François GUIZOT
Né à Nîmes, le 4 octobre 1787.
En politique, il appartint à l’école doctrinaire ; professeur à la Sorbonne, son cours fut suspendu en même temps que ceux de Victor Cousin et de Villemain, de 1825 à 1828 ; il écrivit dans les journaux libéraux et signa, en ajoutant un commentaire, l'adresse des 221.
Député et ministre de l'Intérieur en 1830, ministre provisoire de l'Instruction publique la même année, ministre des Affaires étrangères puis de l'Instruction publique de 1832 à 1837, il fut ambassadeur à Londres en 1840, ministre des Affaires étrangères et président du Conseil de 1840 à 1848. Il fut l'ami de Royer-Collard et le rival de Thiers ; il fut encore député à la Constituante en 1848, et son rôle politique finit avec l'avènement de l'Empire qu'il ne cessa pourtant de combattre.
Orateur politique, critique, grammairien, historien, il fit aussi des traductions de l'anglais ; Guizot a écrit l'Histoire de la Révolution d'Angleterre, un nouveau Dictionnaire des Synonymes et divers autres ouvrages. En 1832, il fit rétablir l'Académie des Sciences morales et politiques et en fit partie dès sa reconstitution ; l'année suivante, il fut admis à l'Académie des Inscriptions et le 28 avril 1836 il fut élu à l'Académie française en remplacement du comte Destutt de Tracy, et reçu par le comte Philippe-Paul de Ségur le 22 décembre de la même année. Il eut la voix de son adversaire politique, Thiers. Sept jours après sa réception, Guizot votait pour Victor Hugo par opposition à Mignet, l'ami de Thiers qui venait de prendre le pouvoir. En 1841, favorable à la candidature de Victor Hugo, il arriva à l'Académie après la clôture du scrutin et fut parmi les abstentionnistes.
Après 1848, il joua un rôle important à l'Académie ; protestant et voltairien, mais orléaniste fidèle, il sacrifia ses idées religieuses et philosophiques à ses convictions politiques, et, se faisant le chef du parti catholique à l'Académie, il l'entraîna dans son opposition irréconciliable à l'Empire ; il fréquenta les salons hostiles aux Tuileries, et vota pour les candidats les plus cléricaux pourvu qu'ils fussent les adversaires du régime impérial ; Falloux, Lacordaire, de Carné, Autran, de Champagny, Auguste Barbier ; il combattit toujours Jules Janin et fut le meilleur allié de Dupanloup ; il reçut Montalembert, Biot, Lacordaire, Prévost-Paradol, Gratry. Il se rallia à l'empire libéral et vota pour Émile Ollivier ; il empêcha, après l'élection de Littré en 1871, l'évêque d'Orléans, Dupanloup, de donner sa démission, ainsi qu'il en avait manifesté l'intention. La fin de la vie de Guizot fut attristée par un pénible incident, à la suite d'une discussion au sujet du discours qu’Émile Ollivier devait prononcer en 1874, pour sa réception qui n'avait pas encore eu lieu ; Guizot, voulant défendre le rôle des signataires de l'adresse des 221 que Ollivier critiquait, jugea sévèrement les paroles et les actes de celui-ci en 1870, Ollivier riposta en dévoilant que le fils de Guizot avait sollicité et obtenu une large subvention de l'empereur. Guizot avait été nommé grand-croix de la Légion d'honneur.
Mort le 12 septembre 1874.