Biennale de sculpture de Yerres 2011 : troisième édition, un succès confirmé !
Comment révéler les mondes singuliers des artistes de trois générations de sculpteurs en un même lieu ? Tel est le défi que s’est lancé Jean-Paul Ruiny à la Ferme ornée et dans les jardins de la propriété Caillebotte, à Yerres. Aux côtés de quelques chef-d’œuvres bien choisis de Dubuffet, Dodeigne, Etienne Martin, Germaine Richier, les sculptures des artistes d’aujourd’hui : audace et dialogue assurés.
Inventer des mondes singuliers , tel est le titre de cette troisième édition de la Biennale de sculpture de Yerres (Essonne) dont le commissariat est assuré cette année par Paul-Louis Rinuy. Professeur d’histoire et de théorie de l’art contemporain à l’Université Paris VIII et à l’Institut Supérieur de Théologie des Arts (ISTA)- Institut Catholique, il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages consacrés à la sculpture et organisateur de plusieurs expositions.
Cette édition réunit une quarantaine d’artistes autour d'un thème qui renvoie à l’espace imaginaire ou réel créé par chaque artiste.
Les œuvres sont présentées dans les divers espaces du Centre d’art, dans le Parc et dans l’Orangerie, pour le plus grand plaisir des visiteurs qui peuvent tout en se promenant voir des œuvres. L'emplacement des sculptures au sein du parc comme dans la Ferme Ornée permet aux œuvres de rentrer en résonance avec les lieux. Une place de choix permettant de faire le lien entre intérieur et extérieur est accordée à certaines d'entre elles dans l'Orangerie, en particulier au Cri d'Etienne-Martin (1913-1995), véritable monument de la sculpture contemporaine, un bois de plus de trois mètres de haut, un morceau de platane de 1963 installé à proximité d'une sculpture en bois de grande dimension de Nicolas Alquin, intitulée Avec l'arbre, un couple taillé directement dans un chêne de plus de trois mètres de haut également. Voilà des œuvres qui dégagent une intensité immédiate et unique.
La biennale a commencé le 15 septembre, moment idéal pour Paul-Louis Ruiny, la meilleure saison de l’année car la lumière d’automne est celle qui met le mieux en valeur les œuvres, dans les salles et surtout dans le parc, avec ses arbres dans un ordonnancement à l’anglaise, directif sans l'être. Elle s'achève le 27 novembre.
Aucune de ces sculptures ne s'inscrit dans un mouvement ou une tendance. L'idée de l'exposition vise à mettre en valeur la part d'irrationnel et d'imaginaire des artistes choisis. Aussi parle-t-il de sculpture "hors-tendance". Rien à voir avec ce qu'un visiteur peut expérimenter dans une foire d'art contemporain qui a le vent en poupe. Offrir au public le plaisir de la découverte reste un signe de la Biennale de sculpture de Yerres, initiée en 2007 par Lydia Harambourg, un objectif encore atteint cette année par Paul-Louis Ruiny dont c'est la première édition, marquée par l'idée de pluralité commune à l'art actuel et par certaines parentés spirituelles dans la prégnance de l’irrationnel, notamment entre Jean Dubuffet (1901-1985), Germaine Richier (1902-1959) et Etienne-Martin (1913-1995), trois artistes qui, bien qu’ils soient morts, restent des figures actuelles, «porteuses d’avenir».
Paul-Louis Ruiny, dans cette émission, évoque les artistes de référence qui donnent le "la" de l'exposition qui compte à peu près 80 œuvres au total.
Cette pluralité d'artistes 39 au final ne répond pas à une ligne esthétique particulière mais à une exigence de qualité qui respecte la liberté de créer.
Etienne-Martin fut membre de l'Académie des beaux-arts, dans le Cri, le sculpteur, figure tutélaire du monde de la sculpture, a vu une figure humaine, mais qui est aussi un arbre. Il ne l'a jamais vendue mais gardée auprès de lui, sa vie durant, qu'il a toujours placée sous le signe de l'expérimentation au point de devenir un pionnier de l'art contemporain mondialement connu.
Jean Dubuffet, mort en 1985 est une valeur tellement consacrée du monde de l'art qu'il était important aux yeux de Paul-Louis Ruiny d'en présenter une œuvre, à Yerres. C'est Monument à la tête debout (1983).
