Jean-Loup Dabadie : ses prédécesseurs sur le 19ème fauteuil de l’Académie française
Quels furent, à l’Académie française, les prédécesseurs de Jean-Loup Dabadie ? Voici, par Mireille Pastoureau, directeur-conservateur de la Bibliothèque de l’Institut, l’histoire du 19ème fauteuil dont il est aujourd’hui le vingt-deuxième titulaire. Des personnalités variées y siégèrent, évoquées ici grâce aux ouvrages de la Bibliothèque de l’Institut, qui réunit les bibliothèques des Cinq Académies composant l’Institut de France.
Le tout premier occupant de ce 19 ème fauteuil appartenait au premier cercle des amis qui se réunissaient chez Valentin Conrart. Il s'agit de François de PORCHÈRES d’ARBAUD(1590-1640) qui fut admis à l’Académie française en 1634. Né en Provence (Porchères est un village près de Forcalquier), ce poète ne doit pas être confondu avec un autre, Honorat de Porchères Laugier, également membre de l’Académie française. Disciple en poésie de Malherbe, dont il édita les œuvres, Porchères d’Arbaud laissa une traduction en vers français des Psaumes de David et des poèmes.
Le deuxième fut l'avocat au Parlement Olivier PATRU (1604-1681), élu en 1640, considéré comme l'un des maîtres de l'éloquence pour la pureté de sa langue et l'élégance de ses plaidoyers. Son discours de remerciement, prononcé lors de sa réception à l’Académie, devint une tradition. "On en demeura si satisfait qu'on a obligé tous ceux qui ont été reçus depuis d'en faire autant" écrit Pellisson dans son Histoire de l’Académie. Défenseur du purisme dans la lignée de Malherbe, il aida et conseilla Vaugelas dans la rédaction de ses Remarques sur la langue française. Vers 1660 son influence était grande dans les milieux littéraires. Il rassembla autour de lui un groupe d'écrivains dans lequel se trouvaient Richelet qu'il aida pour l'élaboration de son dictionnaire et Nicolas Boileau qui lui confia ses textes à relire.
Après lui, vinrent le parlementaire Nicolas POTIER de NOVION(1618-1693), élu en 1681. Puis le traducteur Philippe GOIBAUD-DUBOIS(1626-1694), élu en 1693.
Le cinquième titulaire fut l'abbé Charles BOILEAU(1648-1704), élu en 1694 qui doit être distingué de Nicolas Boileau-Despréaux, son contemporain à l’Académie, l'auteur des fameuses Epîtres. Mais la réputation de ce Charles Boileau lui valut l'honneur de prêcher à la cour de Louis XIV, qui le récompensa en le nommant abbé de Beaulieu-lès-Loches.
Lui succèdent, d'abord un autre abbé, Gaspard ABEILLE(1648-1718), élu en 1704. Puis quatre membres qui appartenaient conjointement à deux académies (le cas est assez rare mais il existe tout de même encore de nos jours) :
- l'Abbé Nicolas-Hubert de MONGAULT (1674-1746). Élu membre associé de l’Académie des inscriptions en 1711 et membre de l’Académie française en 1718.
- Charles DUCLOS ou PINOT DUCLOS(1704-1772). Élu membre de l’Académie des inscriptions en 1739 et de l’Académie française en 1746 dont il devint secrétaire perpétuel en 1755. Il était grammairien, moraliste, historien, romancier.
- Nicolas BEAUZÉE (1717-1789). Élu membre de l’Académie française en 1746 et de l’Académie des Inscriptions en 1772, lui aussi grammairien, notamment dans l'Encyclopédie.
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Jean-Jacques, dit l’abbé BARTHÉLEMY (1716-1795). Élu membre de l’Académie des inscriptions en 1747 et de l’Académie française en 1789.
