Les mutations des monarchies anglaise et française à la Renaissance
À travers l’exemple des prélats d’État sous François Ier et Henri VIII, l’historien Cédric Michon, auteur de La Crosse et le Sceptre paru chez Tallandier, décrit la mutation des deux monarchies à l’époque de la Renaissance. Une étude comparative admirable.
Une des images que nous gardons de l'Ancien-Régime est celle de la place des ecclésiastiques auprès du pouvoir. Qui mieux que Richelieu a incarné cette place? Pourtant, à l'aube du XVIIe siècle, le cardinal rouge reste une exception. En effet, l'âge d'or de ces prélats d'Etat remonte au temps de la Renaissance. Moins connus que le cardinal et ministre de Louis XIII, ces religieux serviteurs de l'Etat n'en restent pas moins importants. Ils participent surtout aux grandes mutations des monarchies, notamment françaises et anglaise. Nous sommes en effet à une époque où l'Etat s'affirme; de plus en plus centralisé naturellement, il assure la promotion d'une bureaucratie qui se développe et se construit en se révélant très efficace.
"Un jour dans l'Histoire" vous propose de partir à la découverte de ces évêques, de ces cardinaux, au service de deux maîtres, l'Église et l'État. Comment ces prélats ont-ils pu concilier leurs charges respectives? Mais avant tout, quelles étaient leurs origines et leur formation? Quelle place place occupaient-ils au sein de la hiérarchie de l'Etat et quels étaient leurs pouvoirs? En quoi enfin, leurs disparition révèle la mutation de l'Etat ? Autant de questions auxquelles Cédric Michon répond au micro de Canal Académie.
Présentation de l'éditeur :
A la Renaissance, les puissantes monarchies de France et d'Angleterre connaissent d'importantes mutations qui se traduisent notamment par l'affirmation d'un État de plus en plus centralisé, bureaucratique et efficace. Dans ce processus crucial de l'histoire de l'Occident, une catégorie de serviteurs joue un rôle tout à fait déterminant. Identifiés par Cédric Michon qui les appelle " prélats d'Etat ", des dizaines d'évêques et de cardinaux s'investissent dans tous les secteurs de l'administration monarchique jusqu'à en prendre parfois la direction. Dans ce monde de pouvoir, d'ambition, d'argent et de violence, les Jean du Bellay, François de Tournon, Stephen Gardiner ou Cuthbert Tunstall tiennent la dragée haute aux arrogants magnats laïcs comme aux ambitieux juristes. On y rencontre l'évêque Rowland Lee, " nettoyeur " du Pays de Galles ; le cardinal de Gramont, redoutable diplomate ; le tout puissant cardinal Thomas Wolsey, chef du conseil et chancelier d'Henri VIII. On y voit les prélats d'Etat français proposer au roi les services des réseaux humanistes que leur généreux mécénat entretient et dont ils font des réseaux d'espionnage. On découvre comment leurs homologues anglais, hommes nouveaux issus des collèges, en butte au mépris brutal des courtisans, y répondent par la solidarité universitaire, mettant en place une véritable Cambridge Connection. S'appuyant sur des sources issues de plus de trente fonds d'archives conservés en France, en Angleterre, en Italie et aux Etats-Unis ce livre ressuscite le monde de la cour et de l'administration de deux rois glorieux, véritables frères ennemis, François Ier et Henri VIII.
L'invité :
Normalien, agrégé, ancien pensionnaire de la Fondation Thiers et docteur en histoire moderne, Cédric Michon, né en 1973, a soutenu sa thèse en 2004. Maître de conférences à l'université du Maine, spécialiste de la Renaissance, il est l'auteur de nombreux articles scientifiques ainsi que de La Renaissance (Milan, 2004) et de La Peinture de la Renaissance (Milan, 2005).