Zao Wou-Ki : estampes et livres illustrés

Exposition de tout l’oeuvre gravé à la Bibliothèque nationale de France, du 3 juin au 24 août 2008
Avec Krista Leuck
journaliste

Céline Chicha, conservateur au département des estampes et de la photographie à la Bibliothèque Nationale de France analyse pour nous l’oeuvre gravée de Zao Wou-Ki. Marie Minssieux-Chamonard, conservateur à la réserve des livres rares à la même BnF, nous relate les rapports que Zao Wou-Ki a entretenu avec les écrivains, se nourrissant de leurs textes pour créer des estampes.

Émission proposée par : Krista Leuck
Référence : carr390
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Zao Wou-Ki est membre de l’Académie des beaux-arts dans la section de peinture depuis décembre 2002.
C’est donc avec un double intérêt que Canal Académie consacre son antenne à ce maître de l’art.

Zao Wou-Ki,  Eau forte, 1963
49,50 x 43,20



Nous le citons :
« Mon sujet d’inspiration c’était ma réalité intérieure, exprimée au gré de mon plaisir (ou de mon déplaisir) par le maniement de toutes les couleurs… »
« Tumultes des couleurs et l’enchevêtrement des traces fortement appuyées comme barbouillées. »
« L’encre et le papier me donnent- beaucoup de lucidité pour atteindre le silence. »
« Légèreté de l’espace, fusion des couleurs, turbulences des formes qui se disputent la place du vide, masses qui s’affrontent comme mes angoisses et mes peurs…
…silence du blanc, sérénité du bleu, désespoir du violet et de l’orange… »


Ces quelques citations extraites de L’Autoportrait par Zao Wou-Ki et Françoise Marquet servent d’aphorismes dans l’exposition et traduisent parfaitement les subtiles beautés de son œuvre.

Les importantes donations consenties par Zao Wou-Ki et son épouse Françoise Marquet à la Bibliothèque nationale de France en 1978 et en 2007 ont permis à la Bibliothèque d’organiser cette exposition consacrée à plus de soixante ans de création graphique de l’artiste franco-chinois.
L’exposition montre une sélection de cent vingt pièces provenant essentiellement des collections du département des estampes et de la photographie et de la Réserve des livres rares, complétées par quelques prêts de l’artiste et du Musée national d’art moderne.
Elle permet de suivre les multiples passerelles entre ces productions et les autres moyens d’expression que le peintre explore en parallèle. Il n’est pas rare que Zao Wou-Ki parte d’une huile, d’une aquarelle ou d’une encre de Chine pour ensuite la re-créer en gravure.

Zao Wou-Ki, Ville engloutie, 1956, lithographie
BnF, département des Estampes et de la photographie © ADAGP



Né à Pékin le 1er février 1920, Zao Wou-Ki vit et travaille à Paris depuis 1948. Formé à l’Ecole des beaux-arts de Hangzhou où il s’initie à la peinture chinoise traditionnelle et à l’art académique occidental, il découvre également, dès ses années d’apprentissage, l’art moderne européen. Il admire les œuvres de Cézanne, Matisse et Picasso. 1948 sera l’année d’installation à Paris. Il y fréquente l'Atelier d'Othon Friesz. Dès lors il se lie d’amitié avec les tenants de l’abstraction lyrique, Hartung, Soulages ou Vieira da Silva. Dès 1949, il intéresse aux diverses techniques de l’estampes : il apprend la taille-douce dans les ateliers de Friedlaender et Goetz et la lithographie auprès de l’imprimeur Desjobert.

En suivant son parcours on relève quelques dates clés :
- En 1950 le poète Henri Michaux écrit un texte sur les premières lithographies de Zao Wou-Ki dans un volume intitulé Lecture de huit lithographies de Zao Wou-Ki.
- Puis c’est L’œuvre de Paul Klee vue à Berne en 1951 qui fait prendre à Zao Wou-Ki un tournant radical vers l’abstraction.
- En 1962, Il réalise dix lithographies pour La tentation de l'Occident d'André Malraux. C’est ce dernier qui va l’aider deux ans plus tard à obtenir la nationalité française.
- La reprise de l’encre de Chine dans les années 1970, technique qu’il avait délaissée après son arrivée en France, car trop rattachée à la tradition picturale de son pays d’origine, l’incite à modifier ses estampes : ses compositions, de plus en plus aériennes, se construisent autour du vide, dans un jeu savant de nuances et de transparences.
- Une présentation d’un choix de quatre-vingts estampes de la donation Zao Wou-Ki a eu lieu en 1979 à la Bibliothèque Nationale. Elle était accompagnée d’un numéro spécial des "Nouvelles de l'Estampe".
- En 1985, il donne des cours de peinture dans son ancienne école de Hangzhou à vingt-six jeunes professeurs venus des diverses académies de Chine.
- L’année 1988 sera marquée par la parution de Autoportrait, autobiographie écrite en collaboration avec Françoise Marquet.

Françoise Marquet, Zao Wou-Ki, Autoportrait, éditions Fayard, 1988


- En 1993, Zao Wou-Ki est promu commandeur de la Légion d'honneur par le Président de la République Française. En 1994, il est nommé lauréat du Praemium Imperiale Award of Painting du Japon.
- Depuis décembre 2002, Zao Wou-Ki est membre de l’Académie des Beaux-Arts dans la section de peinture.

Zao Wou-Ki, Eau forte et aquatinte, 1994
50,70 x 40,60



Zao Wou-Ki multiplie les expositions dans tous les pays du monde et dans les plus grands musées. La diversité de son talent témoigne du peintre, du peintre-cartonnier, du graveur, du lithographe et de l’illustrateur. Il est reconnu comme l'un des plus illustres représentants de l'abstraction lyrique. Son œuvre réalise la synthèse entre l’héritage extrême oriental et l'ambition plastique et poétique de l'abstraction lyrique occidentale.

Cette exposition à la BnF présente plusieurs livres illustrés par Zao Wou-Ki parmi lesquels on peut mentionner : René Char (Effilage du sac de jute), Ezra Pound, Malraux (La tentation de l’Occident), Rimbaud (Illuminations « Painted Plates »), Léopold Sédar Senghor, Roger Caillois, François Cheng (Rompre le cri), et d’autres.

Zao Wou-Ki, Les Illuminations, Arthur Rimbaud, 1967, eau-forte et aquatinte
BnF, département des Estampes et de la photographie © ADAGP



Le parcours de l’exposition comporte quatre étapes qui retracent en fait les quatre grandes périodes dans l’évolution de l’artiste.
- Les années d’apprentissage
- De la figuration à l’abstraction
- L’abstraction lyrique
- L’influence de l’encre de Chine.

Arrivé à Paris en 1948, Zao Wou-Ki s’enrichit au contact de Monet, Matisse et Klee



En savoir plus :
- Autoportrait par Zao Wou-ki et Françoise Marquet, Fayard, 1988



- Catalogue de l’exposition Zao Wou-Ki, estampes et livres illustrés, BnF, 2008
- Vidéo de l’exposition
- Fiche biographique de Zao Wou-Ki sur le site de l'Académie des beaux-arts

Écoutez nos deux émissions consacrées à Zao Wou-Ki
- Qui êtes-vous, Monsieur Zao Wou-Ki ?
- Art abstrait : L’envolée lyrique Paris 1945 - 1956

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