Serge NIGG
Entré à 17 ans au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (1941) dans la classe d’Olivier Messiaen, puis dans celle de contrepoint et fugue de Simone Plé-Caussade, Serge Nigg en sort en 1945. Il rencontre René Leibowitz qui l’initie à la technique dodécaphonique. Mais, dès 1943, ses premiers ouvrages sont exécutés au concert : la 1ère Sonate pour piano, et sa première œuvre symphonique, Timour, que crée en 1943 Roger Désormière à la tête de l’Orchestre National.
Il écrit en 1946 ce qui peut être considéré comme la première œuvre rigoureusement dodécaphonique conçue en France : les Variations pour piano et 10 instruments.
N’éprouvant qu’un goût modéré pour les recherches purement abstraites et formelles, il s’éloigne dès 1950 de la technique sérielle qui a tendance, chez les jeunes musiciens de l’époque à dessécher et à stériliser l’inspiration.
Certaines œuvres peuvent être considérées comme une réaction vive contre des règles trop étroites : le 1er Concerto pour piano et orchestre (1954), le 1er Concerto pour violon et orchestre (1960), le Concerto pour flûte et cordes (1960).
Vers les années 60 s’annonce une nouvelle période dodécaphonique retrouvée, mais dans laquelle toute sécheresse, tout systématisme semblent devoir être dominés. C’est cette période d’équilibre où le souci de la beauté sonore, de l’expression se voit lié à l’exigence d’une langue musicale sans complaisance. Vont se succéder la Jérôme Bosch-Symphonie (1960), Histoire d’œuf (d’après Blaise Cendrars, 1961), commande de la Radio pour le premier concert public des Percussions de Strasbourg, le Chant du Dépossédé (1964) d’après des notes poétiques de Stéphane Mallarmé, Visages d’Axël inspirés de l’œuvre de Villiers de l’Isle-Adam (1967), Fulgur (d’après Héliogabale ou l’anarchiste couronné d’Antonin Artaud (1970).
Parmi les œuvres qui suivent, retenons le 2e Concerto pour piano et orchestre (1971), Les Fastes de l’Imaginaire (1974), Mirrors for William Blake (1979), Million d’oiseaux d’or (1981), Arioso (1987), le Concerto pour alto et orchestre (1988), le Quatuor à cordes(1989), le Poème pour orchestre (1990), la Sonate pour violon et piano (1994), le 2e Concerto pour violon et orchestre (2000), Deux images de nuit pour piano (2002).
Parallèlement à son travail de composition, Serge Nigg se consacre au développement de la vie musicale française et à l’enseignement.
En 1956 il est nommé au Comité de la Musique de la Radiodiffusion française. En 1967, il entre à la Direction de la Musique où il est chargé par Marcel Landowski de l’Inspection des Théâtres Lyriques Français, poste qu’il occupe jusqu’en 1982. En 1978, il succède dans sa classe de composition à Olivier Messiaen, au C.N.S.M. ; en 1982 lui est confiée la classe d’instrumentation et d’orchestration nouvellement créée.
En 1989 il est élu à l’Académie des Beaux-Arts dont il est le Président en 1995 ; la même année, celle du Bicentenaire, il assure la présidence de l’Institut de France.
Parmi ses interprètes les plus éminents, on trouve les noms de R. Désormière, A. Cluytens, J. Martinon, Ch. Bruck, E. Bour, M. Rosenthal, R. Frubeck de Burgos, M. Soustrot, M. Plasson, J.C. Casadesus, Serge Baudo, Antal Dorati, Kurt Masur, Karel Ancerl, des violonistes comme Christian Ferras ou R. Oleg, des pianistes comme Pierre Barbizet, Claude Helffer, Monique Haas, des cantatrices comme Irène Joachim, des flûtistes comme J.P. Rampal, le Quatuor Enesco…
Parmi les nombreux orchestres qui ont exécuté ses ouvrages : l’Orchestre National de France, l’Orchestre Philharmonique de Radio-France, l’Orchestre Lamoureux, l’Orchestre de Paris, l’Orchestre de la Radio de Strasbourg, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, celui des Pays de Loire, de Lyon, les Orchestres de Minnéapolis, Mexico, Québec, Suisse romande, Zürich, Luxembourg, Oslo, Katowice, Palerme, Melbourne, Saint-Petersbourg, Moscou, Riga, Prague, etc…
Tout au long de sa carrière de compositeur, Serge Nigg a reçu de très nombreux prix :
Grand Prix du Disque (Académie Charles Cros) pour le 1er Concerto pour piano et orchestre (1957) ; Prix Italia (Venise) pour l’Etrange Aventure de Gulliver à Lilliput sur un livret de Philippe Soupault (1958) ; Grand Prix de la Communauté Radiophonique des Programmes de Langue Française (Montréal) pour Histoire d’œuf (1963) ; Grand Prix du Disque – Académie du Disque français pour le 1er Concerto pour violon et orchestre (1967) ; Grand Prix du disque (Académie Charles Cros) pour Visages d’Axël (1973) ; Grand Prix de la Ville de Paris (1974) ; Prix Florence Gould (Académie des Beaux-Arts, 1976 et 1983) ; Grand Prix de la Musique Symphonique de la SACEM (1978) ; Grand Prix du Disque – Académie du Disque français - pour Jérôme Bosch Symphonie et pour Le Chant du Dépossédé sur des notes poétiques de Stéphane Mallarmé (1981) ; Prix René Dumesnil – Académie des Beaux-Arts (1987) ; Grand Prix du Disque – Académie du Disque Français – grand lauréat pour la musique de chambre, pour le quatuor à cordes (1989) ; Prix de la meilleure création contemporaine (SACEM pour le Poème pour orchestre (1991) ; Grand Prix du Disque – Nouvelle Académie du Disque – pour la 1ère et la 2ème Sonate pour piano, la Sonate pour violon seul et la Sonate pour violon et piano (1996) ; Médaille de Vermeil de la Ville de Paris (2000).
Chevalier de la Légion d'Honneur
Officier de l'Ordre National du Mérite
Officier des Arts et Lettres