Algérie 1830-1962 : le rôle de l’armée française
Le musée de l’Armée, aux Invalides propose au public jusqu’à la fin du mois de juillet une exposition qui retrace l’histoire de la présence militaire française en Algérie de 1830 à 1962 : une histoire militaire ouverte, qui joue la carte de l’apaisement, abordant tous les sujets concernant son rôle en Algérie, y compris celui de la torture, des Harkis abandonnés pour la plupart, de l’OAS, à l’exception des essais nucléaires passés sous silence, l’exposition est une première remarquable sur le sujet, dans son traitement et dans les archives réunies et présentées : opération réussie pour l’armée, traditionnelle "Grande Muette", plutôt prolixe en l’occurrence.
L’année 2012 marque de part et d’autre de la Méditerranée, le cinquantenaire de la fin de la présence militaire française en Algérie. Commencée en 1830, la conquête de l’Algérie fut longue et difficile devant la résistance de l’émir Abdel Kader. Une relation complexe entre les deux pays débuta puis se développa à travers la colonisation qui ne prit fin qu’en 1962 avec les accords d’Évian. Ceux-ci mirent fin à la guerre d’Algérie commencée huit ans plus tôt en 1954, longtemps dénommée sous l’expression les événements d’Algérie et non par celle de guerre d’indépendance. Le Musée de l’Armée aux Invalides, à Paris, aborde depuis quelques années l’histoire militaire de la France par des expositions tournées vers le temps présent. Pour la première fois, depuis la fin de la guerre d’Algérie, un musée national en France, en l’occurrence le musée de l’Armée, a décidé d’une exposition autour du rôle de l’armée française en Algérie de 1830 à 1962. Ainsi 132 années de présence française dans le processus de la colonisation et celui de la décolonisation sont passées au crible à travers l’histoire et les archives de l’Armée française. Vaste sujet, qui ne prend pas en compte l’histoire des migrations entre les deux pays, ni leur histoire politique réciproque sinon pour en expliquer l’histoire militaire et bien le cerner.
Les auteurs de l'exposition n’entendent pas renouveler l’apport scientifique des travaux historiques consacrés à la Guerre d'Algérie. Cette exposition est le fruit d’un dialogue entre le musée et des historiens français et Algériens, par volonté de rendre accessible cette histoire « douloureuse » pour certaines communautés, témoins et actrices, au sein de la guerre dont elles ont encore du mal à parler.
Cette mise en lumière est un défi à la clarté, à l’honnêteté intellectuelle, un défi pour « les mémoires » et un hommage aux victimes de tout bord. Le général de division, le directeur du musée Christian Baptiste n’a pas voulu «réconcilier les mémoires désunies parce que dans son esprit, le Musée de l’Armée se doit de proposer à tout citoyen le récit des faits, leurs enchaînements, leurs causes, sans rien occulter mais sans s’appesantir avec complaisance, aux risques de blesser inutilement.»
Au 27 juin, plus de 24 500 visiteurs sont déjà venus voir l'exposition Algérie 1830-1962, avec Jacques Ferrandez. Au moment du cinquantenaire des Accords d'Évian (18 mars 1962) et de celui de l'indépendance de l'Algérie (5 juillet 2012), l'exposition a failli ne pas avoir lieu. Elle réunit 270 pièces : peintures, uniformes, armes, photos, films, coupures de presse, affiches de propagande. Si la plupart des pièces proviennent des collections du musée, beaucoup ont été prêtées. «Au début du projet, certains haut-fonctionnaires craignant un traitement caricatural, se sont émus du lancement d'une telle exposition sans en connaître pleinement le contenu. Dès que le projet leur fut présenté, il reçut l'aval des autorités françaises» (Lieutenant-Colonel Bertrand).
Le Lieutenant-Colonel Bertrand, commissaire de l’exposition, est l’invité de Canal académie pour présenter l'exposition, à voir jusqu'au 29 juillet 2012. Les planches de Jacques Ferrandez, auteur de bande-dessinée, spécialisé depuis 25 ans dans l'histoire de la présence française en Algérie avec Carnets d'Orient, accompagnent le parcours de l'exposition. Il évoque dans cet entretien la mission du musée, le parcours de l'exposition, l'histoire de la conquête de l'Algérie au XIXe siècle, véritable matrice de la relation entre les deux pays et revenant sur ce que représente pour une conquête militaire. Il explique pourquoi on peut aujourd'hui concrétiser un tel sujet par une exposition expliquant l'importance de la défaite de l'Armée française en Indochine et le souvenir qu'a laissé la guerre d'Algérie dans la culture militaire des officiers. Il revient sur les raisons qui ont poussés les commissaires de l'exposition à parler des points délicats tels que la torture ou l'OAS, la manifestation du 17 octobre 1961. Il s'explique sur le fait d'avoir mis des guillemets au terme de "Pacification" au sein de l'exposition, revient sur cette forme de la guerre, qui s'est traduite par un soutien médical, éducatif, administratif, et des recensements des populations pour mieux les contrôler, obtenir des renseignements voire des ralliements.