Homme d'Église, orientaliste, numismate, il était passionné par les langues. Il entra chez les Lazaristes à Marseille où il apprit l’arabe, le syriaque et l’hébreu, et s’initia à l’archéologie, acquérant une bonne notoriété dans le domaine des antiquités orientales. Renonçant à la prêtrise, il partit pour Paris où il devint le collaborateur, puis le successeur du conservateur de la collection royale des médailles de la Bibliothèque du Roi. Jusqu'à sa mort, il consacra la plus grande partie de son énergie à accroître cette collection. En 1755-1757, il accompagna à Rome l’ambassadeur de France, le futur duc de Choiseul, dont il devint le familier, jusqu’à le suivre dans sa retraite de Chanteloup lorsque Choiseul fut disgrâcié. Ses publications érudites sont nombreuses. Il fut le dernier académicien élu par l'ancienne Académie mais vit sa carrière brisée par la Révolution. Membre des Académies de Londres, Madrid, Cortone, Pezaro, il reçut une reconnaissance à l'échelle européenne pour ses travaux historiques. Il reste célèbre comme l'auteur du Voyage du jeune Anacharsis en Grèce vers le milieu du quatrième siècle avant l’ère vulgaire. L’abbé Barthélemy consacra plus de trente années à cet ouvrage qui devint très populaire dès sa publication en 1788 et au cours des premières décennies du 19e siècle. L’auteur substitue à l'analyse historique traditionnelle, la description des lieux, des personnages, des us et coutumes tel qu'observés par un voyageur fictif, un jeune Scythe nommé Anacharsis, qui aurait parcouru la Grèce vers le milieu du IVe siècle av. J.-C.
Le onzième titulaire fut Marie-Joseph CHÉNIER (1764-1811), nommé (et non élu) en 1795 dans la section de poésie de la troisième classe (littérature et beaux-arts) de l’Institut National, il fut placé dans la deuxième classe lors de la réorganisation de 1803. Frère cadet du poète André Chénier, il fut, à son époque, le plus célèbre des deux frères. Après quelques pièces sans aucun succès, il remporta un triomphe à la fin de 1789 en faisant jouer un Charles IX où sa plume de patriote dénonçait vigoureusement les tyrans. La même faveur du public accueillit son Henri VIII en 1791 et son Caïus Gracchus en 1792. Sa célébrité lui valut d'être élu sans peine député de la Seine-et-Oise à la Convention et il appartint à toutes les législatures de 1792 à 1802. Membre du parti de Danton, il vota la mort de Louis XVI. Il se consacra surtout aux travaux du comité de l'Instruction publique : sur son rapport, à la fin de 1792, fut décidé l'établissement des écoles primaires et, le 3 janvier 1795, l'attribution de 300 000 francs de secours entre 116 savants, littérateurs et artistes. Il prit part à l'organisation de l'Institut de France. Il participa, avec le peintre David et le compositeur François-Joseph Gossec, à l'organisation de nombre des grandes fêtes révolutionnaires entre 1790 et 1794. On lui doit les paroles du Chant du départ.
Petite pause musicale pour écouter les paroles du Chant du Départ, sur une musique de l'académicien Etienne Méhul (1763-1817), nommé par l'arrêté du 20 novembre 1795 membre de la classe de Littérature et Beaux-arts, section Musique. Puis par l'ordonnance royale du 21 mars 1816, membre de l'Académie des beaux-arts, sesction de composition musicale.
Lui succède François-René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), élu en 1811 dans la deuxième classe de l’Institut impérial , qui ne fut jamais reçu officiellement. Bien que Chateaubriand ait pris ses distances avec l’Empire après l’assassinat du duc d’Enghien, Napoléon continuait de vouer une grande admiration à ses oeuvres et ne désespérait pas de s’attacher celui qu’il considérait comme l’écrivain du siècle. Lequel a prétendu plus tard que Fontanes lui avait transmis le souhait de Napoléon de le voir présenter sa candidature à l’Institut et que, après son refus, le duc de Rovigo, ministre de la police, lui en avait intimé l’ordre « sous peine d'être renfermé à Vincennes pour le reste de ses jours ". Il fit donc acte de candidature. L'élection s'annonçait disputée car la classe se trouvait partagée entre trois clans : les fidèles de l’Empereur, les royalistes et les républicains. Chateaubriand s'acquitta en partie de ses visites académiques, se rendant en personne chez ses amis ou chez les académiciens pouvant lui être favorables, mais se contentant de déposer sa carte, à cheval, chez ses adversaires.
Il fut élu de justesse au second tour, par 13 voix contre 12 à Charles Lacretelle Jeune, qui fut élu à son tour quelques mois plus tard. Napoléon se déclara satisfait et dit à Fontanes : " Je verrai s'il n'y a pas moyen de donner au nouvel élu quelque grande place littéraire, une direction générale des bibliothèques de l'Empire. ". Mais le caractère indépendant de Chateaubriand modifia ses projets. Selon l’usage académique, son discours de réception aurait dû consister en un double éloge de son prédécesseur et de l’Empereur. Or, lorsque ses confrères en découvrirent le contenu, en prélecture, comme c’est encore la coutume quelque temps avant la réception, ils constatèrent que Chateaubriand y condamnait ouvertement la Révolution et exaltait la liberté : il blâmait Marie-Joseph Chénier d'avoir voté la mort du roi, ne vantait que fort peu ses ouvrages, rendait en revanche un hommage appuyé au frère de Marie-Joseph, André Chénier, guillotiné en 1794 , et louait la fidélité du poète Delille à la famille royale. L’avis des académiciens sur le discours fut partagé. Inquiets de la réaction de Napoléon, ils firent apporter le texte à Saint-Cloud par Regnaud de Saint-Jean d'Angély, comte d’Empire, pour recueillir l’arbitrage de l’Empereur. Celui-ci dit brusquement au grand maître des cérémonies, le comte de Ségur, qui avait opté pour l'admission du discours : " Monsieur, les gens de lettres veulent donc mettre le feu à la France ! J'ai mis tous mes soins à apaiser les partis, à rétablir le calme, et les idéologues voudraient rétablir l'anarchie ! Sachez, Monsieur, que la résurrection de la monarchie est un mystère. C'est comme l'arche ! Ceux qui y touchent peuvent être frappés de la foudre ! Comment l'Académie ose-t-elle parler de régicides quand moi, qui suis couronné et qui dois les haïr plus qu'elle, je dîne avec eux et je m'assois à côté de Cambacérès ? Avouez que comme homme de lettres et comme homme de goût, M. de Chateaubriand a fait une inconvenance, car enfin, lorsqu'on est chargé de faire l'éloge d'une femme qui est borgne, on parle de tous ses traits, excepté de l'oeil qu'elle n'a plus. "
L'Empereur rendit le manuscrit raturé de parenthèses et de grands coups de crayon au travers des pages. L' "ongle du lion " était enfoncé partout dans ce texte, dit Chateaubriand, qui refusa obstinément toute modification à son discours. Le discours ne fut jamais prononcé, Chateaubriand ne fut donc jamais reçu et il ne fut autorisé à siéger à l’Académie qu’après la Restauration.
Le treizième titulaire fut un duc, le Duc Paul de NOAILLES (1802-1885). Élu à l’Académie en 1849, pair de France en 1824, historien de Mme de Maintenon.
Après lui, siégea un journaliste populaire, Edouard HERVÉ, élu en 1886.
Puis le président Paul DESCHANEL (1855-1922), élu en 1899 et membre de l’Académie des Sciences morales et politiques en 1914 (section générale).
