Les Académiciens racontent l’histoire : Louis XV (2/4), le tsar, Reims et Damiens
Assistons d’abord à l’entrevue du jeune Louis XV avec le Tsar, puis à son sacre à Reims, grâce à Pierre Gaxotte et restons dans la précision historique et la magie du verbe de Voltaire évoquant l’attentat contre le roi, le 5 janvier 1757 par Robert François Damiens.
Voici deux autres extraits de Gaxotte et de Voltaire pour compléter notre série sur Louis XV. Ecoutez la première série d'extraits : Les Académiciens racontent l’histoire : Louis XV (1/4), enfance et Fontenoy
Rappelons que pendant trois ans, de 1744 à 1747, Voltaire est historiographe de Louis XV, puis gentilhomme de la chambre; il est élu le 2 mai 1746 à l'Académie Française. L'extrait ici choisi est tiré de ses « Œuvres complètes, précis du siècle de Louis XV » paru en 1819 chez A.A Renouard.
Mais tout commence sous la plume de l'historien Pierre Gaxotte de l'Académie Française qui a magnifiquement décrit dans son livre « Louis XV » paru en 1980 chez Flammarion, le sacre du jeune Roi Louis XV, né à Versailles le 15 Février 1710, mort à Versailles le 10 Mai 1774. Pierre Gaxotte, conservateur à Chantilly du Musée Condé de 1966 à 1972, fut élu à Académie française en 1953.
Dans ces extraits choisis, nous sommes invités à une entrevue entre le Tsar Pierre le Grand et le jeune Roi Louis XV...
"Le 7 mai , était arrivé sur les dix heures du soir le tsar Pierre le Grand, qui logea à l’hôtel Lesdiguières où tout était disposé pour le souper. Le 10, accompagné du duc du Maine et du maréchal de Villeroy, le Roi alla visiter le tsar, qui fut le recevoir à son carrosse et lui donna la main. Il était entouré de son chancelier, du prince Kourakine, son ambassadeur, de ses principaux officiers. De nombreux seigneurs accompagnaient le Roi. Le tsar lui baisa la main, le souleva de terre pour l’embrasser tendrement, mania sa chevelure blonde et fut charmé de voir un si beau prince. Le Roi lui souhaita la bienvenue avec une gravité et une présence d’esprit dont chacun fut étonné. Le tsar remercia avec noblesse. Le lendemain, il se rendit aux Tuileries pour visiter le Roi. Les jours suivants on le promena un peu partout, à Paris et autour de Paris. Le 18 juin il alla dire adieu au petit Louis et celui-ci le lendemain vint lui souhaiter bon voyage. « On ne peut montrer, dit Saint-Simon, plus d’esprit, de grâce, ni de tendresse pour le Roi que le tsar n’en fit paraître en toutes ces occasions. » Le 20 il partit pour Spa, où l’impératrice l’attendait.
LE SACRE : Louis a 12 ans
Ayant transporté sa résidence à Versailles en juin 1722 (il devait faire sa première communion au lieu de sa naissance), le Roi trouva tous les jeunes gens du lieu, vêtus comme pour un jour de fête, avec des touffes de rubans bleus et blancs, qui entourèrent son carrosse et ne le quittèrent qu’après qu’il eut mis pied à terre pour monter dans son appartement.
Il fut confirmé le 9 août et communia le 15.
Selon Saint-Simon, fatigué par le bruit, les acclamations, les défilés, il essayait parfois de se cacher, mais Villeroy ne le laissait pas échapper. Le jour de la Fête-Dieu, le 4 juin, il lui fit même suivre à pied la procession de Saint-Germain-des-Prés. Il marchait entre les cardinaux de Rohan et de Polignac.
Son sacre avait été fixé au mois de septembre. Mais les vignerons demandèrent qu’il fût remis, à cause de la vendange qui serait perdue par le nombre des troupes et des curieux qui devaient se rendre à Reims.
Le Roi quitta Paris le 17 octobre et arriva à Reims le 22, ayant couché ou s’étant reposé à Dammartin, à Villers-Cotterêts, à Soissons et à Fismes.
A Reims, il habita à l’archevêché.
Le temps fut très doux et le Roi déclaré par tous les témoins aussi beau que l’Amour.
