Novembre-décembre 2010, Sur le Pont des arts : Livres d’artistes et architecture
Que se passe-t-il à l’Académie des beaux-arts ? En peinture, en musique, en architecture, novembre et décembre sont placés sous le signe des rencontres entre jeunes artistes et académiciens. Retrouvez les architectes Claude Parent et Roger Taillibert et découvrez dans Sur le Pont des arts de cette fin d’année 2010, les lauréats des prix de l’Académie des beaux-arts, pour l’architecture, la musique et les prix consacrés à l’édition d’art.
Sur le Pont des arts, l'agenda de l'Académie dans l'actualité des arts : interview, reportage à propos du Grand prix d'architecture, des prix consacrés à l’édition d’art, et du Grand prix du concours international de musique Long-Thibaud ; le point sur les expositions organisées par l'Académie et l'actualité des académiciens ainsi que nos coups de cœurs dans l'actualité des arts.
La Casa Velasquez à Paris, focus sur le travail des pensionnaires
Réunissant tous les arts, l’exposition des pensionnaires de la Casa Velasquez à la Galerie Espace-Evolution Pierre Cardin à Paris, est un rendez-vous annuel où les générations d’artistes se mêlent. L’académicien Pierre Cardin offre chaque année sa galerie d’art aux jeunes pensionnaires en art de La Casa Velasquez, le temps d’une exposition parisienne. L’académie dont il est membre entretient en effet des rapports institutionnels avec La Casa Velasquez, l'un des fameux établissements français à l’étranger qui accueille des chercheurs mais aussi de jeunes artistes distingués et encouragés pour leur excellence.
Du 22 au 29 novembre, les œuvres des artistes pensionnaires ont ainsi été présentées à l’Espace Évolution Pierre Cardin (rue Saint Merri à Paris).
Les artistes exposés sont issus de disciplines, de formations et d’horizons différents. Les onze artistes français et espagnols choisis ont travaillé avec une liberté totale et exploré de nouveaux espaces d’expression durant un an, au cours de leur séjour à La Casa Velasquez. Huit d’entre eux sont des plasticiens qui utilisent les techniques du dessin, de la sculpture, de la gravure ou de la peinture ; quatre s’expriment à travers la photographie, le cinéma et l’art vidéo.
Ont été exposés les photographies d’Aurélia Frey, d'Olivier Nord, de Blaise Perrin, les œuvres des plasticiens Amélie Ducommun, Pascal Laborde, Cristina Silván, celle de la peintre Charlotte Guibé, celles des artistes femmes graveurs Muriel Moreau et Anne-Catherine Nesa, enfin une œuvre du sculpteur Gilles Margaritis.
2010 concours Long-Thibaud : la jeune pianiste Solenne Païdassi récompensée
La musique retient son souffle au moment de la proclamation en novembre du lauréat de l’un des concours internationaux de violon et de piano les plus célèbres, le concours Long-Thibaud.
Jacques Thibaud, violoniste virtuose, a fondé en 1943 avec la pianiste Marguerite Long un concours associant leurs deux noms. Cette compétition internationale est consacrée en alternance une année sur l’autre, au violon et au piano. L'Académie des beaux-arts est fière d'offrir chaque année depuis 1993, le Premier Grand Prix de ce concours.
Il a été attribué, le 13 novembre dernier, à la violoniste française de vingt-cinq ans, Solenne Païdassi pour la Sonate n°6 de Beethoven, opus 30.
Livres d'art et livres d'artiste distingués par l'Académie en 2010
Certes "lire" est déjà un plaisir mais ouvrir un livre d’artiste participe à la joie simple des plaisirs conjugués de l’œil et de l’écriture.
Chaque année, l’Académie des beaux-arts, conformément à son souhait d’encourager l’édition d’art, décerne des prix à des ouvrages d’art, huit au total.
Parmi ces distinctions, deux prix sont attendus des connaisseurs : le Prix du Cercle Montherlant–Académie des beaux-arts et le Prix Jean Lurçat.
Le Prix du Cercle Montherlant–Académie des beaux-arts d’un montant de 10.000 € récompense l’auteur d’un ouvrage de langue française, consacré à l’art. La qualité de l’ouvrage primé fait l’objet d’une appréciation globale à la fois éditoriale, illustrative et rédactionnelle par un jury d'académiciens. Le prix est entièrement financé par Jean-Pierre Grivory, Président Directeur Général de la Société Parfums Salvador Dali.