Paul Deschanel naquit à Bruxelles où son père, ardent républicain, vivait alors en exil, proscrit depuis le coup d'État du 2 décembre 1851. Après des études de lettres et malgré une inclination naturelle pour les activités d’écrivain et de comédien (il se passionnait pour les films de Buster Keaton), il entama une carrière politique qui s'annonça vite prometteuse et devint sous-préfet de Dreux à vingt-deux ans. Il fut président de l'Assemblée Nationale à deux reprises, de 1898 à 1902, puis de 1912 à 1920. Entre temps, il avait été élu à l'Académie française en 1899, à l'âge de 45 ans. Deschanel était un orateur réputé, avec une tendance à la théâtralisation, et puisait son inspiration directement chez les tribuns d'Athènes et de Rome.
Après l'armistice, c'est sur sa personne que se fit l'union des opposants à Clemenceau et, le 18 janvier 1920, il fut élu président de la République à la place du " Tigre ", dont il ruinait ainsi l'ultime ambition. Dans la nuit du 23 mai 1920, le Président, grippé et fatigué, tomba du train qui le conduisait à Montbrison et cet incident contribua à l’injuste accusation de troubles mentaux qui le conduisit à démissionner de sa fonction de président de la République, le 21 septembre 1920.
Le seizième titulaire fut Auguste-Charles JONNART (1857-1927), élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1918 et de l’Académie française en 1923. On lui doit d'avoir favorisé en Algérie-dont il fut à trois reprises gouverneur général- dans l’architecture publique, le style néo-mauresque, dit "style Jonnart ", fondé sur un retour à l’esthétique locale et à des emprunts à l’architecture arabo-andalouse. En 1911, Charles Jonnart fut nommé ministre des Affaires étrangères. Après la guerre, il fut nommé ambassadeur de France près le Saint-Siège, avec la mission délicate de renouer les relations diplomatiques avec le Vatican.
Jonnart fut élu à l’Académie contre Charles Maurras, par 16 voix. Le scrutin fut un des plus tumultueux de l’histoire de l’Académie française. Bien que n’ayant pas d’œuvre littéraire, Jonnart, dit-on, triompha, après quatre tours, de Maurras et Fernand Gregh, parce que la nouvelle venait de se répandre que le Vatican reconnaissait enfin le statut des biens de l’Église de France. Pour se venger, l’Action française fit dérober les bulletins de vote et publia la liste des académiciens qui avaient voté pour le diplomate. C’est à dater de cet épisode qu’on décida de brûler les bulletins, immédiatement après le scrutin. Charles Jonnart fut reçu le 15 janvier 1925 — lors d’une séance que vinrent encore troubler les camelots du roi, partisans de Charles Maurras — par Mgr Baudrillart.
Et après lui, c'est encore un diplomate Maurice PALÉOLOGUE (1859-1944), éu en 1928, qui occupa ce fauteuil. En janvier 1914, il fut nommé ambassadeur à Saint-Pétersbourg. À ce poste, il joua un rôle de premier plan dans les négociations liées au premier conflit mondial.
Lui succède un autre diplomate, Charles de CHAMBRUN (1875-1952), élu en 1946 ; suivi d'un poète et homme de lettres, Fernand GREGH (1873-1960), élu en 1953.
Le vingtième titulaire était un homme de culture, de lettres et surtout de cinéma : René CLAIR (1898-1981). Élu en 1960.
René Clair est le pseudonyme de René Lucien Chomette. Fils d’un savonnier du quartier des Halles à Paris, il fit ses études aux lycées Montaigne, puis Louis-le-Grand. Passionné par la littérature et auteur de vers de jeunesse, il entama une carrière de journaliste à L’Intransigeant, puis se tourna vers le cinéma, où il fit ses débuts comme acteur, d’où le pseudonyme de René Clair, avant de devenir assistant de Jacques de Baroncelli, puis d’Henri Diamant-Berger. Il écrivit par ailleurs des paroles pour la chanteuse Damia, sous le pseudonyme de Danceny....C'est avec son premier film parlant, Sous les toits de Paris (1930), qu'il acquit une réputation internationale. Le succès se confirma avec Le Million (1930) et À nous la liberté (1931), satire utopiste de la société industrielle. Fin juin 1940, René Clair quitta la France et s'embarqua pour New York. Il fut bien accueilli à Hollywood et y tourna quatre films : La Belle ensorceleuse (1940), Ma Femme est une sorcière (1942), C'est arrivé demain (1943) et Dix Petits Indiens (1945).