Le duc de Rohan lui présenta les clefs de la ville et il fit son entrée, avec un immense cortège de troupes et de carrosses qui passèrent au son des cloches sous trois arcs de triomphe, célébrant l’amour, la paix et la prospérité.
Louis se recueillit à la cathédrale et le lendemain alla prier dans plusieurs
églises.
La cathédrale avait reçu une ornementation magnifique les plus belles tapisseries de la couronne tendues jusqu’à la voûte, l’autel couvert d’une nappe de drap d’argent galonné d’or, au-dessus du prie-Dieu royal et du trône sur lequel devait s’asseoir le Roi après son sacre, deux dais de velours violet brodé de fleurs de lys.
On prétend qu’il y avait 8 ooo aunes (à peu près dix kilomètres) de tapisseries tendues.
Sur les autels des châsses d’or, garnies de diamants, contenant les reliques les plus précieuses comme le chef de Saint Louis.
Six cardinaux, cinq archevêques et vingt évêques prirent place les premiers, tandis que s’asseyaient les maréchaux d’Estrées, de Tessé et d’Huxelles qui devaient porter dans la cérémonie la couronne, le sceptre et la main de justice.
Les religieux de Saint-Denis avaient apporté les ornements royaux dont ils ont la garde.
Comme la cérémonie devait être très longue — plus de six heures — les chanoines de Reims étaient là depuis six heures du matin; à sept heures arrivèrent les pairs laïcs en veste de drap d’or et manteau ducal portant tous une couronne de vermeil sur un bonnet de satin violet.
L’évêque-duc de Laon et l’évêque-comte de Beauvais furent alors députés pour aller quérir le Roi.
Ils passèrent par la galerie de bois construite depuis le portail de l’église jusqu’à la grande salle de l’archevêché, précédés des chanoines, d’une musique et du grand maître des cérémonies.
Le sacre étant réglé jusque dans le plus minutieux détail, le chantre frappa à la porte de la chambre royale et l’évêque de Laon demanda Louis XV. Le prince de Turenne, grand chambellan, répondit « Le Roi dort. » Le chantre frappa une seconde fois. Même réponse. Le chantre ayant frappé une troisième fois et l’évêque de Laon ayant dit :
« Nous demandons Louis XV que Dieu nous a donné pour Roi », les portes furent ouvertes.
Le Roi couché sur un lit de parade était vêtu d’une chemise en toile de Hollande et d’une tunique de satin cramoisi, ouvertes toutes deux là où le Roi devait recevoir les onctions. Par-dessus la camisole, on lui mit une robe en toile d’argent et il se coiffa d’une toque de velours noir enrichie de diamants.
Un nouveau cortège se forme. En tête les gardes de la prévôté de l’hôtel précédant le clergé, les Cent-Suisses de la garde, les hautbois, les tambours et les trompettes de la Chambre, les six hérauts d’armes en velours blanc, le grand maître des cérémonies, quatre chevaliers du Saint-Esprit, les huissiers de la Chambre, enfin le Roi entre les deux évêques suivi de son gouverneur, le duc de Charost, le grand écuyer, le capitaine des gardes, le garde des sceaux faisant fonction de chancelier, en toge fourrée de zibeline, mortier en tête, le grand maître de la maison du Roi, le grand chambellan, le premier gentilhomme de la Chambre, enfin les gardes du corps. Pendant ce temps, la Sainte-Ampoule était apportée en cérémonie de l’abbaye de Saint-Rémy, où elle est gardée.
Après le Veni Creator, les évêques de Laon et de Beauvais ayant demandé le consentement du peuple et de l’assistance, l’archevêque de Reims reçut les quatre serments du Roi promesse de protéger l’Eglise et d’exterminer les hérétiques, pro- messe de gouverner le royaume, en empêchant les rapines et les iniquités, en faisant observer la justice et la miséricorde dans les jugements, promesse de maintenir l’ordre du Saint-Esprit et l’ordre de Saint-Louis institué par Louis XIV, promesse de faire respecter les édits contre les duels.
A genoux devant l’archevêque de Remis, il reçoit alors les sept onctions un peu d’huile de la Sainte-Ampoule mélangé au Saint-Chrême sur une patine d’or.
