Les chevaliers teutoniques de Sylvain Gouguenheim
Agrégé et professeur d’histoire médiévale, Sylvain Gouguenheim a publié en 2008 une monographie consacrée à l’histoire des Chevaliers teutoniques, parue chez Tallandier. Il est ici l’invité de Christophe Dickès. Il remonte à l’origine mal connue de cet Ordre et souligne son influence ainsi que ses relations avec les Templiers et les Hospitaliers.
Il y a quelques mois, « Un jour dans l'Histoire » recevait l’historien Jean-Paul Bled, spécialiste de l’histoire allemande et auteur notamment d’une Histoire de la Prusse, parue aux éditions Fayard. Dans cet ouvrage, Bled consacre son tout premier chapitre aux Chevaliers teutoniques qui sont à l’origine de l’État prussien.
Peu connue dans notre pays marqué par l’épopée des Templiers et dans une moindre mesure par celle des Hospitaliers, l’histoire des Chevaliers teutoniques est au contraire largement étudiée dans l’historiographie germanique. Fils de la croisade, l’Ordre teutonique ou « maison de l’hôpital des Allemands de Sainte Marie de Jérusalem» est à la fois tourné vers les armes, mais aussi vers l’hospitalité au sens propre du terme.
Nous ne connaissons pas la date exacte de sa fondation, que l’on situe entre le mois d’août 1189 et le mois de septembre 1190 alors que Saint-Jean-d’Acre était assiégé. Aux origines, l’ordre ne fut qu’un petit hôpital de campagne fondé par des marchands de Brême et de Lübeck… La fondation vit dans ses premières années quelques difficultés et il faut attendre 1198 pour voir l’Ordre émerger au cours d’une assemblée de princes allemands, de laïcs et d’ecclésiastiques. Quelques siècles plus tard, l’Ordre est confisqué à tort par une vision nationaliste de l’histoire allemande en général et de la Prusse en particulier.
Qui furent donc les chevaliers teutoniques ? Quelle fut l’influence des Templiers et des Hospitaliers sur l’Ordre ? Existe-t-il une spécificité de l’ordre teutonique, de sa règle ? C’est que ce vous propose Sylvain Gouguenheim.
Présentation de l'éditeur.
Si Templiers et Hospitaliers sont connus du public français, c’est moins le cas de la « maison de l’hôpital des Allemands de Sainte-Marie de Jérusalem », véritable nom de l’Ordre teutonique. Les images du film d’Eisenstein, Alexandre Nevski, ont marqué les esprits, créant un véritable stéréotype des « chevaliers teutoniques » : l’incarnation éternelle de l’envahisseur germanique, le manteau blanc à croix noire recouvrant une lourde armure d’acier, le visage démoniaque masqué par un heaume cylindrique. On s’est plu à voir en eux les agents avides de la colonisation allemande de l’Est, les impitoyables serviteurs d’une évangélisation aussi brutale que prédatrice. De fantasmes romantiques en interprétations fallacieuses, on en est venu à ignorer leurs réalisations politiques et économiques. De leur naissance en Terre sainte à nos jours, Sylvain Gouguenheim retrace l’épopée de ces chevaliers conquérants, colonisateurs et administrateurs, devenus de véritables princes bâtisseurs avec la fondation de l’État de Prusse et la construction de puissantes forteresses, dont la célèbre Marienburg. S’appuyant sur une documentation riche et souvent inédite, livrant pour la première fois de très nombreux extraits de sources traduits en français (chroniques de l’Ordre, textes législatifs, correspondance des grands maîtres, rapports des espions, etc.), il nous entraîne dans une chevauchée haletante sous les remparts de Saint-Jean-d’Acre, en Prusse, en Sicile, sur les glaces du lac Peïpous et aux champs sanglants de Tannenberg.
L'auteur.
Sylvain Gouguenheim est agrégé d'histoire, professeur d'histoire médiévale (HDR) à l'école normale supérieure lettres et sciences humaines de Lyon. Après avoir travaillé sur les fausses terreurs de l'an mil, il a consacré ses recherches à l'histoire de l'Ordre teutonique. Il est aussi l'auteur d'un livre consacré à l'influence grecque aux temps médiévaux, Aristote au Mont-Saint-Michel paru au Seuil.
Ecoutez une autre émission avec Sylvain Gouguenheim La réforme grégorienne et Regards sur le Moyen-Age de Sylvain Gouguenheim