L’autre appel du 18 juin 40, celui de Churchill
L’historien anglophile François Kersaudy, biographe de Winston Churchill, nous présente « l’autre » appel du 18 juin 40, celui que le Premier ministre de Grande Bretagne adressa au peuple britannique pour lui expliquer l’enjeu de la très dure bataille qui allait se déchaîner : « Du sang, de la sueur et des larmes » promettait-il...
Quand Churchill arrive au pouvoir en 1940, sa notoriété n'est plus à faire. En face de Chamberlain, engoncé dans des querelles politiciennes teintées d'un idéalisme déconcertant, Winston Churchill apparaît comme l'homme de la situation. Courageux, belliqueux mais non belliciste, Churchill est un des seuls hommes politiques de son temps à avoir perçu le danger hitlérien. Réaliste, il promet à l'Angleterre devant la Chambre des Communes "Du sang, de la sueur et des larmes" le 13 mai 1940.
Quelques jours plus tard, le 18 juin, il prononce un nouveau discours, mêlant à la fois lyrisme et politique, analyse militaire des forces en présence et vision. Il conclut par ces mots: " (...) Ce que que le général Weygand a appelé la bataille de France est terminé. Je suppose que la bataille d'Angleterre est sur le point de commencer. De cette bataille dépend la survie de la civilisation chrétienne. Notre existence britannique en dépend, ainsi que la longue continuité de nos institutions et de notre Empire. Toute la fureur, toute la puissance de l'ennemi va bientôt se déchaîner contre nous. Hitler sait qu'il devra nous briser sur cette île ou qu'il perdra la guerre. Si nous parvenons à lui résister, toute l'Europe pourra être libre, et la vie du monde progresser vers de hautes et vastes terres baignées de soleil. Mais si nous échouons, alors le monde entier, y compris les États-Unis, y compris tout ce que nous avons connu et aimé, sombrera dans les abîmes d'un nouvel âge des ténèbres rendu encore plus sinistre, et peut-être plus durable, par les lumières d'une science pervertie. Aussi, préparons nous à accomplir notre devoir et à nous conduire de telle sorte que, si l'Empire britannique et son Commonwealth durent mille ans, les hommes diront encore: "Ce fut leur plus belle heure."
Winston Churchill comprend immédiatement le rôle que doivent jouer les États-Unis, mais il vivra non sans amertume le déplacement de la réalité de la puissance aux mains des Soviétiques et des Américains, ce qui sonnera le glas de son Empire, l'Empire britannique.
L'invité.
Né en 1948, François Kersaudy, qui a enseigné l’histoire à l’université d’Oxford, est professeur à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne. Il est spécialiste d’histoire diplomatique et militaire contemporaine. Il a reçu le Grand prix de la Société des Gens de Lettres et le Grand Prix du Livre politique. Il est l'auteur de multiples ouvrages sur l'Angleterre contemporaine et prépare une biographie d'Hermann Goering chez Perrin, et la publication chez Tallandier des mémoires de Guerre de Churchill.
F. Kersaudy sur Canal Académie.
- [Lord Mountbatten, un héros britannique->http://www.canalacademie.com/Lord-Mountbatten-un-heros.html].
- [L'affaire Cicéron->http://www.canalacademie.com/Portrait-d-espion-l-affaire.html].
- [De Gaulle/Roosevelt, le duel au sommet->http://www.canalacademie.com/De-Gaulle-et-Roosevelt-Le-duel-au.html].
Retrouvez François Kersaudy dans la revue Histoire de la dernière Guerre: