Mort d’une idole : Entretien avec Jean-Luc Marion, de l’Académie française
Jean-Luc Marion, philosophe, parle de Dieu, du retrait du divin, de l’amour ou encore de la charité. Mais en nous invitant à penser autrement ces notions. Il a été élu, le 7 novembre 2008, à l’Académie francaise, au fauteuil occupé, avant lui, par le Cardinal Lustiger. Il vient de faire paraître Au lieu de soi, l’approche de saint Augustin (PUF).
Jean-Luc Marion, philosophe et professeur à la Sorbonne et à Chicago, est un spécialiste de Descartes, un phénoménologue ; il a développé une nouvelle approche de Dieu, débarrassée des pesanteurs de l’Etre, pour mieux reprendre cette question. Il écrit : L’idole et la distance (1977) et Dieu sans l’être (1982). Jean-Luc Marion occupe, dans la philosophie française, une place de choix, une place singulière.
Un peu à contre-courant de la philosophie dominante dans les années 1968, il cherche à :
- Réhabiliter la philosophie, son histoire et sa fonction. Il eut comme maître Jean Beaufret et Ferdinand Alquié, le premier étant « l’introducteur » de Heidegger en France et le second, LE spécialiste de Descartes à la Sorbonne. Il deviendra, à son tour, spécialiste de Descartes, lui consacrant cinq livres.
- Penser autrement « la mort de Dieu », objet de l’Idole et la distance (1977) en considérant cette mort comme, avant tout, la mort d’un concept, d’une certaine primauté de l’Etre et du « Dieu moral ». Il considère ce retrait du divin comme l’ultime figure de la révélation. En somme, dit-il 1/ Le Dieu qui est mort est une représentation (une idole) contre lequel il faut lutter 2/ Dieu, lui, est mort sur la croix et est donc en retrait – manière, pour nous, d’éprouver la filiation.
- Penser autrement l’amour et la charité. Dans Le phénomène érotique (2003) il indique, au début de son livre, que la « philosophie ne dit aujourd’hui plus rien de l’amour, ou si peu», qu’elle « n’aime pas l’amour » et que nous constatons un « divorce » entre la philosophie et l’amour, que nous vivons « dans un grand cimetière érotique ». Il y a, dit-il, une « rationalité érotique » et l’amour en relève.
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