Mazarin : richesse d’État, richesse personnelle
L’ouvrage Mazarin : les lettres et les arts, réunit, sous l’impulsion d’Isabelle de Conihout, de la bibliothèque Mazarine, des études des meilleurs spécialistes français et étrangers sur ce grand personnage que fut le cardinal Mazarin. Claude Dulong-Sainteny, de l’Académie des sciences morales et politiques, nous parle d’une dimension polémique de la vie du cardinal : le lien étroit entre ses richesses et celles de l’État.
L'article de Claude Dulong-Sainteny évoque l'enrichissement et la fortune de Mazarin, ce que ses contemporains appelaient «avarice». Pourtant, le Palais de l'Institut qui, à l'époque, abritait le Collège des Quatre-Nations, existe grâce à sa libéralité.
Claude Dulong-Sainteny estime qu'il est difficile d'évaluer sa richesse tant celle-ci provenait de sources différentes. À titre d'exemple, il a dépensé, de 1642 à 1647, environ 87 862 livres pour sa bibliothèque (l'actuelle bibliothèque Mazarine). À la mort du Cardinal en 1661, sa fortune personnelle est estimée à 30 millions de livres. Comment a-t-il pu amasser tous ses biens ?
Claude Dulong rappelle que Mazarin pratiquait les «donnatifs», c'est à dire des «pots de vin» lors des transactions de charges qu'il détenait, notamment celles de la maison du duc d'Anjou, frère du Roi. Le Cardinal étant le personnage le plus puissant du Royaume durant la régence d'Anne d'Autriche, toute autorisation ou changement passaient par lui, aussi en profita-t-il pour s'enrichir même dans des domaines qui ne le concernaient pas.
Mazarin s'est assuré une prise directe sur les revenus de l'État, non pas uniquement pour sa richesse personnelle comme beaucoup l'ont cru, mais aussi pour faire face aux aléas politiques courants et très coûteux : il était nécessaire de payer une pension aux Princes allemands pour s'assurer qu'ils ne se rallient aux Habsbourg avec lesquels la France était en guerre.
Après avoir exposé les diverses sources de la fortune colossale de Mazarin, Claude Dulong s'attache à réhabiliter l'action du Cardinal à la tête de la France.
Elle explique en détail qu'une grande partie de son «butin» est revenue à la Couronne et que toute : «sa fortune n'atteignait pas le prix d'une année de cette guerre à laquelle il a mis fin».
En savoir plus sur:
Mazarin : les lettres et les arts, publié aux éditions Monelle Hayot
La bibliothèque Mazarine
Claude Dulong-Sainteny de l'Académie des sciences morales et politiques
Écoutez:
L'émission avec l'éditeur Monelle Hayot sur l'ouvrage consacré à Mazarin et l'émission avec Christian Péligry directeur et conservateur de la Bibliothèque Mazarine.