Retransmission de la séance publique annuelle de l’Académie française 2009
Le jeudi 3 décembre 2009, s’est déroulée sous la Coupole de l’Institut de France, la séance publique annuelle de l’Académie française. Canal Académie vous propose d’écouter la retransmission intégrale de cette séance avec Hélène Carrère d’Encausse, Jean-Marie Rouart et Dominique Fernandez.
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Comme chaque année, trois discours sont attendus ce jour-là :
celui sur les prix décernés cette année par l’Académie, celui du secrétaire perpétuel et le fameux discours annuel consacré à la vertu par un membre de l’Académie. Le jeudi 3 décembre 2009, l’Académie française a reçu sous la Coupole, dans une séance publique annuelle présidée par M. Dominique Fernandez, les lauréats qu’elle a distingués au cours de l’année. Jean-Marie Rouart, directeur en exercice, a prononcé le discours sur les Prix littéraires ; Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel, un discours sur la langue française et Dominique Fernandez, celui sur la vertu.
Jean-Marie Rouart de l’Académie française a prononcé le discours sur les Prix littéraires de l’année 2009. Cette année, soixante-dix récompenses ont été attribuées, parmi lesquelles, le Grand Prix de la francophonie, le Grand Prix de littérature, le Grand Prix du roman. La poésie, la philosophie, le théâtre, la biographie, l’histoire, l’essai, la critique et d’autres encore, font aussi l’objet de distinctions. Les lauréats honorés en 2009, pour les Grands Prix sont : le Professeur Thomas Gaehtgens (Grand prix de la Francophonie), Nadia Benjelloun (Grande médaille de la Francophonie), Vincent Delecroix (Grand Prix de Littérature), Claude Lanzmann, Alain Dejammet, Pierre Michon, Pierre Oster, Alexandre Najjar, Vénus Khoury-Ghata, Rémi Brague, Dominique Guillo, Guy Thuillier, Michel Jarrety, Jean-Marie Mayeur, Bernard de Fallois, André Tubeuf, Sylvain Tesson, Wajdi Mouawad, Bertrand Tavernier, Anne Sylvestre, Anne de Lacretelle, Mgr Joseph Doré, Daniel Garbe, Michel Lécureur, Delphine de Candolle, Erden Kuntalp.
Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie française, a prononcé un discours intitulé, « Ma patrie, c'est la langue française » Albert Camus.
Extraits : Dans la France d’aujourd’hui, où des lignes de fracture culturelles, sociales, de générations troublent une société qui se crut longtemps harmonieuse, la langue doit être une fois encore le lieu et le moyen du rassemblement. C’est elle qui porte notre immense patrimoine culturel, une longue histoire dont nous devons avoir la fierté et des valeurs qui sont celles de la civilisation de l’universel. Mais cette langue doit être la même pour tous, c’est-à-dire que notre référence commune est la langue écrite dont les dictionnaires et les grammaires disent l’usage.
Dominique Fernandez de l'Académie française s’est prêté à l’exercice traditionnel du discours sur la vertu le commençant avec humour : La seconde tentative que j’ai faite pour apprendre à aimer la vertu a consisté à relire les cent quatre-vingt-un discours prononcés ici même par mes prédécesseurs. Le prix de vertu a été fondé en 1782 par le baron de Montyon, lequel expliqua ainsi le sens de son geste.
Sur sa définition de la vertu
Extrait : La vertu, ce n’est pas le convenable. Ce n’est pas être vertueux que de se conformer au pouvoir, à l’opinion, à aucune forme d’autorité. La vertu, c’est de l’énergie, mais pas forcément appliquée au crime. On peut écarter le paradoxe stendhalien tout en gardant le principe qui a porté Stendhal à le formuler. Car, pour être simplement honnête, il faut de l’énergie, il faut du courage. La faiblesse des vertueux, c’est qu’ils pensent rarement par eux-mêmes et se contentent d’obéir à l’opinion dominante. La vertu n’est pas toujours où la loge le préjugé. Le devoir de la virtù est de combattre les contrevérités proférées par la vertu. Zola réclamant justice pour le capitaine Dreyfus servait le même idéal qu’en écrivant Nana, objet de scandale pour les vertueux de la vertu. Ne proclamons vertueux, chevalier de la virtù, que celui qui met l’honnêteté intellectuelle au-dessus des conventions de son époque, au-dessus de toute prudence dictée par l’intérêt, la peur de déplaire ou le respect humain. Ainsi aurons-nous désarmé la boutade de Feydeau, lequel, quoiqu’il ne fût pas académicien, avait bien de l’esprit. Les femmes honnêtes, disait-il, respirent la vertu, mais elles sont tout de suite essoufflées.
L’honnêteté intellectuelle, non la moralité de coutume je crois que c’est la plus rare des vertus, la seule qui mérite ce nom, la seule pour laquelle il vaille la peine de batailler. Elle ne figure pas sur l’échelle de saint Jean Climaque, peinte sur le mur de Sucevita. Peut-être est-elle si difficile à pratiquer qu’on a épargné cette épreuve aux moines, de peur qu’aucun d’eux ne parvienne à la surmonter. (extraits du discours)
En savoir plus
Retrouvez les textes des discours sur le site Internet de l'Académie française :
- Discours sur les prix littéraires, par Jean-Marie Rouart, directeur en exercice.
- Ma patrie, c'est la langue française (Albert Camus). Discours d'Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel.
- Discours sur la vertu, par Dominique Fernandez.
- Jean-Marie Rouart de l'Académie française
- Hélène Carrère d'Encausse de l'Académie française
- Dominique Fernandez de l'Académie française