La dictée de Mérimée : vraie ou fausse ? Qu’importe, difficile !
Membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres
Essayez de rédiger la fameuse dictée attribuée à Prosper Mérimée. Et sans faire de fautes, bien sûr, ce qui semble difficile ! Mais l’académicien a-t-il vraiment dicté ce texte à la cour de l’Impératrice Eugénie, un soir à Compiègne ? Bien des questions demeurent sans réponse ainsi que l’explique Pierre Pellissier, auteur d’une biographie de Mérimée.
Cette émission vous propose de vous munir d'un papier et d'un crayon afin de faire la dictée, fameuse et fort difficile, attribuée à Mérimée. Elle est lue ici par le comédien Fernand Guiot.
Amusez-vous à rédiger cette dictée sans regarder le texte qui est reproduit ci-dessous à la fin de cet article. Et comptez les fautes... si vous en avez fait !
Mais auparavant écoutez les explications de Pierre Pellissier qui a publié une biographie de Prosper Mérimée (1803-1870) lequel était membre de deux académies, celle des Inscriptions et belles-lettres et de l’Académie française. A son nom, reste attachée la préservation des monuments historiques et la sauvegarde de bon nombre de monuments du patrimoine national. Mérimée, grand voyageur, grand séducteur, était aussi un écrivain célèbre ; on lui doit, entre autres, une œuvre restée mémorable : Carmen.
Pierre Pellissier a évoqué la vie de Mérimée dans une autre émission Les sept vies de Prosper Mérimée.
Il précise ici les documents et les sources qui permettraient d’affirmer que cette dictée est bien de Mérimée, ou plutôt les documents qui en feraient douter car selon lui, on a toutes les raisons de penser qu'elle ne peut lui être attribuée tant les divers témoignages ne concordent guère.
A vos stylos : la dictée !
Et maintenant, écoutez le comédien Fernand Guiot : il lit le texte en entier une première fois, puis il reprend la lecture de chaque phrase lentement.
Quelles que soient et quelque exiguës qu'aient pu paraître, à côté de la somme due, les arrhes qu'étaient censés avoir données à maint et maint fusilier subtil la douairière et le marguillier, bien que lui ou elle soit censée les avoir refusées et s'en soit repentie, va-t'en les réclamer pour telle ou telle bru jolie par qui tu les diras redemandées, quoiqu'il ne lui siée pas de dire qu'elle se les est laissés arracher par l'adresse desdits fusiliers et qu'on les leur aurait suppléées dans toute autre circonstance ou pour des motifs de toutes sortes.
Il était infâme d'en vouloir pour cela à ces fusiliers jumeaux et malbâtis et de leur infliger une raclée, alors qu'ils ne songeaient qu'à prendre des rafraîchissements avec leurs coreligionnaires.
Quoi qu'il en soit, c'est bien à tort que la douairière, par un contresens exorbitant, s'est laissé entraîner à prendre un râteau et qu'elle s'est cru obligée de frapper l'exigeant marguillier sur son omoplate vieillie.
Deux alvéoles furent brisés, une dysentrie se déclara suivie d'une phtisie.
«Par saint Hippolyte, quelle hémorragie !» s'écria le bélître. A cet événement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage, il la poursuivit dans l'église toute entière.