Cette année, les académiciens nous convient à un voyage inattendu dans les châteaux de la France du XVIe siècle à travers l'œil d'un artiste de l’époque.
Ils ont attribué ce prix, le 3 novembre 2010, à l'ouvrage, Jacques Androuet Du Cerceau, les dessins des plus excellents bâtiments de France, de Françoise Boudon et Claude Mignot (Editions Le Passage, en coédition avec les éditions Picard et la Cité de l’architecture et du patrimoine).
L'ouvrage reproduit pour la première fois in extenso, le recueil dessiné sur vélin, par Jacques Androuet Du Cerceau, des plus beaux châteaux de France entre 1576 et 1579. Il permet au public d’aujourd’hui de retrouver le regard porté par un artiste de l'époque sur l’architecture de son temps.
Amis bibliophiles, tendez l’oreille…
Le Prix Jean Lurçat est un prix de bibliophilie créé en 2005, à l’initiative de Simone Lurçat, à la mémoire de son époux, Jean Lurçat (1892-1966) membre de la section de peinture de l’Académie des Beaux-Arts, qui a pratiqué l’art de la bibliophilie et celui de la tapisserie qui lui valut une reconnaissance internationale.
Le prix Jean Lurçat doté d’un montant de 7.500 €, distingue chaque année, un peintre ou un graveur ayant illustré un ouvrage original récent de bibliophilie. Il s’agit du seul Grand Prix de bibliophilie en France. Le Prix Jean Lurçat récompense ainsi en 2010, l’ouvrage intitulé Le Soudeur de murmures, de Luis Mizon pour les textes et d’Alexandre Hollan pour les sérigraphies (publié par l’Atelier Eric Seydoux /Editions Ecarts).
Le Soudeur de murmures signe la rencontre entre deux exilés dont la France est la terre d’accueil, rassemblant des textes du poète et romancier chilien Luis Mizón et treize sérigraphies du peintre d’origine hongroise Alexandre Hollan.
Il est publié aux Éditions Écarts qui se consacrent à la publication d’ouvrages dans lesquels un artiste et un écrivain œuvrent ensemble et dialoguent.
A découvrir sans tarder…
Les tapisseries de Jean Lurçat à Moscou
Prenons notre tapis volant, et survolons la vieille Europe jusqu’à Moscou sur un tapis dessiné par Jean Lurçat, armés des couleurs chatoyantes de la palette de l’artiste disparu.
Fleurs et animaux fantastiques du Jardin d'un rêveur ou Le Grand Solaire, tapisseries d'Aubusson créées par cet artiste français, internationalement connu dans les années cinquante et soixante, sont offerts au regard des Moscovites, le temps d’une exposition dans le cadre de l’année France-Russie.
L’Académie des beaux-arts défend loin les couleurs des arts qu’elle protège.
Jean Lurçat (1892-1966) fut une des figures majeures de l’art du XXe siècle. Son épouse Simone Lurçat aujourd'hui disparue, a témoigné de son œuvre à Canal Académie dans l’émission Carrefour des arts à propos des livres d'artistes qu'il aimait d'ailleurs lui aussi créer.
Jean Lurçat sur Canal Académie :
-Jean Lurçat, une oeuvre foisonnante
L’exposition organisée par l’Académie des beaux-arts en Russie a réuni un ensemble de quatorze tapisseries, une dizaine de tableaux, des céramiques et des ouvrages de bibliophilie, écrits ou illustrés par l’artiste, à la Galerie Tsereteli, située à l’Académie des beaux-arts de Russie à Moscou, dans l’un des plus beaux bâtiments néo-classiques de Moscou, le Palais Dolgorukov, du 19 novembre au 12 décembre. L'Académie des beaux-arts de Paris est détentrice d'une collection unique au monde des œuvres de Jean Lurçat, grâce à une donation en 2001 et au leg en 2009 de Simone Lurçat.
L'ensemble des œuvres exposées offrait une vision globale du travail de l’artiste des années 1920 jusqu'aux années 1960, sur environ 400 m2. Elle était accompagnée de la projection du film de Patrick Cazals, Le rêve ensoleillé, qui retrace l’itinéraire de Jean Lurçat.
