Une nouvelle image du roi Henri II
Henri II, fils de François 1er, époux de Catherine de Médicis, jusque là plutôt mal considéré par les historiens, mérite bien un portrait plus juste. Didier Le Fur s’y emploie en démontrant que ce jeune prince non appelé à régner, otage de Charles Quint durant son enfance, se révéla habile stratège et bon diplomate. Bilan d’un règne de douze années qui vit poindre les guerres de religion.
Portons nous dans la 1ère moitié du XVI ème siècle pour retracer la vie d’un roi assez mal considéré par les historiens, Henri II, fils de François 1er, époux de Catherine de Médicis.
Notre invité Didier Le Fur commence par exposer les quelques raisons qui peuvent expliquer ce portrait assez négatif du roi (terne, faible, influençable) alors que tout démontre au contraire qu'il fut un prince et un roi valeureux, un chef de guerre fin stratège, un diplomate avisé, un gouvernant énergique. Cette modification de l'image royale s'appuie bien évidemment sur des sources -elles sont abondantes bien qu'elles relèvent parfois de la propagande royale- Il insiste d'ailleurs sur le rôle de ceux qu'il appelle "les publicistes", qui organisent cette propagande royale (dont de grands lettrés tels Ronsard, Du Bellay), et pourquoi malgré cette propagande bien orchestrée, l’image du roi est restée falote…
Didier Le Fur reprend ensuite quelques dates biographiques majeures :
- Henri II nait le 31 mars 1519, en second, après un frère aîné, François de Valois, qui était donc le dauphin de François 1er. Henri –qui porte d’ailleurs un prénom peu fréquent pour un prince de France- n’était donc pas destiné à régner.
- Sa jeunesse est austère, comme prisonnier de Charles Quint après Pavie (24 février 1525). Le 17 février 1526, les deux petites princes sont otages et vont y rester jusqu’au 1er juillet 1530, c’est-à-dire pendant 5 ans ; Henri est tout jeune, cette expérience ne peut pas ne pas avoir marqué son caractère.
- La mort de son frère le dauphin François, le 10 août 1536, change sa vie ; il devient dauphin, héritier du trône. François1er choisit de le marier à la petite nièce du pape, Catherine de Médicis (française par sa mère Madeleine de la Tour d’Auvergne)
- A partir de 1536, la vie de Henri est celle d’un chef de guerre. Il mène l'armée royale en Picardie, dans le Piémont, se bat pour reprendre Boulogne aux Anglais (rendue à la France le 25 avril 1550), part sur le front de l'Empire à l'Est de la France obligeant les Impériaux à lui donner Metz, fait reprendre Calais par le duc de Guise (1558) et bien d'autres.
- Autre date importante, celle de la naissance de son fils, prénommé François lui aussi (né en 1544, Catherine est donc restée 8 ans sans enfants).
Le 31 mars 1547 meurt François 1er. Les premières mesures de Henri en tant que roi sont des mesures énergiques : il opère une véritable purge. Anne de Montmorency revient en grâce.
Dans sa biograpie, Didier le Fur ne s'étend guère sur les portraits féminins, notamment sur les deux femmes de la vie de Henri II, Catherine de Médicis et Diane de Poitiers, à peine mentionnées. Par contre, il insiste longuement sur les entrées solennelles du roi, à Lyon, à Rouen, à Paris : Il s'explique ici sur ces choix.
Le roi Henri II se montre un chef de guerre presque toujours victorieux. Et par rapport à la religion réformée, il s'est toujours positionné du côté catholique, le rôle important qu'il a donné au duc de Guise (lieutenant général de l’armée royale) n'est qu'un exemple qui le prouve.
La biographie de Didier Le Fur explicite aussi les choix stratégiques et diplomatiques du roi qui ira chercher le soutien des princes allemands, qui choisira le camp de l’Ecosse de la toute jeune Marie Stuart contre l’Angleterre (la petite reine est élevée à la Cour de France, mariée à son fils François), qui considérera toujours que son unique ennemi, c'est l'Espagne.
Le tournoi fatidique
Le 30 juin 1559, lors d'un tournoi (Henri était habile à ce sport), il est blessé d'un coup de lance à la tête. Didier Le Fur considère que la thèse de l’accident n’a pas été mise en doute. Le roi meurt le 10 juillet ; il est inhumé le 13 août à Saint Denis. S'il fallait dresser un bilan de ces 12 années de règne(1547-1559), règne court s'il en fut, il ne serait sans doute pas négatif.
En savoir plus sur Didier Le Fur :
On lui doit une biographie de Louis XII, une autre de Charles VIII (toutes deux parues chez Perrin) et une de leur épouse respective Anne de Bretagne (parue chez Guénégaud), et en janvier 2009, une vie d’Henri II, parue aux éditions Tallandier.