Darwin, dessine-moi les hommes
De la première cellule LUCA aux organismes pluricellulaires, des parasites aux éléphants, Claude Combes brosse un panorama de l’immense diversité de l’évolution des espèces. Il a publié un passionnant livre de vulgarisation scientifique, Darwin, dessine-moi les hommes.
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Les êtres vivants partagent tant de caractères dans leur structure et leur fonctionnement qu’il est impossible de faire l’économie d’un ancêtre commun. Cet arrière-arrière-grand-père cellulaire s’appelle LUCA : acronyme pour Last universal common ancestor, premier ancêtre commun universel.
Les premiers signes de vie seraient apparus il y a – 3 ,8 milliards d’années avec des « fossiles chimiques », c’est-à-dire des molécules qui laissent supposer que des formes primitives de vies existaient alors.
Apparition de l'oxygène
Le saviez-vous ? L'oxygène n'existait pas sur Terre !
Non seulement on est certain qu'il n'y avait pas d’oxygène, ou très peu, mais de nombreux biologistes pensent que la vie n’aurait pas pu naître sur terre si l’atmosphère avait été aussi riche en oxygène qu'aujourd’hui. Pour les êtres vivants actuels, l’oxygène à deux visages :
- celui d’un ami parce qu'il leur permet de brûler leurs sucres de manière efficace
- celui d’un ennemi, parce qu’il désorganise facilement la matière vivante.
Mais alors d’où provient l’oxygène ? Des êtres vivants eux-mêmes, qui ont modifié les conditions de la vie sur notre planète, et en premier lieu la photosynthèse des végétaux.
L'ADN, clé de la diversité des espèces
Le génome humain contient environ 3 milliards de nucléotides. La succession des bases A,T,C et G le long de l’ADN fait qu’il existe une infinité de combinaisons, donc une infinité de « textes » ADN. Pourtant, l'alphabet de l’ADN ne comporte que 4 lettres (A, T, C, G) et les mots d’un texte ADN ne comportent que 3 lettres :
- 1. les nucléotides = les lettres ou triplets
- 2. règle d’assemblage de nucléotides = la syntaxe
- 3. le sens du texte ADN (= construction d’une protéine) = le sens de la phrase.
Ainsi, les molécules d’ADN d’une personne mises bout à bout, couvriraient plus de mille fois la distance de la Terre au soleil !
Le hasard n’écrit pas le scénario. Comme tout alphabet, celui de l’ADN a permis, sans jamais changer lui-même, de constamment écrire de nouvelles phrases. Ce que le hasard procure au vivant, c’est la possibilité de découvrir de nouvelles solutions pour réussir à persister dans l’environnement qui fluctue de manière imprévisible.
Toute la vie sur terre apparaît comme un fragile équilibre entre la conservation et le changement : moins de changements et l’évolution n’avancerait pas. Trop de changements et plus grand-chose ne fonctionnerait dans la biosphère.
Les parasites, exemple parfait de l'adaptation des espèces
Impossible de faire l'impasse sur les parasites avec un parasitologue ! Certains sont remarquables d'inventité pour survivre.
L'un d'entre eux possède un cycle complexe en ce sens qu’il exploite plusieurs hôtes successifs. À l'état de larve dans la bave d’escargot, il s’introduit dans le corps de la fourmi lorsque celle-ci s’abreuve de ce liquide. Pour se développer et se reproduire dans le foie d’un mouton, le parasite se loge dans le système nerveux de la fourmi et lui commande de rester sur un brin d’herbe à attendre de se faire manger par l'animal !
Comble de "l'intelligence" : aux heures les plus chaudes, le maléfice cesse, pour éviter que la fourmi ne se dessèche !
De même pour les toxoplasmes qui transforment l’aversion innée des rats pour las chats en une attirance suicidaire… Ces parasites provoquent aussi des désagréments chez l'être humain. Les hommes infectés (50% de la population serait touchée) ont plus d’accidents de la circulation et éprouvent des troubles de l’émotivité, de la concentration.
Le rôle de la sexualité
À la clé du brassage génétique, qui participe à l'évolution des espèces : la sexualité.
Qu’est-ce qui s’oppose à la fusion de gamètes du même sexe ? Certains gènes doivent venir obligatoirement du père et d’autres de la mère. Des biologistes ont déjà créé des souris en combinant les informations génétiques de deux femelles. Il n’est donc pas impossible que cela devienne faisable chez l’homme, hormis des questions d’ordre éthique.
Au fur et à mesure des générations, les espèces se sont adaptées à leur environnement. Chez les syngnathes (petits poissons), ce sont les mâles qui couvent et pondent. Les ailes des papillons phalènes se sont assombries parallèlement à la pollution qui encrasse le mobilier urbain. Quant au népenthès, plante carnivore, ses feuilles sont semblable à des urnes profondes dont le fond est occupé par un liquide qui digère les proies.
Mais certaines espèces ralentissent, pour ne pas dire qu’elles n’évoluent pas...C'est le cas des cœlacanthes : vivant il y a 70 millions d’années, on les pensait depuis longtemps disparus... Deux spécimens bien vivants ont pourtant été retrouvés aux Comores en 1938 et en Indonésie en 1998 : ces fossiles vivants ont survécu là où toutes les autres espèces de leur ère ont disparu …
Écoutez les détails de cette passionnante histoire de l’évolution des espèces en compagnie de Claude Combes, biologiste, spécialiste du parasitisme, Professeur à l’université de Perpignan et membre de l’Académie des sciences.
En savoir plus sur :
- Claude Combes, membre de l'Académie des sciences
Ecoutez également notre émission Créationnisme : quand défier l’évolution des espèces revient à la mode, avec Jacques Arnould, dominicain spécialiste de la théorie de l’évolution.