Le grand Prix d'architecture de l'Académie des beaux-arts 2010 : temps fort de l'Académie en décembre
Le 8 décembre 2010, a été proclamé le Grand Prix d’architecture de l’Académie des beaux-arts, un prix de plus en plus suivi par de jeunes architectes et même des étudiants. Un temps fort de l’agenda de l'Académie et une illustration de son soutien aux jeunes générations.
Le concours de ce Grand Prix obéit à une thématique choisie par le jury dont les lauréats peuvent prendre connaissance en se renseignant sur le site Internet de l'Académie des beaux-arts.
Présidé par Claude Parent et Roger Taillibert, le jury a proposé cette année aux jeunes architectes de réfléchir à un habitat d'urgence, un habitat " d'occupation transitoire", pour être précis. Des mots sur lesquels les deux académiciens s'expliquent dans cette émission.
Imaginez une catastrophe naturelle, des inondations, la nécessité de loger en urgence des populations coupées des secours. Comment les loger ? Où les abriter ?
Soixante-trois architectes de moins de 35 ans se sont portés candidats pour réfléchir à la conception et à la construction d'un habitat destiné à faire face à des situations de crises extrêmes. Ils ont apporté des réponses concrètes, comme le dit Claude Parent. Ils devaient imaginer des structures assemblables, démontables et réutilisables, le tout pour une durée d'une année, dotés d'équipement d'hygiène, raccordés à des services d'assainissement eux-mêmes démontables et réutilisables. Le but était de créer des structures proches d'une greffe urbaine et d'imaginer l'ensemble en Europe. Le jury s'est réjoui de la qualité des réponses.
Les projets des vingt finalistes ont été exposés salle Comtesse de Caen, à l'Institut de France, dans une exposition temporaire organisée par l'Académie des beaux-arts, du 8 au 18 décembre 2010.
Les lauréats
- Marine Miroux, Grand Prix d'Architecture de l'Académie des beaux-arts et Prix Charles Abella (montant 25 000 €) : vit à Berlin, diplômée d'architecte D.P.L.G. de l'Ecole de Paris-Belleville, pour son projet Better, Cheaper Helping.
Elle a imaginé des containers extrêmement légers (tubes en carton, liège expansé, polycarbonate...) pouvant être parachutés d'avion ou acheminés par voie terrestre et montés sur place. Le projet se veut un outil architectural d’accompagnement des populations sinistrées, depuis la catastrophe jusqu’à la reconstruction. Son projet privilégie une aide sur place, au plus près des habitations à réparer et des biens à sauver. Il se positionne comme une alternative à l’évacuation des populations lors d’inondations.
- Nathanaël Dorent, est le deuxième Prix d'Architecture de l'Académie des beaux-arts et prix Arfvidson 2010 (montant 10 000 €), diplômé d'Etat d'Architecte conférant le grade de Master de l'Ecole nationale supérieure d'Architecture de Paris-Malaquais, pour son projet L’Archipel transitoire. Travaillant à Londres, il a choisi d'implanter son projet dans cette capitale européenne connue pour ses risques d'inondations. Il a imaginé des modules architecturaux qui peuvent se connecter entre eux et se connecter sur ce qui a été disjoint par la catastrophe naturelle.
- Catherine Maraite, est le troisième Prix d'Achitecture de l'Académie des beaux-arts et prix Arfvidson 2010 (montant 5 000 €), diplômée de l'Institut d'Architecture Intercommunal Victor Horta, pour son projet Origami. Elle a conçu une enveloppe étanche en caoutchouc flexible qui englobe un module d'habitat. Cette structure a été imaginée sur un pliage de type accordéon qui permet un montage et démontage facile et renforce l'ensemble, à la manière d’un origami. Les modules étant déplaçables, démontables et connectables entre eux, ils offrent la possibilité de façonner les habitats selon le lieu retenu et s’y adaptent.
- Thomas Etesse, étudiant à l'Ecole nationale supérieure d'Architecture de Versailles (master I) s'est vu attribué une mention pour son projet Gonflable :une distinction nouvelle, attribuée cette année par le jury au regard de la qualité des projets. Il a imaginé un module gonflable. Celui-ci, autonome une fois gonflé, est contenu dans une capsule, partie intégrante de sa structure, qui permet le raccordement au réseau électrique et au réseau d’eau. La taille des capsules permet d’envisager leur acheminement par container classique, pouvant être transporté par bateau, train, camion ou hélicoptère.