Les onctions se faisaient sur le sommet de la tête, sur la poitrine, entre les deux épaules, sur l’épaule droite, sur l’épaule gauche, à la jointure du bras droit, à celle du gauche.
Les évêques referment alors les ouvertures de la camisole et de la chemise, le prince de Turenne donne au Roi la tunique, la dalmatique et le manteau royal.
Il se remet à genoux.
L’archevêque lui fait la huitième onction sur la paume de la main droite, la dernière sur la paume de la main gauche.
Le garde des sceaux ayant appelé les pairs présents à la cérémonie, l’archevêque de Reims prend sur l’autel la couronne de Charlemagne apportée de Saint-Denis (en réalité une couronne de Saint Louis) et la met sur la tête du Roi, ou plutôt au-dessus, car elle est soutenue par des pairs, étant fort lourde et trop large pour la tête d’un enfant.
On avait construit un jubé muni de deux escaliers du côté de l’Evangile et du côté de l’Épître, le trône étant placé au milieu bien en vue. Précédé, suivi de gardes et de seigneurs, Louis XV monte sur ce trône, ayant en mains le sceptre et la main de justice, le maréchal de Villars portant devant lui l’épée, le comte de Charolais la queue du manteau royal. On ouvre les portes de la cathédrale, le peuple entre en foule, les hérauts d’armes distribuent dans le chœur et la nef une grande quantité de médailles d’or et d’argent frappées à cette occasion, toutes les cloches de la ville sonnent en même temps, l’artillerie tonne, les régiments des gardes rangés sur le parvis font une triple salve, l’orgue et la musique du Roi accompagnent le Te Deum chanté par le clergé et les fidèles."
Découvrez la suite de ce texte de Pierre Gaxotte dans un document joint en bas de page, écoutez ce texte grâce à la voix et l'interprétation du comédien Michel Girard.
Notre émission se poursuit en compagnie de Voltaire, grâce à des extraits des chapitres : XXXVI - sur les troubles intérieurs - et XXXVII - sur l'attentat contre la personne du Roi - de son ouvrage "Précis du siècle de Louis XV"
"Parmi tant d'agitations qui troublaient tous les esprits au milieu d'une guerre funeste : la guerre de 7ans contre la Prusse et l’Angleterre, dans le prodigieux dérangement des finances, qui rendait cette guerre plus dangereuse, et qui irritait l'animosité des mécontents, enfin parmi les épines des divisions semées de tous côtés entre les magistrats et le clergé, dans le bruit de toutes ces clameurs, il était très difficile de faire le bien, et il ne s'agissait presque plus que d'empêcher qu'on ne fît beaucoup de mal.
Ces émotions du peuple furent bientôt ensevelies dans une consternation générale par l'accident le plus imprévu et le plus effroyable. Le roi fut assassiné, le 5 janvier 1757, dans la cour de Versailles, en présence de son fils, au milieu de ses gardes et des grands officiers de sa couronne. Voici comment cet étrange événement arriva.
Un misérable de la lie du peuple, nommé Robert François Damiens, né dans un village auprès d'Arras, avait été longtemps domestique à Paris dans plusieurs maisons : c'était un homme dont l'humeur sombre et ardente avait toujours ressemblé à la démence.
Les murmures généraux qu'il avait entendus dans les places publiques, dans la grand' salle du palais et ailleurs, allumèrent son imagination. Il alla à Versailles, comme un homme égaré; et dans les agitations que lui donnait son dessein inconcevable, il demanda à se faire saigner dans son auberge. Le physique a une si grande influence sur les idées des hommes, qu'il protesta depuis, dans ses interrogatoires, que s'il avait été saigné, comme il le demandait, il n'aurait pas commis son crime.
Son dessein était le plus inouï qui fût jamais tombé dans la tête d'un monstre de cette espèce ; il ne prétendait pas tuer le roi, comme en effet il le soutint depuis, et comme malheureusement il l'aurait pu; mais il voulait le blesser : c'est ce qu'il déclara dans son procès criminel devant le parlement.
