Les Mille et Une Nuits : une nouvelle traduction pour La Pléiade
C'est un recueil collectif de contes aux origines mystérieuses. Il porte l'influence de l'Inde et de la Perse avant d'être remodelé par le monde arabe. Les Mille et Une Nuits sont redécouvertes en France au XVIIIe siècle. Elles fascinent le public par leur exotisme et leur imaginaire fantasmagorique. L'ouvrage connait alors un immense succès. Les traductions se succèdent dans le monde entier. Aujourd'hui, les éditions Gallimard proposent une nouvelle version de cette oeuvre majeure dans la collection de La Pléiade. Ce travail a été confié au professeur André Miquel, spécialiste de la langue et de la littérature arabe, ainsi qu'à Jamel Eddine Bencheikh.
Sur la naissance du recueil plane le plus épais mystère. Le premier témoignage connu date du Xe siècle de notre ère. Il émane d'un savant, Mas'ûdî, qui évoque un ouvrage intitulé Alf khurâfa (Mille récits extraordinaires), mais connu du public sous le titre Alf layla wa-layla : Mille Nuits et Une Nuits. Une chose est sûre : pour les Arabes, le livre est étranger. On parle d'Alexandre le Grand comme d'un possible initiateur. L'Inde a eu sa part dans l'affaire, et l'Iran semble avoir joué le rôle décisif. Le recueil reste anonyme : les Nuits sont une œuvre de compilation. Leur histoire est donc celle d'une acclimatation assez réussie pour que ces contes puissent figurer dans la panoplie culturelle de l'honnête homme. Pourtant, les Nuits vont connaître une longue éclipse. Elles ont pu payer le prix d'une oralité trop marquée, ou, ce qui est plus grave, passer pour un poison : par la diversité de leurs origines, ces récits seraient étrangers à la pensée et aux lettres arabes, et à l'islam. Ils ont, de ce point de vue, un défaut majeur : les auteurs des contes font parler les bêtes, imaginent des métamorphoses, mettent en place mille fantasmagories ; le tout va à l'encontre du dessein de Dieu, à qui est réservé le privilège de toute création.
Éclipse, donc, mais non disparition. Écartées du trésor des savants, les Nuits vont circuler en coulisse, notamment en Égypte, comme une littérature de seconde zone. Puis vient le temps de la redécouverte. Au début du XVIIIe siècle, un érudit français, Antoine Galland, découvre le conte de Sindbâd de la Mer. Il s'informe, apprend qu'il appartient à un ensemble plus vaste et finit par recevoir de Syrie un manuscrit qui date sans doute du XVe siècle et qu'il va traduire à partir de 1704. C'est le texte fondateur de la carrière universelle des Nuits. Le succès est immédiat, considérable, constant. Des traductions fondées sur celle de Galland paraissent dans de nombreuses langues européennes. Bientôt, le monde entier lit Les Milles et Une Nuits. Trois cent et un an après Galland, Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel proposent une traduction nouvelle, intégrale, appelée à faire date. Elle comptera trois volumes.
Les Mille et Une Nuits : Tome 1, Nuits 1 à 327
Bibliographie
- Les Mille et Une nuits, Ed. Gallimard, Coll. Folio, 1991
A propos d'André Miquel[[Who's Who 2006]]
Sa carrière
- Boursier de l'Institut français d'études arabes de Damas (1953-54)
- Secrétaire général de la section d'archéologie de l'Institut éthiopien d'études et de recherches d'Addis-Abeba (1955-56)
- Professeur au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand (1956-57)
- Chargé du secteur Afrique-Asie au service de l'enseignement de la direction générale des affaires culturelles et techniques au ministère des Affaires étrangères (1957-61)
- Chef de la mission universitaire et culturelle française en République Arabe Unie (1961-62)
- Maître assistant d'arabe à la faculté des lettres d'Aix-en-Provence (1962-64) puis de sociologie de la langue et de la littérature arabes à la VIe section de l'Ecole pratique des hautes études (1964-68)
- Maître de conférences à l'université de Paris-VIII Vincennes (1968-70) puis Professeur à l'université de Paris-III (1970-76)
- Professeur (chaire de langue et littérature arabes classiques) (1976-97) puis Professeur honoraire au Collège de France
- Administrateur général de la Bibliothèque nationale (1984-87)
- Président du Conseil supérieur des bibliothèques (1989-92)
- Administrateur du Collège de France (1991-97)
- Membre de la commission de l'Institut français d'études arabes de Damas (depuis 1976), de la commission de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire (depuis 1984) et de la commission française de l'Unesco (depuis 1985)
- Membre du Conseil de l'ordre national du Mérite (depuis 1990).
Ses œuvres
- Le Livre de Kalila et Dimna (1957, rééd. 1980)
- La Géographie humaine du monde musulman (t. I, 1974; t. II, 1975; t. III, 1980; t. IV, 1988)
- L'Islam et sa civilisation (1968)
- La Littérature arabe (1976),
- Sept contes des mille et une nuits (1981)
Récits et romans
- Le Repas du soir (1964)
- Le Fils interrompu (1971)
- Les Lavagnes (1974)
- Vive la Suranie (1978)
- Layla, ma raison (1984)
- Ousâma, un prince syrien face aux Croisés (1986)
- L'Inaccompli (1989)
- L'Orient d'une vie (en coll., 1990)
- Au Mercure des nuits (1990)
- Les Arabes, l'Islam et l'Europe (en coll., 1991)
- Mille et un contes de la nuit (en coll., 1991)
- D'Arabie et d'Islam (1992)
- Du Golfe aux océans (1994)
- Six à sept saisons pour revivre (1995)
- Deux histoires d'amour, de Majnûn à Tristan (1996)
- Retrouvez également Christine El Ansary qui retravaille à sa façon les Contes des Mille et une nuits ainsi que notre sommaire consacré à la semaine spéciale sur les voyages aux quatre coins du monde.
- Retrouvez les grandes dates des Mille et une nuits sur Kronobase
- André Miquel a publié en août 2012 "Les entretiens de Bagdad", dialogues et controverses au temps de l'Islam des lumières (830) entre le calife exeptionnel Ma'mûm et une série d'interlocuteurs théologiens musulmans, juifs et chrétiens...