Jeanne d’Arc dans la société médiévale
Au mois de février 1429, Jeanne la Pucelle quitte Vaucouleurs à la rencontre du dauphin, le futur Charles VII. L'historienne Colette Beaune nous présente une Jeanne moins connue, en la replaçant dans la société médiévale de son temps, marquée par une spiritualité profonde.
Colette Beaune revient sur l'une des héroïnes les plus exaltées et les plus durablement honorées de notre nation.
Cet ouvrage n'est pas une biographie. Colette Beaune pose dès la première page les objectifs de son travail : renvoyer à d'autres auteurs, se concentrer sur la personne de Jeanne et en reconstituer, comme au scanner, les images qu'elle pouvait imprimer dans le regard de ses contemporains.
Chaque année de nouveaux livres paraissent sur Jeanne d'Arc (1412-1431). Cela tient au fait que, morte à moins de vingt ans, Jeanne est mieux connue qu'une sainte ou une reine. Icône du patriotisme, elle occupe une place à part dans l'histoire de France où le sujet reste sensible. Pourtant, depuis quarante ans, aucune étude historique neuve et approfondie ne lui avait été consacrée !
Reprenant la vie de Jeanne depuis sa naissance jusqu'à sa réhabilitation en 1456, Colette Beaune s'interroge sur la place de cette petite paysanne dans le monde médiéval. Son étude conduit à bien des mises au point. Une réévaluation politique d'abord. Même si son dévouement au roi est total, l'aventure de la Pucelle ne saurait être comprise sans étudier la querelle qui divise la France entre Armagnacs et Bourguignons, ni les soubresauts qui agitent la chrétienté. Une réévaluation religieuse ensuite. Jeanne est dans la lignée du prophétisme féminin. Avant elle, d'autres femmes ont prétendu pouvoir sauver la France sans être prises au sérieux. Aucune cependant n'eut l'obstination de Jeanne.
Jeanne passera son temps à brouiller les limites sociales - paysanne, elle fait carrière à la Cour -, sexuelles - vêtue en homme, elle fait la guerre - ou celles du profane et du sacré - elle prêche et crée des objets sacrés. Ce charisme féminin est la source d'un pouvoir qui perturbe et finira par gêner, même ceux qui l'avaient servie. L'incompréhension sera d'ailleurs l'un des ressorts de son procès.
Dans cette biographie passionnante et moderne, Colette Beaune, déjà remarquée il y a quelques années pour sa Naissance de la nation France, a fait un travail magnifique d'érudition. Sa culture et sa connaissance du monde médiéval permettent de mieux comprendre le destin exceptionnel de la petite bergère de Domrémy.
Bibliographie
- Jeanne d'Arc, Ed. Perrin, 2004
A lire aussi : "Fastes de Cour, les enjeux d'un voyage princier à Blois en 1501", rédigé conjointement par Monique Chatenet et Pierre-Gilles Girault. Publié par les PUR, presses universitaires de Rennes (www.pur-editions.fr) , et la Société des Amis du château de Blois, l'ouvrage est préfacé par Colette Beaune. Il est question de la visite d'Etat effectuée par l'archiduc d'Autriche, Philippe Le Beau, comte de Flandre, et son épouse, Jeanne de Castille, héritière des Rois Catholiques. Traversant la France, les souverains sont reçus fastueusement au château de Blois par Louis XII et Anne de Bretagne.