Académies européennes : mémoire, recherche et création
À l’occasion de la Rencontre des académies européennes à l’Institut de France en octobre 2007, Dominique Meyer, membre de l’Académie des sciences, a proposé une synthèse sur le thème : "mémoire, recherche et création". Ecoutez également l’allocution introductive d’Hélène Carrère d’Encausse.
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Pendant trois jours, les 21, 22 et 23 octobre 2007, les Académies européennes étaient invitées à l'Institut de France. Voici un aperçu des échanges le lundi 22, durant la séance de travail d'après-midi.
Après l'allocution introductive d'Hélène Carrère d'Encausse, Secrétaire perpétuel de l'Académie française, Dominique Meyer, de l'Académie des sciences, a présenté une synthèse des travaux proposés par chacune des académies invitées, sur le thème : "mémoire, recherche et création". Puis Michel Zink, de l'Académie des Inscriptions et belles-lettres, a proposé une courte conclusion. Nous vous invitons à écouter sur Canal Académie la conclusion finale de Michel Zink, prononcée le 23 octobre.
C'est avec une référence à François Jacob que Dominique Meyer, membre de l'Académie des sciences, débute son discours de synthèse devant plusieurs membres des Académies européennes. François Jacob, membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences, parle ainsi de la création : des moments de brusque excitation, un désir confus, l'éblouissement de l'évidence, la sensation de ne plus être mortel.
La mémoire, la recherche et la création, dit Dominique Meyer, s'apprécient en premier chef par l'intermédiaire d'une langue. La langue est le bien le plus précieux de toute nation, une création continue, une invention de tous les instants.
En Albanie, en Croatie, en Grèce, en Espagne, comme en France avec l'Académie française, plusieurs académies veillent au bon usage de la langue, organisme vivant. Mais les langues sont souvent en danger. Ne serait-ce que dans les disciplines économiques et scientifiques, qui obligent à publier en anglais. Il est impératif, explique Dominique Meyer, de défendre nos langues, et d'entretenir une solidarité linguistique.
Le cinéma, exemple de création. Un art qui n'a été reconnu comme tel que tardivement. En 1958, l'Académie des beaux-arts (en France) crée une section de créations artistiques dans cinéma et l'audiovisuel. La photographie, autre domaine de création artistique, fait son entrée à l'Académie des beaux-arts en 2006.
La mémoire. L'étude des textes anciens est l'une des missions des académies. L'académie bavaroise des sciences, par exemple, recèle des écrits de Kepel et de Max Weber. En France, l'Académie des Inscriptions et belles-lettres n'est pas un simple conservatoire, et patronne plusieurs sites de fouilles.
A l'Académie des sciences, poursuit Dominique Meyer, existe une opposition entre création et découverte. Seul l'artiste crée : son œuvre est unique et refuse la copie. Le scientifique découvre : son travail est vite dépassé par de nouvelles avancées, et exige une copie.
Pour conclure, Dominique Meyer amène la question commune à toutes les académies : comment, dans de tels lieux de mémoire, accueillir de jeunes talents.