Robert DEBRÉ
Robert Debré est né dans une famille de juifs alsaciens où dominait un double attachement à la religion et à la France. Bien qu’assurément athée, héritage religieux et patriotisme ont profondément marqué les choix de sa vie. La vie collégiale au Lycée Janson-de-Sailly lui révèle l’univers de la différence et lui permet de rencontrer quelques-uns des fils de grands dignitaires de la république. A la Sorbonne, où il s’inscrit en licence de lettres, il rencontre Charles Péguy qui eut une profonde influence mais, malgré l’admiration qu’il lui portait, Robert Debré décide d’abandonner les lettres pour la médecine; dès sa deuxième année, il fréquente l’hôpital Trousseau où il découvre la pédiatrie, discipline encore balbutiante et inorganisée; il est interne chez Antoine Marfan et élève d’Arnold Netter. C’est au cours de ces années qu’il rencontre Jeanne Debat Ponsan; de leur union, naissent trois enfants : Michel, Claude et Olivier. Après la guerre de 1914-18 au cours de laquelle il croise Marcel Proust, il prend la direction de l’institut d’hygiène et enseigne la bactériologie mais revient très vite vers la médecine clinique à Paris. Reçu médecin des Hôpitaux en 1931, il devient quelques années plus tard chef de service en pédiatrie aux Enfants Malades et regroupe autour de lui des jeunes pédiatres de grande qualité; il introduit les sciences biologiques à l’hôpital, fréquente l’Institut Pasteur où il rencontre Charles Nicolle, Albert Calmette et Gaston Ramon. Son école acquiert rapidement une renommée internationale, les publications sont nombreuses et majeures décrivant de nouvelles affections. Convaincu de la nécessaire complémentarité de la clinique et de la recherche, il développe un service, véritable institut associant clinique et laboratoires et pense un projet de modernisation de la médecine et du système de santé français. L’après-guerre 1939-45 verra naître ses grandes actions publiques et politiques: réforme hospitalo-universitaire de 1958, prix Nobel de la Paix au titre de l’UNICEF en 1960, président du Haut Comité contre l’alcoolisme en 1954 et pendant plus de 20 ans, premier président de l’Ecole Nationale de Santé Publique en 1960. Les honneurs consacrent sa vie et reconnaissent son œuvre : il est élu membre de l’Académie Nationale de Médecine (1933) et membre de l’Académie des Sciences (1961). Il décède à 96 ans: l’honneur et la passion de servir auront été les guides de sa vie.