pathogènes et leur signification évolutive. Beaucoup ont eu des répercussions importantes en santé publique dans la définition des stratégies de lutte contre quelques grands fléaux infectieux récents.
Umberto CORDANI,
John Raymond Willis, élu dans la section Sciences mécaniques et informatiques
John Willis est professeur émérite de mécanique théorique des solides à l’université de Cambridge. Spécialiste de l’utilisation des techniques mathématiques avancées en mécanique des solides, il a apporté des contributions pionnières pour la prévision de la tenue des matériaux et des structures. Ses travaux en élasticité anisotrope générale ont ouvert la voie à la détermination analytique des champs de contraintes 3D en présence de dislocations ou de fissures d’interface. Il a ensuite posé les bases d’une théorie variationnelle rigoureuse des propriétés effectives des milieux hétérogènes non-linéaires, s’appliquant aux composites, aux polycristaux et aux milieux poreux. Cette théorie a connu un développement exceptionnel depuis les années 90. Enfin ses travaux en élastodynamique ont permis l’analyse de la propagation dynamique de fissures dans les milieux de caractéristiques de fracture hétérogènes, et montré l’existence d’un type nouveau d’ondes, les "ondes de front de fissure".
Ingrid Daubechies, élue dans la section Sciences mécaniques et informatiques
Ingrid Daubechies est professeur de mathématiques à l'Université de Princeton. Elle a initié un important programme de mathématiques appliquées et computationnelles. Ses remarquables travaux sur l'analyse "temps-fréquence" et l'analyse "temps-échelle" ont bouleversé le traitement du signal et de l'image. Les ''ondelettes de Daubechies'' sont utilisées dans le standard de compression d'images JPEG 2000. Ingrid Daubechies a appliqué les ondelettes à de nombreux domaines scientifiques, en mathématiques, en ingénierie et à l'art.
Mary-Claire King, élue dans la section Biologie humaine et sciences médicales
Mary-Claire King est Professeur à l'Université de Washington à Seattle, Département de génétique médicale et département de sciences du génome. Elle est mondialement connue pour ses travaux sur l'identification de prédispositions génétiques au cancer du sein, qui ont des applications d’importance considérable en médecine et en biologie. Elle a étendu ses recherches au domaine de l'évolution humaine et de la génétique des surdités, et plus récemment à l'autisme et à la schizophrénie. Elle a été une pionnière dans l'utilisation des techniques génétiques et notamment du séquençage de l'ADN mitochondrial pour l'identification de personnes disparues en Argentine et dans des cas de violation des droits de l'homme à travers le monde.
Mustapha BESBES,
Leonard P. Guarente élu dans la section Biologie moléculaire et cellulaire, génomique
Leonard Guarente est professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), Département de biologie, à Cambridge (États-Unis). Il consacre ses recherches aux mécanismes moléculaires du vieillissement et plus particulièrement à la mise en évidence des composants cellulaires responsables des différences de longévité entre les espèces. Il a, le premier, mis en évidence le gène SIR-2, et a montré qu'il est le régulateur clé de la longévité chez la levure et le ver. Il étend ses recherches effectuées sur ce gène aux mammifères. Ses découvertes pourraient accélérer le développement de molécules thérapeutiques actives contre les maladies liées à l'âge.
Mustapha Besbes élu dans la section Sciences de l'univers
Mustapha Besbes est professeur émérite à l'École nationale d'ingénieurs de Tunis, est le spécialiste incontesté de l'hydrologie des pays arides et des aquifères géants du Sahara. Il a notamment développé un modèle original pour l’étude de la recharge des aquifères par infiltration des crues d’oueds. Son équipe a déterminé quelle est l’alimentation actuelle des nappes sahariennes sur la bordure de l’Atlas, alors que ces nappes étaient souvent considérées comme ne contenant que des eaux fossiles. Il a réalisé l'immense tâche de coordonner les travaux sur la modélisation du Système aquifère du Sahara Septentrional (SASS), destinés à permettre la mise en place d’une exploitation harmonieuse par les trois pays concernés (Algérie, Tunisie, Libye) des très grandes réserves de ces nappes du Maghreb, et, actuellement il continue à travailler à ce vaste projet.
Christiane Nüsslein-Volhard élue dans la section Biologie moléculaire et cellulaire, génomique
Christiane Nüsslein-Volhard dirige le Département de génétique au Max Planck Institute pour la biologie du développement à Tübingen en Allemagne. Ses travaux ont révolutionné la biologie du développement. En élaborant et combinant les outils techniques et conceptuels de la génétique et de l'embryologie, Christiane Nüsslein-Volhard a découvert, par l'étude de mutants chez la drosophile et le poisson zèbre, les mécanismes génétiques qui contrôlent l’embryogenèse précoce. Elle a reçu le Prix Nobel de physiologie en 1995.
Thomas W. Ebbesen, élu dans la section Chimie
Thomas Ebbesen est professeur à l'Université de Strasbourg et directeur de l'Institut de science et d'ingénierie supramoléculaires (ISIS). Chimiste et physicien, il a réalisé des travaux qui ont eu un impact majeur dans des domaines aussi divers que les sciences des matériaux carbonés et l’optique des métaux. Ses recherches à l'interface des nanosciences et de la photonique touchent à de nombreuses technologies stratégiques, telles l'opto-électronique, les communications optiques et le développement de capteurs de nouvelle génération.
Cette cérémonie s'est clôturée par le discours de Michel Mayor, associé étranger à l'Académie des sciences.
Écoutez son intervention sur «L’étonnante diversité des systèmes planétaires ».
Pluralité des mondes ? Pluralité des mondes habités ? Ces deux questions étaient déjà présentes dans les interrogations des philosophes grecs voici plus de deux mille ans. Les progrès réalisés dans le domaine de l’instrumentation astronomique ont transformé ces rêves de l’humanité en un domaine de l’astrophysique actuelle.
Voici une quinzaine d’année les premières planètes extrasolaires ont été découvertes et aujourd’hui plus de 450 ont été identifiées et caractérisées. Passée la satisfaction d’avoir prouvé l’existence des planètes extrasolaires, quel est le but de ces recherches ?
Le but premier est certainement de comprendre les mécanismes de la formation des systèmes planétaires et en particulier du système solaire. Au gré des découvertes surprenantes, nous réalisons la complexité de ces mécanismes et la compréhension encore fort limitée que nous en avons. Le second but, plus ambitieux, est de chercher une réponse à la deuxième interrogations des philosophes de l’Antiquité : Y a-t-il une pluralité des mondes habités ?
De la même manière que les éléments chimiques sont le résultat de l’évolution des étoiles, que les planètes sont des « sous-produits » de la formation stellaire, la vie est-elle une conséquence de l’évolution de l’univers ? Si les conditions physico-chimiques adéquates sont présentes, la chimie conduit-elle à la réalisation d’organismes vivants ?
Une telle question peut paraître trop ambitieuse pour la science de notre époque. Il n’en est rien et nous esquisserons ultérieurement les pistes d’une telle recherche. Lire la suite
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