L’orchestre de Debussy par Laurent Petitgirard
L’Académie des beaux arts a proposé une journée Debussy le 24 octobre 2012 en commémoration du 150ème anniversaire de la naissance du célèbre compositeur mort trop jeune, avant d’avoir pu être élu membre de cette académie. Plusieurs intervenants parmi les meilleurs connaisseurs ont été invités par le président de l’année, François Bernard Michel. La journée était animée par le musicologue Gilles Cantagrel. Dans l’émission que vous avez choisie vous allez entendre une courte introduction de Gilles Cantagrel puis l’intervention du chef d’orchestre et compositeur Laurent Petitgirard, membre de l’Académie des beaux Arts. Il a tout simplement intitulé cette intervention « L’orchestre de Debussy ».
Laurent Petitgirard souhaite évoquer ce qu’il trouve de passionnant dans la direction des œuvres de Debussy plus que dans son orchestration : des problématiques différentes sont posées. Tout d’abord la notion du temps est extrêmement différente selon les œuvres. L’exemple le plus saisissant est « Le prélude à l’après-midi d’un faune » dans lequel il peut y avoir presqu’autant de tempos qu’on l’imagine à ceci près que l’on se dit qu’il y a le ballet derrière... Aujourd’hui lorsqu’il dirige cette œuvre (comme il l'a fait récemment à Séoul) il a tendance à penser les moments agités comme plus dynamiques à cause du ballet. Il y a cette sensation d’être dans une musique "dans laquelle vous pourriez ne pas battre la mesure" dit-il, la notion de barre de mesure a disparu. Lorsque vous ouvrez la première page du « Prélude à l’après-midi d’un faune » il est écrit « très modéré » pour la flûte. Et les seules indications de tempo que vous allez trouver ensuite se retrouvent toujours en animant, même mouvement et très soutenu, puis retour au mouvement précédent...".
Dans l’œuvre de Debussy il y a une forme de latitude donnée à l’interprète qui n’est pas la même selon les œuvres. D’ailleurs si on prend trois œuvres majeures « Prélude à l’après-midi d’un faune », les trois "nocturnes », « La mer », le travail est différent selon les orchestres. Il y a une question de culture générale des musiciens sans même qu’ils s’en rendre compte. Les orchestres français sont tombés dans la potion magique « Ravel –Debussy » sans même le savoir ! Et tout à coup, explique Laurent Petitgirard, "on se retrouve devant des musiciens étrangers souvent excellents et on est obligés de préciser des choses qui, pour les musiciens français, sont de l’ordre de l’évidence".
Ce qui lui paraît très intéressant aussi dans la musique de Debussy, c’est que l’orchestre ne peut pas la jouer s’il ne l’a pas comprise. "Vous avez un certain nombre d’œuvres dans lesquelles la métrique est claire. Mais avec Debussy les musiciens doivent impérativement s’écouter les uns les autres. Sinon on court à la catastrophe" dit-il.
Par ailleurs, une des richesses de la musique de Debussy est qu’elle permet beaucoup en matière d’interprétation.
En tant que compositeur Laurent Petitgirard se dit particulièrement fasciné par Debussy dans ce qu’il propose de « balancements », de distanciation avec la pulse, avec le temps.
Ecoutez l'intégralité de cette émission pour partager les analyses du compositeur chef d'ochestre.
En savoir plus sur :
- Laurent Petitgirard, membre de l'Académie des beaux-arts
- Laurent Petitgirard, site officiel du compositeur
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