Mabillon et l’Académie des inscriptions et belles lettres

Figure de la République des lettres du XVIIe siècle
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

"Mabillon, les Mauristes et l’Académie royale des Inscriptions et Belles- Lettres", c’est le sujet de la communication d’Odon Hurel, grand spécialiste du monachisme, lors du colloque "Jean Mabillon, entre érudition et histoire culturelle" qui s’est déroulé le 7 et le 8 décembre, à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Découvrez en sa compagnie, comme si vous étiez en grande salle des séances, l’histoire de l’introduction de l’érudition historique par les Mauristes à l’Académie.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : col329
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L'Académie des inscriptions et belles-lettres a organisé avec le Laboratoire d'Études des Monothéismes (LEM), un colloque international sur la personnalité de Jean Mabillon (1632-1707), son statut dans l'historiographie actuelle et son image du XVIIIe au XXe siècle. La place de Mabillon et de l'érudition mauriste dans l'histoire culturelle et religieuse du XIXe, Mabillon et les enjeux de l'érudition, Mabillon et ses confrères de la République des lettres, ont été les axes de ce colloque qui s'est déroulé à L'Institut de France. Le tricentenaire de la disparition de Jean Mabillon permet en cette année 2007, de revenir sur celui que Louis XIV appelait «l'homme le plus savant du royaume», une figure exemplaire de la République des lettres du XVIIe siècle.

Odon Hurel du CNRS, le 7 décembre 2007, à l’Académie des inscriptions et belles-lettres
© Canal Académie




Dans ce cadre, Odon Hurel raconte l'introduction progressive des mauristes au sein de l'Académie des inscriptions et belles-lettres au XVIIIe siècle malgré la nomination, dès 1701, du premier d'entre eux, Jean Mabillon dont la renommée dépassait largement les frontières du royaume. Parmi les académiciens mauristes, il y eut Mabillon et Montfaucon au début du XVIIIe siècle, Poirier, Clément puis Brial à la fin du XVIIIe siècle.
Quels ont été les liens entre l'Académie royale et la Congrégation de Saint Maur, deux corps savants?

Bernard de Montfaucon


A l'origine, le règlement de l'Académie ne prévoyait pas l'entrée de réguliers en son sein, sinon dans le cadre de la nomination de membres honoraires. Pour les académiciens de l'époque du début du XVIIIe siècle, la congrégation de Saint Maur se résumait à un corps de bénédictins savants, d'abord parisien puis de tout le royaume. Pour Mabillon et Montfaucon, l'Académie n'était pas le lieu pour exposer des dossiers importants liés à leur ordre mais pour rendre compte de points secondaires. C'est par le biais des académies provinciales et des prix et des concours qu'elles proposaient, que les premiers liens se sont tissés entre mauristes et académies. Pour les académiciens, les mauristes devaient chercher la vérité historique, établir des faits et des sources et utilisaient peu les sources patristiques des mauristes. Les Académiciens pouvaient pourtant disposer des bibliothèques et des sources imprimées des mauristes. Les deux corps savants, Congrégation de Saint Maur et Académie ont contribué à l'élaboration de la science historique. L'histoire faite par les moines se devait, par une stricte honnêteté intellectuelle, d'être utile à l'écriture de l'histoire en générale, telle était la volonté du premier des mauristes qui entra à l'Académie, Jean Mabillon.

Dom Michel-Jean-Joseph Brial


Le rapprochement entre l'univers mauriste et académique se fit quelques années, avant la Révolution française, en 1785/86, avec la modification du règlement qui permit à l'Académie d'accueillir en son sein des mauristes.



Odon Hurel, chercheur au CNRS et au Laboratoire Européen sur les monothéismes (LEM) et directeur-adjoint du Centre européen de recherches sur les Congrégations et ordres religieux (CERCOR), a dirigé l'édition du livre : Le moine et l'historien, Dom Mabillon, œuvres choisies, précédées d'une biographie par dom Henri Leclercq , chez Robert Laffont, collection Bouquins, février 2007. L'ouvrage comprend Le traité des études monastiques de 1691, les écrits de Jean Mabillon sur la règle de Saint Benoît, une lettre adressée à l'évêque de Blois sur «le discernement des reliques», une dissertation sur le culte des saints inconnus, ses réflexions sur la mort chrétienne, sur les prisons des ordres religieux, sa controverse au sujet de la définition de l'identité bénédictine et en annexes, une chronologie de sa correspondance, sa bibliographie, des index et une liste des ouvrages et des auteurs cités par Jean Mabillon.


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