Patrick de Carolis a choisi Erik Desmazières pour créer son épée d’académicien
Les épées des académiciens sont des objets très personnels. A quoi ressemble celle de Patrick de Carolis reçu sous la Coupole de l’Institut de France, le mercredi 12 octobre 2011 ? Le nouvel académicien appartient à la section des membres libres de l’Académie des beaux-arts où il a été élu au fauteuil d’André Bettencourt, décédé en 2007. A sa demande, le graveur Erik Desmazières, son confrère a dessiné son épée. L’artiste lève le voile dans cette émission sur cet exercice périlleux, excitant et au final bien satisfaisant.
L'écrivain et journaliste Patrick de Carolis est désormais membre de l'Académie des beaux-arts au sein de la section des membres libres où il a été élu le 5 mai 2011. Dans ses écrits, Arles et la Provence ne sont jamais bien loin. Est-ce à dire que c'est donc tout "naturellement" que Patrick de Carolis a choisi les emblèmes de sa ville natale et de son enfance pour l'accompagner en costume d'académicien. Sous sa main, une arlésienne, un lion, une cigale...Des racines et des ailes sur une lame pour temps d'orage.
Erik Desmazières raconte dans cette émission que son confrère a tout de suite manifesté son adhésion au projet dessiné. L'orfèvre Thibault Sergé de l'Atelier Fabre qui travaille pour la maison Dior s'en est fait l'interprète et en a assuré la réalisation passant du projet en deux dimensions à sa création en trois dimensions. L'histoire de cette épée est donc le fruit de leur rencontre et de leurs différents échanges entre tous les trois pour mieux servir la création de cet objet si personnel pour celui qui la porte.
C'est à partir de photographies de la mère de Partick de Carolis qu'Erik Desmazières a dessiné le buste de l'arlésienne, en coiffe traditionnelle qui domine le pommeau, un buste à l'image de celle qui fut élue reine de beauté de sa ville. Une protectrice divine dont le corps n'est qu'un prolongement de racines d'ébène qui enserrent ou enlacent des ailes nées sous le crayon d'Erik Desmazières formant la garde. Tout le monde aura reconnu les symboles du magazine culturel que Patrick de Carolis a créé et animé de 1997 à 2005. Sur le fourreau une tête de lion, symbole d'Arles avec des yeux en diamants bruns et une cigale d'ivoire se font face.
Les académiciens portent un costume, l’habit vert, couleur bleu-nuit en réalité, brodé de branches d’olivier, symbole de sagesse, un bicorne pour certains et une épée, des attributs officiels qu’ils doivent à Napoléon Ier, en son temps membre de l'Institut, une fierté dont il ne s'est jamais départie.
Si la tenue académique est très codifiée et obligatoire, le port de l’épée n’obéit pas à des règles précises.
Son origine est simplement liée à l’Institut d’Egypte et rappelle les usages d'Ancien Régime.
L'objet revêt une haute charge symbolique et signe la personnalité de son détenteur. Véritables œuvres d'art réalisées pour la circonstance pour certaines, d'autres sont des épées anciennes, à leur tour transformées ou laissées dans leur état d'origine : épée de cour, arme ancienne, épée de bois, sculpture...
L'épée est en fait offerte à l'académicien par ses amis, réunis dans un "comité de l’épée" en charge de lancer et de coordonner une souscription en vue de payer l'épée qui lui sera remise lors d’une cérémonie privée, au moment de sa réception sous la Coupole. Il s’agit souvent d’une œuvre originale qui lui est donc offerte dans ce cadre.
Patrick de Carolis a sollicité l’artiste Erik Desmazières, graveur, grand dessinateur, élu membre l’Académie des beaux-arts en 2008 pour concevoir son épée. Une première pour l'artiste qui accepta de relever le défi de cette commande si particulière d'un objet à la fois intime, symbolique et de représentation puisqu'il s'offre au regard du public.
Le mercredi 12 octobre 2011, Patrick de Carolis a été installé officiellement au sein de la section des membres libres de l’Académie des beaux-arts par Hugues R. Gall, au fauteuil d’André Bettencourt, homme politique, ministre et grand mécène, décédé en 2007.
Patrick de Carolis, a mené jusqu’à l’an dernier, une carrière de journaliste qui l’a conduit de la télévision à la presse écrite, de grand reporter à la direction de l’information ou de documentaires. Son nom est attaché pour la plupart d’entre nous, au magazine culturel Des racines et des ailes consacré au patrimoine français et mondial, qu’il a créé et animé de 1997 à 2005 avant d’être élu, à la présidence du groupe France-Télévision qu’il a dirigé de 2005 à 2010.
La cérémonie de la remise de l'épée académique de Patrick de Carolis s'est déroulée juste après son installation sous la Coupole, le 12 octobre 2011, dans le Grand Salon de l'Hôtel National des Invalides. Michel Lucas Président-directeur général du CIC, Président de la Confédération nationale du Crédit mutuel, lui a remis le bel objet devant ses amis, sa famille et ses confrères dans une ambiance très chaleureuse.
Dans ce lieu de mémoire par excellence, entre les canons, les plaques commératives des soldats morts pour la France et le portrait de Louis XIV, dans ce lieu tout militaire et haut en couleurs lui a été remise la seule arme qui ne servira jamais à tuer mais à défendre la culture, les arts, le patrimoine et l'histoire. Peut-être a-t-il songé au passé résistant de son prédécesseur André Bettencourt à partir de 1943 quand il a parcouru la Galerie le conduisant au Grand Salon ? C'est avec fierté et élégance qu'il a présenté à ses invités, l'histoire de son épée et ce qu'il avait voulu y faire figurer.
L’art, le patrimoine et le théâtre sont les grandes passions du nouvel académicien, auteur d'un roman historique La dame du Palatin, d'un recueil de poésie, Refuge pour temps d'orageporté au théâtre en 2011. On lui doit également Les Demoiselles de Provence et Conversation, entretien avec Bernadette Chirac.
Pour en savoir plus
- Patrick de Carolis sur le site de l'Académie des beaux-arts
- [Erik Desmazières sur le site de l'Académie des beaux-arts
->http://www.academie-des-beaux-arts.fr/membres/actuel/gravure/index.html]
Erik Desmazières interviewé sur Canal Académie :
-Sur le Pont des arts : Gravure et estampes contemporaines
-Érik Desmazières, artiste graveur
-L’artiste graveur Erik Desmazières reçu sous la Coupole
Patrick de Carolis interviewé sur Canal Académie :
-La Dame du Palatin, un roman de Patrick de Carolis : La belle Arlésienne épargnée par Néron