Carnets du Concile du Cardinal de Lubac
Jacques de Larosière, président de l’Association internationale Cardinal Henri de Lubac, explique pourquoi et dans quelles conditions a été autorisée la publication des cahiers de notes prises durant le Concile Vatican II par le père de Lubac. Il en souligne l’intérêt historique : donner un nouvel éclairage sur les travaux de ce moment important du XXème siècle.
_ Cette émission voudrait vous présenter un journal. Non pas un journal intime. Mais le journal conciliaire du père Henri de Lubac, jésuite, qui fut membre de l’Académie des Sciences morales et politiques jusqu’en 1991, l’un des plus éminents théologiens du XXème siècle.
Son successeur à l’Académie, élu en 1993, Jacques de Larosière, président de l’Association internationale Cardinal Henri de Lubac, a bien voulu venir présenter cette édition exceptionnelle des Carnets du Concile, édition publiée par les éditions du Cerf à la fin de l'année 2007.
Le Concile Vatican II s’est ouvert, rappelons-le, en 1962 et ses quatre sessions ont duré jusqu’en 1965, mais elles avaient été préparées par des commissions dès l’année 1960.
Or, ces Carnets du Concile du père de Lubac ne sont publiés qu’en 2007, c'est-à-dire plus de 40 ans après. Jacques de Larosière explique pourquoi un tel délai. D'autant que, de son vivant, le père de Lubac n'avait pas souhaité voir ses notes publiées bien qu'il ait effectué, sur la version dactylographiée de celles-ci, de nombreuses corrections.
Dans l’avertissement co-signé par Jacques de Larosière et le père François-Xavier Dumortier, provincial de France de la Compagnie de Jésus, on lit :
parce que l’existence de ces Carnets du Concile était connue et que des citations en étaient publiées et parce qu’ils pouvaient contribuer à une meilleure connaissance des travaux conciliaires, il a semblé à l’Association Internationale Cardinal Henri de Lubac, et au provincial de France de la Compagnie de Jésus que l’on pouvait autoriser la parution de ce texte, tout en attirant l’attention du lecteur sur la volonté du cardinal.
Rappelons aussi, pour la petite histoire, que le père de Lubac a appris, en lisant un journal, qu’il était nommé par le pape Jean XXIII, consulteur de la Commission théologique préparatoire. C'était en juillet 1960. Il avait commenté cette nomination par ces simples mots : « une nouvelle étonnante ». Par la suite, il fut nommé expert de la commission doctrinale.
Jacques de Larosière souligne l’intérêt de ces notes prises sur le vif pour un lecteur contemporain, intérêt historique : c'est une plongée dans le bouillonnement théologique que fut le Concile. Intérêt humain aussi car le père de Lubac évoque les innombrables personnalités qu'il a croisées, notamment celles des autres confessions, ainsi que les discussions officielles ou plus privées, les débats, les menus incidents du quotidien conciliaire.
Pour illustrer la manière (parfois "énergique") dont le père de Lubac rédige ses impressions à chaud, Jacques de Larosière lit un extrait à titre d'exemple (mais tous les "portraits" ne sont pas rédigés de la même façon), extrait relatif à un petit groupe de théologiens romains :
«On sent chez eux une certaine indifférence à l'égard de l'Ecriture, des Pères, de l'Eglise orientale ; un manque d'intérêt et d'inquiétude à l'égard des doctrines et des courants spirituels actuels contraires à la foi chrétiennes.»
L’édition des Carnets du Concile fait l’objet de 2 volumes réunis en un beau coffret.
D’autres émissions dans la médiathèque de Canal Académie sont consacrées au cardinal Henri de Lubac :
- La jeunesse du cardinal Henri de Lubac (Interview du père Georges Chantraine, s.j. par Damien Le Guay)
- Hommage au cardinal Henri de Lubac, par Jacques de Larosière, de l’Académie des sciences morales et politiques (avec le père G. Chantraine, s.j. exécuteur testamentaire du cardinal de Lubac)
- La prière du père Teilhard de Chardin par le cardinal de Lubac (un livre du père de Lubac).