« Je n'ai point eu intention de tuer le roi ; je l'aurais tué si j'avais voulu, je ne l'ai fait que pour que Dieu pût toucher le roi, et le porter à remettre toutes choses en place, et la tranquillité dans ses états; et il n'y a que l'archevêque de Paris seul qui est cause de tous ces troubles. » (Interrogatoire du 18 janvier, art. 144, page 131, du procès de Damiens)
Cette idée avait tellement échauffé sa tête, que dans un autre interrogatoire, il dit :
« J'ai nommé des conseillers au parlement, parce que j'en ai servi un, et parce que presque tous sont furieux de la conduite de M. l'archevêque. » (Interrogatoire du 6 mars, page 289.)
En un mot le fanatisme avait troublé l'esprit de ce malheureux, au point que dans les interrogatoires qu'il subit à Versailles, on trouve ces propres paroles :
« Interrogé quels motifs l'avaient porté à attenter à la personne du roi, a dit que c'est à cause de la religion. » (Page 45.)
Tous les assassinats des princes chrétiens ont eu cette cause.
Le roi de Portugal n'avait été assassiné qu'en vertu de la décision de trois jésuites.
On sait assez que les rois de France Henri III et Henri IV ne périrent que par des mains fanatiques;
mais il y avait cette différence que Henri III et Henri IV furent tués parce qu'ils paraissaient ennemis du pape, et que Louis XV fut assassiné parce qu'il semblait vouloir complaire au pape.
L'assassin s'était muni d'un couteau à ressort, qui d'un côté portait une longue lame pointue, et de l'autre un canif à tailler les plumes, d'environ quatre pouces de longueur.
Il attendait le moment où le roi devait monter en carrosse pour aller à Trianon.
Il était près de six heures; le jour ne luisait plus; le froid était excessif; presque tous les courtisans portaient de ces manteaux qu'on nomme par corruption redingotes.
L'assassin, ainsi vêtu, pénètre vers la garde, heurte en passant le dauphin, se fait place à travers la garniture des gardes du corps et des cent-suisses, aborde le roi, le frappe de son canif à la cinquième côte, remet son couteau dans sa poche, et reste le chapeau sur la tête. Le roi se sent blessé, se retourne, et à l'aspect de cet inconnu qui était couvert, et dont les yeux étaient égarés, il dit :-C'est cet homme qui m'a frappé, qu'on l'arrête, et qu'on ne lui fasse point de mal. (C’est toi qui dit cette phrase, mais tu la joues)
Tandis que tout le monde était saisi d'effroi et d'horreur, qu'on portait le roi dans son lit, qu'on cherchait les chirurgiens, qu'on ignorait si la blessure était mortelle, si le couteau était empoisonné, le parricide répéta plusieurs fois : Qu’on prenne garde à monseigneur le dauphin, qu’il ne sorte pas de la journée.
A ces paroles l'alarme universelle redouble : on ne doute pas qu'il n'y ait une conspiration contre la famille royale : chacun se figure les plus grands périls, les plus grands crimes et les plus médités.
Heureusement la blessure du roi était légère; mais le trouble public était considérable, et les craintes, les défiances, les intrigues se multipliaient à la cour.
Le grand prévôt de l'hôtel, à qui appartenait la connaissance du crime commis dans le palais du roi, s'empara d'abord du parricide, et commença les procédures, comme il s'était pratiqué à Saint-Cloud dans l'assassinat d’Henri III.
Un exempt des gardes de la prévôté ayant obtenu un peu de confiance, ou apparente ou vraie, dans l'esprit aliéné de ce misérable, l'engagea à oser dicter de sa prison une lettre au roi même.
Damiens écrire au roi ! Un assassin écrire à celui qu'il avait assassiné !
Sa lettre est insensée, et conforme à l'abjection de son état, mais elle découvre l'origine de sa fureur : on y voit que les plaintes du public contre l'archevêque avaient dérangé le cerveau du criminel, et l'avaient excité à son attentat.
Il paraissait par les noms des membres du parlement cités dans sa lettre, qu'il les connaissait, ayant servi un de leurs confrères; mais il eût été absurde de supposer qu'ils lui eussent expliqué leurs sentiments; encore moins qu'ils lui eussent jamais dit ou fait dire un mot qui pût l'encourager au crime. Aussi le roi ne fit aucune difficulté de remettre le jugement du coupable à ceux de la grand'chambre qui n'avaient pas donné leur démission.
