Un colloque sur Apprenez à penser, du Maréchal Foch, de l’Académie française
Le lieutenant-colonel Rémy Porte présente les actes du colloque « Ferdinand Foch, Apprenez à penser ». Ces deux journées d’étude, placée sous le haut patronage du ministre de la Défense et de l’Académie française, visaient à redécouvrir le maréchal Foch, homme de pensée et d’action, chef militaire et académicien, honoré du maréchalat par trois pays différents. Au fil des communications rassemblées, apparaît un homme dont la force de conviction, l’énergie, les principes et les modes d’action peuvent à bien des égards guider, encore aujourd’hui, responsables militaires et civils confrontés à une situation de crise.
Première rencontre internationale sur le sujet, le colloque « Ferdinand Foch, Apprenez à penser » proposait aux militaires et à la communauté universitaire de retrouver et étudier ensemble la pensée et l’action du maréchal Foch(1851-1929).
- L’histoire a fait du maréchal Foch un homme que chacun croit connaître. Figure illustre de la Première Guerre mondiale, sa personnalité a bien souvent été obscurcie par des éloges mémoriels ou critiques trop systématiques. Dès la fin de 1918, de très nombreuses publications voient le jour dans l’euphorie de la victoire, qui rendent un hommage immodéré au maréchal Foch. Le rythme des parutions reste soutenu, avec un caractère souvent hagiographique, au cours des années qui suivent la mort du maréchal, survenue en 1929, puis diminue très sensiblement à la veille de la Seconde Guerre Mondiale et surtout après 1945. En fait, les évolutions idéologiques, géopolitiques et militaires en Europe ont fait émerger un monde nouveau, bien loin des écrits de Foch. Sont-ils pour autant totalement obsolètes ?
-Depuis quelques années, on constate un léger regain d’intérêt autour de Foch, dont ce colloque apporte la preuve. Foch théoricien aurait-il encore des enseignements à délivrer ?
Dans cette perspective, il paraît important de rechercher comment est née et s’est exprimée sa pensée. Devenu le théoricien de la « chose militaire », Foch est d’abord un élève de l’école Polytechnique, à la solide formation scientifique et un jeune officier à la très vaste culture générale. Excellemment noté comme stagiaire (il est breveté de l’école supérieure de Guerre avec la mention Très bien et plus de 18 /20 de moyenne générale), Foch est aussi le produit de son temps, un homme marqué par la défaite de 1870-1871 et par la naissance de la IIIe République. Il faut rappeler que celle-ci s’accompagne de violents débats politiques et religieux, et d’une refonte totale de l’armée française, que ce soit dans sa doctrine d’emploi, dans son organisation, dans ses équipements et matériels.
-- Foch passe de la théorie à l’action en 1914, il quitte l’enseignement pour le terrain. Commandant du 20e Corps d’Armée en août 1914, de la IXe Armée en septembre puis d’un Groupe d’Armées dès octobre, il doit, moins de trois mois après le début de la Grande Guerre, coordonner pendant deux ans l’action des troupes françaises, de l’armée belge et du corps expéditionnaire britannique. En 1917, il devient conseiller du gouvernement. Dans ces nouvelles fonctions, il est chargé d’étudier une hypothétique opération par la Suisse avant d’être délégué par les Franco-britanniques auprès du commandement italien après le désastre de Caporetto.
- Le maréchal Foch fut élu à l'Académie française, le jour même de l'Armistice, le 11 novembre 1918. Il fut honoré du maréchalat en France, en Grande Bretagne et en Pologne.
- Le colloque s’est aussi intéressé au Foch de l’armistice et des traités de paix. On découvre alors un véritable stratège, capable de coordonner des ensembles qui sont, de fait, disparates, avec chacun leur logique propre. A partir de 1922-1923, la politique prend le dessus laissant Foch de côté. En réalité, dès la signature de l’armistice en novembre 1918, il commence à perdre toute influence sur l’évolution des événements. Au moment de sa mort, en 1929, ses deux principaux ouvrages Des principes de la guerre et De la conduite de la bataille semblent oubliés. D’ailleurs que reste-t-il, aujourd’hui, de la pensée initiale de Foch ? Est-il nécessaire de le relire aujourd’hui ? La réponse est sans conteste positive surtout si on considère l’une de ses grandes leçons, celle de l’importance d’une formation intellectuelle et morale, fondée sur l’acquisition d’un savoir historique, assurant l’aptitude à raisonner et à décider vite.
Le lieutenant Rémy Porte, invité par Canal Académie, a codirigé les actes du colloque. Il est docteur habilité en histoire contemporaine et s'est progressivement spécialisé sur les questions liées à l'organisation du commandement, aux fronts extérieurs et aux stratégies indirectes sous les IIIe et Ive Républiques. Il est professeur à l'Ecole Militaire.
Pour en savoir plus :
- Christophe Dickès a consacré une émission à la biographie de Foch par Jean-Christophe Notin. Retrouvez-la en cliquant ici.
- Ferdinand Foch à l'Académie française.