Portrait d’un médecin historien des sciences : Jean Filliozat
L’Académie des inscriptions et belles-lettres rend hommage à l’un de ses confrères, Jean Filliozat, indianiste disparu en 1982, doué d’un esprit exceptionnel qui unissait science et humanisme. Son fils, Pierre-Sylvain Filliozat, également membre de l’Académie et indianiste, évoque la pensée scientifique de son père au carrefour de la médecine et de l’orientalisme. L’oeuvre de son père étant connue, c’est sa passion pour l’histoire des sciences et le terrain privilégié de ses enquêtes méthodologiques que Pierre-Sylvain Filliozat a choisi de faire partager.
Loin des préjugés et au plus près de la rigueur scientifique, Jean Filliozat a laissé une oeuvre progressiste en Histoire des sciences.
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A l'occasion du centenaire de la naissance de Jean Filliozat le 4 novembre 1906, l'Académie des inscriptions et belles-lettres a choisi de rendre hommage à cet académicien disparu en 1982 dont l'œuvre et l'humanisme ont orienté les études indiennes dans un sens méthodologique novateur.
Jean Filliozat fit à la fois des études de médecine et d'orientalisme. Il rencontra Sylvain Lévi (1863-1835), figure majeure de l'indianisme français à une époque où la philologie sanskrite était la discipline reine. Professeur au Collège de France qui expliquait la civilisation indienne par les sources extérieures, celui-ci lui conseille l'apprentissage de plusieurs langues orientales. Médecin ophtalmologiste, Jean Filliozat soutint en même temps, sa thèse sur l'histoire de la médecine en Inde où il se rendit pour la première fois en 1947.
Il fut l'auteur du concept «d'écologie historique» , cherchant d'un point de vue méthodologique à situer les connaissances et les faits observés dans une saisie globale liant l'environnement culturel et naturel.
L'ensemble de ses travaux cherchent à mettre en lumière une pensée rationnelle, là où beaucoup voyaient un ensemble de croyances ou de mythologies. Il voulut montrer l'étendue, l'indépendance, l'originalité d'une réelle création scientifique en Inde à travers l'étude de l'astronomie, de la médecine, de la philosophie ou de la magie.
Pour en savoir plus
- Sur Jean Filliozat, (1906-1982).
Orientaliste, indianiste, il fut membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres à partir de 1966. Il enseigna au Collège de France de 1958 à 1978, dirigea l'École française d'extrême-Orient et fonda l'Institut français de Pondichéry. Avant de se lancer dans l'histoire des sciences, médecin de formation, il exerça l'ophtalmologie de 1930 à 1947. Il soutint sa thèse sur La doctrine classique de la médecine indienne. Ses origines et ses parallèles grecs en 1949.
- Sur Pierre-Sylvain Filliozat, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
- «Sciences et médecine en Asie», colloque en hommage à Jean Filliozat, vendredi 17 novembre 2006, organisé par l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
Écoutez les trois autres émissions En colloque :
- Les premiers médecins en Mésopotamie, l’exemple de Mari
- La version arménienne de l’oeuvre du médecin Abou-Saïd
- Médecine grecque et médecine indienne dans l’oeuvre de Jean Filliozat