Santé et gouvernance internationale
Ancien Président du Conseil d’Italie, Mario Monti préside depuis août 2020 la nouvelle Commission pan-européenne de l’Organisation mondiale de la santé. Il est membre associé étranger de l’Académie des sciences morales et politiques.
En présence de Madame l’Ambassadeur d’Italie Teresa Castaldo, de M. Alain Lamassoure, membre du mouvement européen France, et de M. Jean Veil, l’Académie a accueilli Mario Monti pour évoquer, depuis sa position de Président de la Commission pan-européenne de la santé et du développement durable de l’OMS, ce que pourrait être une gouvernance internationale en mesure d’intervenir de manière coordonnée pour mettre en œuvre le concept One Health (santé globale). Le mandat de cette Commission, constituée de 19 experts et responsables des domaines concernés – politique, économie, finances, environnement et santé – est de tirer des leçons des réactions que les systèmes de santé des différents pays ont opposées à la pandémie de Covid-19 et de formuler des recommandations quant aux investissements et aux réformes visant à améliorer la résilience des systèmes de santé et d’aide sociale. M. Monti est revenu sur les recommandations adressées aux systèmes nationaux que la commission a présentées en septembre, en lien avec sept objectifs, déclinées en termes d’acteurs, d’instruments et de calendrier. La cinquième, « créer un environnement favorable pour la santé en Europe », revêt une grande actualité en 2022. Partisan des « règles d’or », M. Monti forme le vœu que les membres de l’UE puissent converger vers une règle fondée sur l’investissement et que les institutions européennes décident des grandes priorités des investissements à faire en matière de santé, de transition numérique et de transition énergétique. Rendant hommage à Jean-Claude Trichet pour la manière dont il a construit l’union monétaire en déclarant que la monnaie européenne devait être associée à la monnaie nationale la plus forte, il a rappelé que, « dans le domaine le plus sacré, on a compris que pour avoir de la souveraineté, il fallait exercer la souveraineté en commun ». S’agissant de l’amélioration de la gouvernance internationale, il a évoqué le besoin d’imaginer des instruments plus proches de ceux que l’UE a vis-à-vis de ses membres, possédant une flexibilité suffisante et des mécanismes autorisant des décisions souveraines dans l’élaboration des politiques sanitaires. Lors de son sommet le 31 octobre (sous présidence italienne), le G20 n’a pu créer un groupe santé-finances – la Chine et le Brésil s’y opposant – mais une task force composée des ministres des deux composantes. Parce ce qu’elle est une cassure dans un bien public global, la santé publique, la crise pandémique est en train d’avoir une répercussion importante sur les nouvelles formes de gouvernance mondiale.