Il voulut même que les princes et les pairs rendissent, par leur présence, le procès plus solennel et plus authentique dans ses points aux yeux du public, aussi défiant que curieux exagérateur, qui voit toujours, dans ces aventures effrayantes, au-delà de la vérité. Jamais en effet la vérité n'a paru dans un jour plus clair.
Il est évident que cet insensé n'avait aucun complice : il déclara toujours qu'il n'avait point voulu tuer le roi, mais qu'il avait formé le dessein de le blesser depuis l'exil du parlement.
D'abord, dans son premier interrogatoire, il dit que la religion seule l'a déterminé à cet attentat.
Il avoue qu'il n'a dit du mal que des molinistes et de ceux qui refusent les sacrements, que ces gens-là croient apparemment deux dieux.
Il s'écria, à la question, qu'il avait cru faire une œuvre méritoire pour le ciel; c’est ce que j'entendais dire à tous ces prêtres dans le palais.
Il persista constamment à dire que c'était l'archevêque de Paris, les refus de sacrements, les disgrâces du parlement, qui l'avaient porté à ce parricide ; il le déclara encore à ses confesseurs.
Ce malheureux n'était donc qu'un insensé fanatique, moins abominable à la vérité que Ravaillac et Jean Chatel, mais plus fou, et n'ayant pas plus de complices que ces deux énergumènes.
Les seuls complices, pour l'ordinaire, de ces monstres sont des fanatiques dont les cervelles échauffées allument, sans le savoir, un feu qui va embraser des esprits faibles, insensés et atroces.
Quelques mots dits au hasard suffisent à cet embrasement. Damiens agit dans la même illusion que Ravaillac, et mourut dans les mêmes supplices.
Quel est donc l'effet du fanatisme, et le destin des rois! Henri III et Henri IV sont assassinés parce qu'ils ont soutenu leurs droits contre les prêtres.
Louis XV est assassiné parce qu'on lui reproche de n'avoir pas assez sévi contre un prêtre. Voilà trois rois sur lesquels se sont portées des mains parricides, dans un pays renommé pour aimer ses souverains.
Le père, la femme, la fille de Damiens, quoique innocents, furent bannis du royaume, avec défense d'y revenir, sous peine d'être pendus.
Tous ses parents furent obligés, par le même arrêt, de quitter leur nom de Damiens, devenu exécrable.
Cet événement fit rentrer en eux-mêmes pour quelque temps ceux qui, par leurs malheureuses querelles ecclésiastiques, avaient été la cause d'un si grand crime.
On voyait trop évidemment ce que produisent l'esprit dogmatique et les fureurs de religion. Personne n'avait imaginé qu'une bulle et des billets de confession pussent avoir des suites si horribles ; mais c'est ainsi que les démences et les fureurs des hommes sont liées ensemble. L'esprit des Poltrot et des Jacques Clément, qu'on avait cru anéanti, subsiste donc encore dans les âmes féroces et ignorantes!
La raison pénètre en vain chez les principaux citoyens : le peuple est toujours porté au fanatisme ; et peut-être n'y a-t-il d'autre remède à cette contagion que d'éclairer enfin le peuple même ; mais on l'entretient quelquefois dans des superstitions, et on voit ensuite avec étonnement ce que ces superstitions produisent…./
[Damiens fut exécuté le 28 mars 1757 en Place de Grève, sous les yeux d’une foule immense (y compris de dames de l’aristocratie). La main qui avait tenu le couteau fut brûlée avec du soufre, on lui entailla ensuite les membres et la poitrine et on y introduisit du plomb fondu, puis il fut écartelé et son troc fut finalement jeté dans les flammes. Voltaire et nombre d’esprits éclairés de son temps ne se sont pas émus de ce supplice atroce.]
Louis XV meurt de la petite vérole (variole) le 10 mai 1774, au château de Versailles. Voltaire prononce son éloge funèbre dans une Académie…
Nous vous proposons de poursuivre votre lecture de ces textes de Voltaire grâce au document que vous trouverez en pièce jointe en bas de page; Voltaire y évoque : la guerre de 7 ans (1756-1763) contre la Prusse et l’Angleterre qui se termine après le désastre de Rossbach et de nombreuses défaites dans les colonies, par le traité de Paris (1763).]
La lecture de ces textes est assurée par le comédien Arnaud Victor