Alexandre II, le printemps de la Russie
Dans une admirable biographie, Hélène Carrère d’Encausse réalise le portrait d’Alexandre II de Russie. Alors que l’Empire était bien loin des révolutions européennes, le nom du fils de Nicolas Ier reste pourtant associé à celui du printemps de la Russie. Christophe Dickès reçoit ici le Secrétaire perpétuel de l’Académie française.
Nous sommes le dimanche 1er mars 1881, en Russie. Dans la capitale de l’Empire, le tsar a l’habitude de se rendre au manège pour assister à une parade militaire. Dans un contexte de trouble politique et de danger terroriste, malgré les avertissements prodigués par son entourage, Alexandre II décide de faire son devoir. N’avait-il pas déjà survécu à cinq tentatives d’assassinat ? Et la voyante qu’il consultait ne l’avait-elle pas prévenu qu’il ne succomberait qu’au septième attentat ? Elle aurait dû lui dire la septième arme... En effet, sur le chemin du retour, le tsar est la cible de terroristes. Une bombe éclate, des hommes et des femmes succombent mais Alexandre II est sauf…
Aujourd’hui, dans notre monde moderne, un chef d’État serait l’objet d’un tel attentat, il ne faudrait que quelques secondes pour le mettre hors de danger et l’envoyer à des kilomètres en toute sécurité et dans le plus grand des secrets. Mais Alexandre II, lui, à cette époque se porta aux secours des blessés. Le geste de trop. Une deuxième bombe fut lancée. Elle lui sera fatale. Quelques heures plus tard, en face de ce corps à moitié déchiqueté, son petit-fils n’oubliera jamais. Il s’appelait Nicolas II.
Pour nous Français, le XIXe siècle semble bien loin alors que dire du XIXe siècle russe ? Pourtant, Alexandre II fait parti de ces hommes que nos mémoires ont à peine effleurés, sûrement par facilité, peut-être par paresse. Assassiné au nom “du peuple”, ce fut pourtant lui qui accorda la liberté à ce peuple en mettant fin au servage et en préparant une réforme constitutionnelle. Quand la réalité ne compte plus, quand seules les perceptions et les apparences entretiennent les passions, les peuples en deviennent ingrats. Alexandre II est là pour nous le rappeler; l'émission "Un jour dans l'Histoire" vous en propose son portrait.
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A propos d'Hélène Carrère d'Encausse
Elue en 1990 au fauteuil 14 précédemment occupé par Jean Mistler, Hélène Carrère d'Encausse est historien et Secrétaire perpétuel de l'Académie française depuis le 21 octobre 1999.
Elle a reçu :
- le prix Aujourd'hui pour L'Empire éclaté en 1978,
- le prix Louise Weiss en 1987,
- le prix Comenius en 1992 pour l'ensemble de son œuvre
- et le prix des Ambassadeurs en 1997, pour Nicolas II.
- Elle est membre associé de l'Académie royale de Belgique.
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Ses œuvres entre 1988 et 2008
- 1988 - Le Malheur russe (Fayard)
- 1990 - La Gloire des Nations (Fayard)
- 1992 - Victorieuse Russie (Fayard)
- 1993 - L'URSS, de la Révolution à la mort de Staline (Le Seuil)
- 1996 - Nicolas II, La transition interrompue (Fayard)
- 1998 - Lénine (Fayard)
- 2000 - La Russie inachevée (Fayard)
- 2002 - Catherine II (Fayard)
- 2003 - L'Impératrice et l'abbé : un duel littéraire inédit (Fayard)
- 2005 - L'Empire d'Eurasie (Fayard)
- 2008 - Alexandre II (Fayard)