- Trois autres candidats particulièrement remarqués par le jury ont obtenu des voix sont : Jiang Bin, Laurent Saint-Val et Choukri Taleb.
L'actualité de quelques académiciens
Dans l’actualité des académiciens, signalons du côté des architectes la sortie de plusieurs livres récents :
- Entrée principale, livre d'entretiens avec Roger Taillibert écrit par Philippe Ungare, est paru aux Editions Dilecta en août 2010.
- Claude Parent Colère et passions, textes réunis et présentés par pascal Blin, Editions du Moniteur
- Les eaux dormantes, le dernier roman de Paul Andreu, aux Editions Les impressions nouvelles.
L’Académie compte dans ses rangs des membres Associés étrangers. Parmi eux, l’architecte Norman Foster a remporté le concours international de maîtrise d'œuvre pour le projet de réaménagement du Vieux-Port de Marseille qui verra le jour en 2013.
Le vaisseau du futur, Seaorbiter créé par l’architecte Jacques Rougerie, membre de l'Académie a été présenté dans le cadre de l’exposition Voyage au centre de la mer, du 18 novembre au 17 décembre à Marseille, à l’hôtel du département. L'exposion s'est accompagnée d'animations, pour découvrir le vaisseau Sea Orbiter, et présenter aussi la question des énergies renouvelables de la mer et l’aventure de la Comex.
Dans l’actualité des arts : trois coups de cœur
-La magnifique exposition France 1500, du Moyen Âge à la Renaissance, au Grand palais, jusqu’au 10 janvier 2010.
En plus des magnifiques peintures de Jean Hey , on peut admirer le portrait de celle qu'on appelle La belle Ferronnière, peint par Léonard de Vinci, sublime portrait de la période dite milanaise du peintre. La Bibliothèque nationale pour l’occasion a prêté des dizaines d’ouvrages dont les miniatures vous couperont le souffle. Puisque ce numéro de Sur le Pont des arts met à l’honneur cette fois l’architecture, ne manquez pas des plans d’architectes extraordinaires, qu'on a la chance d'y voir, comme ceux à l’encre noire sur parchemin, d’un projet de plan pour le château de Gaillon. Vous pourrez admirer un parchemin de 2 mètres de long sur 1 mètre de largeur, restauré en 2000, qui reproduit le jubée de la cathédrale du Mans (1519). Tout aussi surprenant un projet de 1476, pour la façade de la cathédrale de Clermont.
Ces œuvres uniques parvenues jusqu’à nous, le grand public a là, une occasion bien rare de les admirer.
-L’exposition du Musée d’Orsay actuellement présentée, Jean-Léon Gérôme, L’histoire en spectacle, voyage autour du monde. Il s'agit de la première rétrospective de l’œuvre du peintre du XIXe siècle, Jean-Léon Gérôme, membre de l’Académie des beaux-arts qu’on redécouvre ces dernières décennies. L’exposition dure jusqu'au 23 janvier 2011 à Paris. Une très prochaine émission sur Canal Académie vous permettra d'entendre Edouard Papet l’un des commissaires de l’exposition. Passé le mois de janvier, c’est au musée Thyssen Bornemizza à Madrid, qu’il faudra vous rendre, pour découvrir ses toiles inspirées de l’orient et d’une antiquité fantasmée.
- Du XIX e siècle, passons au XXIe avec l’annonce d’une exposition du Musée du Montparnasse, un lieu plus intime, consacrée à la peinture d’André Masson disparu en 1987 : Un nomade à Paris, André Masson, du 17 décembre 2010 au 3 avril 2011, au Musée du Montparnasse. L'exposition est consacrée aux rapports que l’artiste a entretenus avec Paris tout au long de sa vie. Il s’agit d’un sujet inédit, qui permet de suivre les traces du peintre à travers la ville, au fil de ses errances comme au fil du temps. A cette occasion, et grâce à une étonnante documentation, sont réunies pour la première fois plus de 60 oeuvres d’André Masson, peintes entre 1921 et 1967.
L'agenda de l'Académie des beaux-arts vous donne rendez-vous en 2011.
Pour en savoir plus
- Académie des beaux-arts