Pierre Nora : Liberté pour l’histoire

Histoire, mémoire et lois, des rapports ambigus, une interview de Pierre Nora de l’Académie française
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

L’historien Pierre Nora de l’Académie française préside l’association Liberté pour l’histoire, créée en 2005 à la suite d’interventions politiques de plus en plus fréquentes dans l’appréciation du passé. Il s’exprime dans cet entretien sur les rapports ambigus entre histoire, mémoire et lois, sur la mission de l’histoire et la mobilisation des historiens 4 ans après la création de l’association. Qu’impliquent les lois mémorielles contre lesquelles le Conseil constitutionnel s’est prononcé ? Le point en 2009 avec Pierre Nora sur ces questions délicates, autour de son livre Liberté pour l’histoire.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : hist554
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Pierre Nora de l’Académie française, 4 juin 2009
© Canal Académie



L’association « Liberté pour l’histoire » est née de l’appel signé par 19 historiens pour « faire reconnaître la dimension spécifique de la recherche et de l’enseignement historiques, et défendre la liberté d’expression des historiens contre les interventions politiques et les pressions idéologiques de toute nature et de toute origine » (article 2 de ses statuts). Actuellement présidée par Pierre Nora, elle fut à sa création présidée par René Rémond.


Rappelant les deux péchés capitaux des historiens, définis par Marc Bloch, l'anachronisme et le moralisme, Pierre Nora revient sur la notion de crime contre l'humanité, le rôle de l'histoire et celui des historiens face à la "criminalisation" du passé par les politiques et l'outil de la loi.

Comment distinguer la commémoration, de l'écriture de l'histoire devant ce qui est apparu, dans les années 1990, comme une montée en puissance des mémoires de France et leur entrée en conflits ? Comment expliquer que la France fut le seul État démocratique à se lancer dans une telle orientation législative ? À quelle double dérive a conduit la loi Gayssot de 1990 ? Quelles furent les conséquences de la réforme du code pénal de 1992 (introduction de deux nouvelles catégories de crimes, le génocide et le crime contre l'humanité) ? Que sont devenues les lois mémorielles de 2001 et de 2005 ? Y-a-t-il eu des dispositions pour annuler ou contrecarrer ces lois ? Comment l'association s'est-elle mobilisée et quelles sont les victoires remportées?

Le combat de l'association a pris un tournant européen en 2007, avec l'apparition d'un projet de décision-cadre adopté en première lecture par le parlement européen en créant de nouveaux délits. La banalisation ou la complicité de banalisation passibles de peines d'emprisonnement quelle que soit l'époque des crimes en cause est possible. L'appel de Blois en 2008 lancé par l'association a marqué des points que Pierre Nora aborde dans cette émission.



En savoir plus



- Composition actuelle du Conseil d’administration de l'association «Liberté pour l'histoire» : Jean-Pierre Azéma, Jean-Jacques Becker, Catherine Brice, Jean-Claude Casanova (de l'Académie des sciences morales et politiques), Françoise Chandernagor, Christian Delporte, Valérie Hannin, Jean-Noël Jeanneney, Pierre Nora (de l'Académie française), Mona Ozouf, Krzysztof Pomian, Hubert Tison, Maurice Vaïsse, Michel Winock.


- site Internet de l'association «Liberté pour l'histoire»
- Pierre Nora de l'Académie française
- Écoutez Pierre Nora sur Canal Académie

- Pierre Nora, Françoise Chandernagor, Liberté pour l'histoire, CNRS Editions, septembre 2008.

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