Science Fiction : Marionnettes humaines de Robert Heinlein et Impresario du troisième type de John Scalzi
Michel Pébereau présente dans cette chronique de science-fiction, deux ouvrages habités par la présence d’extraterrestres. Quand ils ne s’emparent pas de l’esprit humain, ils s’appuient sur un plan de communication pour prendre contact. Oui, mais voilà, il y a les bons et les méchants... et les maîtres de la SF s’en donnent à coeur joie, humour et suspense garantis !
Lorsque Robert Heinlein, l’un des maîtres de la science-fiction américaine, imagine en 1950 que des extraterrestres viendront sur Terre (en 2007 !), il ne leur prête pas de bonnes intentions. Il les présente comme de petites masses protoplasmiques qui vivent en parasites : ils se fixent sur la nuque d’un être vivant et s’emparent instantanément de son esprit.
Débarqués secrètement à proximité de quelques villes américaines, ils prennent rapidement le contrôle d’une partie de la population : des journalistes, des policiers, des décideurs deviennent leurs marionnettes humaines sans que personne s’en aperçoive.
Il faudra à la fois l’imagination et l’audace d’un couple d’agents très spéciaux d’un service secret et l’expérience et la ténacité de leur chef pour que les autorités finissent par prendre conscience du danger. Mais bien tard ! Et trouver une parade est une autre histoire … Ils finissent par convaincre les américains de pratiquer le nudisme, pour repérer, sur leur dos, d’éventuels parasites. Ce ne sera pas suffisant… Les rebondissements se succèdent.
L’ouvrage est un peu daté : certains lui trouveront des relents de maccarthysme, et son héros a un style un peu machiste. Mais, comme dans les James Bond récents, l’héroïne sait tenir tête à son collègue masculin, et la critique, directe, de l’Union Soviétique, est plutôt amusante. C’est que Heinlein, qui est mort il y a une vingtaine d’années, avait le sens de l’humour. Et il savait construire un suspense… Cette réédition est bienvenue.
On rencontre dans l'ouvrage de John Scalzi, des extraterrestres pacifiques et amicaux que sont les Yherajks. Ils observent de longue date l’humanité en secret, depuis leur vaisseau spatial invisible de notre planète. Ils voudraient prendre contact avec elle. Seulement voilà. Leur nom est imprononçable. Leur physique, peu avenant car ce sont des blocs gélatineux informes. Ils communiquent par émission d’odeurs nauséabondes. Ils ont le pouvoir de contrôler le cerveau d’êtres
vivants, et ils savent que c’est terrifiant car ils ont lu Heinlein ; ils l’ont bien compris : avec de tels handicaps, il ne va pas être facile d’établir un premier contact avec les terriens dans de bonnes conditions. Seuls de vrais professionnels, géniaux, peuvent régler leur problème. Ils identifient les meilleurs : les impresarios d’Hollywood. Ils contactent en secret le patron d’une agence de relations publiques. Celui-ci charge un de ses jeunes cadres ambitieux, habitué aux clients difficiles, de concevoir un plan de communication. Après bien du travail, l’intéressé finit bien sûr par trouver une solution ; il en profite même pour assurer l’avenir d’une de ses starlettes.
Âgé d’une quarantaine d’années, l’américain John Scalzi a été distingué par un prix dès son premier roman, le vieil homme et la guerre.
Il analyse le monde du cinéma et de la communication sans concession et avec humour. Impresario du troisième type est aussi une intéressante réflexion sur l’éthique, et sur la diversité.
- Robert HEINLEIN – Marionnettes humaines - Ed. Denoël (403 pages), 20,58 €
- John SCALZI – Impresario du troisième type - Ed. L’Atalante (411 pages), 20 €
Retrouvez la chronique Science-Fiction par Michel Pébereau, de l'Académie des sciences morales et politiques.