Il rentra en France en 1946, tourna Le silence est d'or (1947), La Beauté du diable (1949), puis Les Belles de nuit (1952). En 1955, sortit son premier film en couleur, Les Grandes Manœuvres, qui obtint le Prix Louis-Delluc. René Clair se consacra aussi à l'écriture et à la mise en scène théâtrale. Il est l’auteur de plusieurs romans et nouvelles. Il fit du sujet cinématographique un genre littéraire à part entière. Docteur honoris causa de l’université de Cambridge, grand prix du cinéma français en 1953, René Clair est le premier cinéaste élu à l’Académie.
Et le vingt-et-unième titulaire fut celui dont Jean-Loup Dabadie a prononcé l'éloge dans son discours de réception sous la Coupole le 22 mars 2009 :
Pierre MOINOT (1920-2007), élu en 1982. Né le 29 mars 1920 en Poitou, dans une famille d’enseignants. Enfance campagnarde. Il participe à la constitution d’un réseau de résistance, puis gagne le Maroc, prend part à la campagne d’Italie, débarque en Provence, est blessé sur les Vosges et termine la guerre à Sigmaringen. Légion d’honneur à titre militaire. Reçu en 1946 comme auditeur à la Cour des comptes qu’il a quittée comme procureur général, en 1986. Albert Camus fait publier, en 1948, ses premières nouvelles. Il reçoit le prix international du roman de langue française Charles Veillon pour son premier roman (1952), puis le prix Sainte-Beuve (1953), le prix du roman de l’Académie française (1954), le prix des libraires de France (1964), le prix de télévision Albert Ollivier (1979), le prix Femina (1979), le prix du Rotary international (2000), le grand prix Jean Giono (2004). Il a également fait du journalisme et du grand reportage (notamment la descente du Niger, en 1956, avec Jules Roy), collaboré aux films du cinéaste animalier François Bel sur les animaux d’Afrique, et écrit plusieurs scénarios ou adaptations pour la télévision. Conseiller au cabinet d’André Malraux en 1959, il accompagne ce dernier dans plusieurs missions en Amérique latine. Il met en place la réglementation d’aide au cinéma, puis organise la direction des théâtres et de l’action culturelle, prépare le premier plan d’équipement culturel, crée la première maison de la culture, et devant la faiblesse du budget culturel choisit de revenir à la Cour des comptes. Rappelé par André Malraux, en 1966, et nommé directeur général des Arts et des Lettres, il est chargé d’une réforme qui l’amènera à proposer la suppression de son poste et à démissionner de ce fait en 1969.
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Cette présentation est extraite du document réalisé par Mireille Pastoureau, directeur de la Bibliothèque de l’Institut. L'intégralité du texte est téléchargeable sur le site Internet de la bibliothèque :
www.bibliotheque-institutdefrance.fr
Dans cette même série, vous pouvez écouter d'autres émissions consacrées à plusieurs fauteuils de l'Académie française :
- Max Gallo : ses prédécesseurs sur le 24e fauteuil de l’Académie française
- Dominique Fernandez : ses prédécesseurs sur le 25e fauteuil de l’Académie française
- Philippe Beaussant : ses prédécesseurs sur le 36e fauteuil de l’Académie française
- René Girard : ses prédécesseurs sur le 37efauteuil de l’Académie française
L'éloge de Pierre Moinot peut être écouté Jean-Loup Dabadie reçu sous la Coupole