Eugène Dodeigne, né en 1923, membre de l'Académie travaille la pierre de Soignies, son élément de prédilection, très difficile à travailler pour sa dureté. Il est celui qui a créé des groupes de figures. Ici, Dodeigne a prêté une œuvre de sa collection, un Grand Oiseau (1992), une sculpture très forte, sensible qui révèle un artiste de la sensibilité et de la tendresse. Très connu en Allemagne et en Belgique, il vit dans le nord de la France dans une solitude relative, à l'écart du monde de l'art commercial, peu connu du grand public. Il dit la vie qui tient, inébranlable dans sa force. Il magnifie cette force par des pierres qui se tiennent debout dans l'espace. D'aspect monumental, des détails dans les yeux de l'oiseau en révèlent la sensibilité première : une économie toute en énergie et en finesse.
L'héritage de ces grands noms parmi les artistes d'aujourd'hui est perceptible y compris chez des artistes qui travaillent sur des expressions différentes, plus sur la légèreté que sur le poids. Ce n'est pas tellement en terme de filiation qu'ils se positionnent mais au sein d'une chaîne autour d'un esprit commun, formant un peu "la famille" des sculpteurs d'aujourd'hui.
Parmi les sculpteurs présentés cette année, on retrouve des noms déjà exposés aux biennales précédentes qui s'affirment et atteignent une étape de nouvelle maturité dans leur travail comme Denis Montfleur, Nicolas Alquin, Agnès Braquemond, François Weil, Damien Cabanes.
Les visiteurs pourront voir des arcs de Bernard Venet, mais aussi des sculptures de terre cuites polychromées ou non, des sculptures de bois, de pierre, de cristal, de bronze, d'acier, de carton, de résine. Tous les matériaux sont présents y compris le béton témoignant de la pluralité recherchée par Paul-Louis Ruiny.
Liste des artistes exposés :
Nicolas Alquin, Eleftherios Amilitos, Cyrille André, Jean Anguera, Götz Arndt, Vincent Barré,
Agnès Bracquemond, Peter Briggs, Fabrice Brunet, Damien Cabanes, Julie Chabin, Charlotte
Charbonnel, Eugène Dodeigne, Amahiguéré Dolo, Jean Dubuffet, étienne-Martin, Charles-Henry
Fertin, Roseline Granet, Sébastien Gschwind, Eva Jospin, Janos Kalmar, Wang Keping, Alain
Kirili, Stéphanie Lagarde, Marie-Noëlle de La Poype, Carole Leroy, Denis Monfleur, Kasia Ozga,
Matthieu Pilaud, Germaine Richier, Elsa Sahal, Robert Schad, Emmanuel Saulnier, Olivier Sévère,
Pierre Tual, Fabrice Vannier, Bernar Venet, François Weil et Mâkhi Xenakis.
Pour en savoir plus
- Académie de beaux-arts
- Biennale de sculpture de Yerres 2011
Troisième biennale de sculpture de Yerres du 16 septembre au 27 novembre 2011
- Propriété Caillebotte, 8 rue de Concy, 91310 Yerres
En RER, ligne D, 20 minutes de la gare de Lyon. En voiture Porte de Bercy, direction Autoroute A4, 20 minutes.
Ouverture tous les jours, de 9H à 18H30, jusqu'au 27 novembre.
- Téléphone : 01 69 48 93 93
Entrée gratuite
- Les œuvres sont présentées dans le parc et dans l'orangerie, ainsi que dans le Centre d'Art et d'Expositions La Ferme Ornée au sein de la propriété Caillebotte.
Quelques mots sur la propriété Caillebotte de Yerres en Essonne :
Martial Caillebotte, le père du peintre, acheta en 1860 cette propriété de 11 ha qui bénéficiait d'un parc à l'anglaise. Le peintre Gustave Caillebotte (1848-1894) y vécut enfant et jeune homme de 1860 à 1879 et composa 87 toiles représentatives de la villégiature au XIX e siècle.
Parmi les livres de Paul-Louis Ruiny
- L’art du XXe siècle (1900-1939), Paris, Citadelles-Mazenod, 1996
- La sculpture commémorative dans l’espace public au XXe siècle, Paris, Centre national de documentation pédagogique,2006
- Espace, mouvement et son dans la sculpture de la seconde moitié du XXe siècle, Paris, CNDP, 2009.
La Biennale de sculpture de Yerres, éditions précédentes sur Canal Académie :
-Sculpture - Yerres 2009 : les académiciens présents à la biennale
-La sculpture à l’honneur à Yerres : 2009 une biennale qui s’affirme
-41 sculpteurs exposés à Yerres
-François Weil, Agnès Bracquemond, Quentin Garel : trois jeunes sculpteurs d’aujourd’hui, trois regards sur le monde