A M. V. H., un poème d’Alfred de Musset

"Le meilleur qui nous reste est un ancien ami..." lecture par Robert Werner
Robert WERNER
Avec Robert WERNER
Correspondant

Ce poème A.M.V.H, d’Alfred de Musset, au titre bien énigmatique, Canal Académie vous propose de le découvrir ou redécouvrir. Le poète romantique, élu en 1852 à l’Académie française, offre ici un magnifique éloge de l’amitié. Écoutez, dans cette émission, Robert Werner en faire la lecture.

Poète et dramaturge de tous les paradoxes, dont l’immense talent s’est conjugué à une vie de « dandy débauché », Alfred de Musset est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands écrivains romantiques français. Sa poésie lyrique et son œuvre théâtrale témoigne d'une sensibilité extrême et d'une sincérité qu’illustre sa vie tumultueuse et sa relation emblématique avec George Sand.

Un grand nombre de ses œuvres sont aujourd'hui devenues des classiques de la littérature française romantique. On lui doit plusieurs recueils poétiques, dont la Nuit de mai et la Nuit de décembre (1835), Une soirée perdue (1840) ou Souvenir (1841), mais aussi des pièces de théâtre, tels Les Caprices de Marianne (1833), Lorenzaccio (1834) ou On ne badine pas avec l'amour (1834) ; il écrit même un roman autobiographique, Confession d'un enfant du siècle (1836).

Alfred de Musset reçoit la Légion d'honneur en 1845 et est élu à l'Académie française en 1852, au moment où l'alcoolisme commence déjà à avoir raison de sa santé.

Le poème dont vous allez suivre la lecture est extrait du recueil Poésies Nouvelles, écrit en 1850. Ce sonnet au titre énigmatique, A.M.V.H., hypothétiquement dédié à Victor Hugo (A Mon Ami Victor Hugo) est un très bel éloge de l'amitié.



La lecture de ce poème est assurée par Robert Werner, correspondant de l’Académie des beaux-arts, rédacteur en chef de la revue Sites et Monuments et vice-président de la Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France.

Alfred de Musset, de l’Académie française



Poésies nouvelles

A M. V. H.


Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,

Pour savoir, après tout, ce qu’on aime le mieux,

Les bonbons, l’Océan, le jeu, l’azur des cieux,

Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.



Il faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;

Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d’adieux.

Puis le cœur s’aperçoit qu’il est devenu vieux,

Et l’effet qui s’en va nous découvre les causes.



De ces biens passagers que l’on goûte à demi,

Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.

On se brouille, on se fuit. Qu’un hasard nous rassemble,



On s’approche, on sourit, la main touche la main,

Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,

Que l’âme est immortelle, et qu’hier c’est demain.


Alfred de Musset (1810/1857)

En savoir plus :

- Consultez la fiche d'Alfred de Musset sur le site de l'Académie française.

- Ecoutez aussi Alfred de Musset, le romantique de l’Académie française, vu par Gonzague Saint-Bris

- Retrouvez les articles de Robert Werner : Sites et Monuments la revue qui défend le patrimoine monumental et paysager et L’Hôtel de la Marine : une proie de prestige ainsi que sa biographie sur le site de l'Académie des beaux-arts.




- Parcourez le site de la Société pour la Protection des Paysages et de l'Esthétique en France qui publie la revue Sites et Monuments, dont Robert Werner est le rédacteur en chef.

Cela peut vous intéresser