Les cellules souches porteuses d’immortalité
Pourquoi certains animaux tels que le triton ou l’hydre ont-ils la capacité de régénérer un membre, alors que d’autres animaux et en premier lieu, l’homme, n’en sont pas capables ? Comment nos cellules souches embryonnaires se différencient-elles pour former chacun des organes spécifiques ? Est-il possible de travailler sur les cellules souches d’un adulte ? Quelles sont les perspectives de la découverte de cellules souches de tumeurs malignes ? Réponses dans le livre de Nicole Le Douarin, Les cellules souches porteuses d’immortalité.
Cette émission a été enregistrée au début de l'année 2008.
Avec le travail sur les cellules souches, les chercheurs sont aujourd'hui à la veille de pouvoir réactiver les mécanismes de la régénération pour "rénover" des organes lésés.
Au cours de cette émission, Nicole Le Douarin développe quelques thèmes de son ouvrage Les cellules souches porteuses d’immortalité.
- 1. Pourquoi certains animaux tels que la planaire, l'hydre... ont la capacité de régénérer un membre, alors que d’autres animaux et en premiers lieu, l'homme, n'en sont pas capables ?
- 2. Les cellules souches chez les adultes : il a été découvert que tous nos tissus contenaient des cellules souches et que nos organes en tiraient une capacité de renouvellement plus ou moins importante selon l’organe. (C'est le cas des cellules sanguines, renouvelées tous les 120 jours, des cellules de la peau, qui se régénèrent tous les 21 jours, de l'hépitélium de l'intestin...)
- 3. Les cellules souches du cerveau : contrairement aux idées reçues, les neurones ne meurent pas tous au cours de notre vie. A été découverte récemment, l'existence de cellules souches capables de renouveler les neurones du sytème nerveux central des adultes, chez les vertébrés supérieurs, ou d’en augmenter le nombre.
- 4. Les cellules souches du cancer : l'hypothèse développée récemment par Irving Weissamnn est basée sur l’étude des tumeurs de cellules sanguines. La plupart des tumeurs malignes ont pour origine une ou des cellules souches capables d’auto-renouvellement. La cellule fondatrice de la tumeur aurait acquis, à la suite de mutations successives, des caractéristiques génétiques anormales qu’elle perpétuerait ensuite dans sa descendance, ne conservant le pouvoir d’auto-renouvellement que lui confère son origine.
- 5. Éthique et cellules souches embryonnaires
En matière de clonage thérapeutique, la pratique du chimérisme peut être discutable sur un plan éthique. Il s'agit en effet de prendre l'ovocyte d'un animal (lapin, vache), d'en retirer le noyau pour ne garder que l'enveloppe, et de le féconder avec un gamète mâle humain. Pourquoi ne pas prendre un ovocyte humain ? Tout simplement parce que la méthode de prélèvement de gamète chez la femme reste difficile, et intrusive.
Quant au clonage reproductif, en plus des considérations éthiques, il reste pour le moment très difficile sur un plan technique : la brebis Dolly a nécessité 227 ovocytes parmi lesquels seulement 29 ont fourni un embryon. Chez l’homme, il faudrait environ 1000 ovocytes pour obtenir un seul enfant cloné. Et pour qu’ils se développent, il ne faudrait pas moins de 50 mères porteuses. La course au premier bébé humain cloné a sévi dans les années 2000 (le mouvement raëlien considéré comme sectaire avec sa société Clonaid, les annonces plus tard démenties du docteur italien Sanverino Antinori), mais aujourd'hui, l'acalmie semble de mise. Le clonage reproductif pourrait répondre à des formes de stérilité sévère. Il servirait également d’instrument pour palier les insuffisances d’une personne (don de moelle osseuse, greffes…). Mais est-il bon de créer un être dans le seul but qu'il devienne l'instrument biologique d’un autre ? Et puis les risques de détournement à des fins de sélection génétique ne sont pas négligeables.
En France, toute recherche en matière de clonage reproductif est sévèremment réprimée : la loi de bio éthique de 2004 condamne cette pratique à 30 ans de prison et une amende de 7 500 000 euros.
Écoutez Nicole le Douarin, sur son dernier ouvrage Les cellules souches, porteuses d'immortalité, publié en 2007 aux éditions Odile Jacob.
Nicole le Douarin est embryologiste, professeur honoraire au Collège de France, secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie des sciences. Elle occupe actuellement la Chaire de la biologie de la forme et du développement à l’UNESCO.
En savoir plus :
- Nicole Le Douarin, secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie des sciences
- Écoutez notre émission consacrée au parcours de l'embryologiste Nicole Le Douarin
- Ecoutez la conférence du généticien et membre de l'Académie des sciences Axel Kahn sur l'éthique en matière de procréation assistée
À noter aussi la sortie d'un ouvrage en l'honneur de la biologiste, Mots de science, Mélanges en l'honneur de Nicole M. Le Douarin, aux éditions Bruylandt, ensemble de textes collectés par Catherine Puigelier.