Point de vue : Jean-Robert Pitte, bientôt une cité de la gastronomie ?
Jean-Robert Pitte, académicien et président de la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires donne son point de vue sur la décision de l’Unesco qui consacre le repas gastronomique français et l’inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, en souhaitant que l’on aille encore plus loin : vers une cité de la gastronomie...
C'est une première. Un comité intergouvernemental de l'Unesco a choisi mardi 16 novembre d'inscrire le repas gastronomique des Français au patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Jean-Robert Pitte, membre de l'Académie des sciences morales et politiques et président de la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires s'exprime à ce sujet au micro de Canal Académie :
- «Soignez votre assiette ! Faites la cuisine ! Cela ne vous prendra pas beaucoup de temps. Vous pouvez faire des plats simples qui seront toujours supérieurs à tout ce qu'on peut trouver dans le commerce.»
Cette décision est la première – et par conséquent aujourd’hui la seule – à figurer dans la longue liste visant à protéger les cultures et traditions populaires, au même titre que les sites et les monuments, depuis la convention de 2003, ratifiée par 132 pays. L'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, réunie à Nairobi, a accepté les trois dossiers présentés par la France (le repas gastronomique français, la dentelle au point d'Alençon et le compagnonnage), jugeant qu'ils représentaient "la diversité du patrimoine immatériel" et qu'il fallait "prendre davantage conscience de leur importance". Nous pouvons être fiers de notre pays ! Mais pourquoi ne pas aller plus loin ?
Sur la création d'une cité de la gastronomie
- «La gastronomie - entendue comme l'art du bien manger et du bien boire - est un élément essentiel de la culture des Français. Nous voulons donc la mettre en valeur et créer un lieu singulier. Nous avons prévu un certain nombre de mesures qui touchent à la transmission mais aussi à la création d'un haut lieu, vitrine destiné à tous les publics où chacun puisse trouver ce qu'il cherche dans ce domaine.»
C’est donc le repas associé à l’identité culturelle française qui est mis en exergue, dans toutes ses composantes : l’achat de bons produits, de préférence locaux, dont les saveurs s’accordent bien ensemble ; le choix attentif des mets, parmi un recueil de recettes qui ne cessent de s’enrichir ; le mariage entre mets et vins ; l’esthétisme de la table ; les conversations. Le repas gastronomique doit aussi respecter un schéma bien particulier : il commence par un apéritif et se termine par un digestif, avec entre les deux au moins quatre plats, à savoir une entrée, du poisson et/ou de la viande, du fromage et un dessert. Une exception à la française !
- «La cuisine est un art ! Elle fait partie des formes d'expression artistiques. Je rêve qu'un jour mes confrères de l'Académie des beaux-arts élisent en leur sein un grand cuisinier talentueux et un grand vigneron talentueux.» Message passé !
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