«On nous a reproché des mettre des guillemets à "pacification" car aujourd’hui ce mot n’a plus la même signification. Pour la guerre d’Algérie c’était le côté positif, un des aspects de la conduite de la guerre par l’armée française. L’idée était d’essayer de remplacer une sous-administration ; d’apporter l’école, les médecins, le « bien-être » français absent pendant des années. Un côté civilo-militaire qui a d’un côté une volonté de conquérir les cœurs et faire en sorte qu’ils soient un soutien de l’action de l’armée française Dans cette première phase de la guerre de 1954 à 1958, on utilise des méthodes de la guerre d’Indochine, on a appris des erreurs commises durant cette guerre. C’est ce côté-là de la pacification alors qu’aujourd’hui beaucoup d’historiens utilisent le terme de « pacification » pour qualifier l’ensemble de la manière dont l’armée française à mener la guerre c'est-à-dire à la fois les aspects de soutien à la population mais en même temps les aspects militaires intenses, les combats, les camps de regroupements … La « pacification » terme employé par l’armée française n’a plus cette signification aujourd’hui. C’est un type de guerre qui porte le nom de « pacification ». Instaurer la paix c’est l’argument mais l’objectif est de casser toute forme de résistance. Pour nous ce terme-là n’a plus du tout le même sens que celui utilisé pendant la guerre d’Algérie.»
Il évoque le rôle de l'image, les supplétifs de l'armée française SAS, harkis, moghaznis, la pratique de la torture et les liens et les rapports de l'OAS avec l'armée française. L'entretien s'achève sur la question des mémoires, ici, c'est-à dire les différents points de vue des différents groupes militaires qui se sont combattus. «On est resté fidèle du début à la fin à notre fil conducteur qui est l’histoire militaire. On a fait intervenir des anciens appelés, des anciens officiers ainsi que d’un harki on n’a pas pu en avoir plusieurs c’est dommage. A travers deux témoignages d’anciens cadres de l’ALN et du FLN, nous avons souhaité donner la parole aussi à des combattants qui se sont opposés à l’armée française. On leur a posé à chacun, 5 questions identiques : où ils étaient pendant les événements ? Qu’est ce qu’ils faisaient ? Quel est l’événement qui les a le plus marqué ? Est-ce que pour eux le combat pour l’Algérie française avait une signification ? Qu’est-ce qu’ils en ont retenu aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’ils transmettent à leur enfant ? Ces questions ont été aussi bien posées à des combattants français que des combattants algériens. Cette séquence ferme sans la fermer l’exposition et montre que la mémoire est encore très forte.»
Le Musée de l’Armée raconte dans ses salles d’expositions, l’histoire militaire de la France du Moyen Âge jusqu’à 1945, voir au-delà de cette date avec des expositions temporaires. L'exposition permet d’aborder des thèmes non traités dans les espaces permanents du musée. Le phénomène de la colonisation et celui de la décolonisation y sont habituellement évoqués sur des surfaces assez réduites, de manière très générale sans entrer vraiment dans le vif du sujet. L'exposition permet ainsi la présentation des collections qui ne sont plus présentées sur les cimaises du musée mais restent dans les réserves. Parmi ces collections, c'était l'occasion d'exhumer celle qui s’est construite autour de la conquête de l’Algérie, présentée quelques années auparavant dans les espaces du musée et qui aujourd’hui ne le sont plus, faute de place. Pour le commissaire de l'exposition, l'idée est née de la volonté de raconter un pan de notre histoire militaire du XIX eet du XXe siècle, en dehors de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Le fait colonial est un fait important auquel l’armée à participer jusqu’à la fin, et sa présence en Algérie fut très importante tout au long de l’histoire. De plus, c’était aussi le moment de parler de cette histoire, 50 ans après les accords d’Évian qui accordaient l’indépendance à l’Algérie.
L'exposition offre une vision assez citoyenne de ces évènements complexes et imbriqués. Elle prend surtout en compte "le temps long de l'histoire."
Deux espaces séparés pour deux périodes, 1830-1913 et 1913-1962, pour raconter 132 années de présence française en Algérie, à travers l'armée.
Un premier espace traite de la période 1830-1913. La fin de la Régence ottomane et l'occupation restreinte de l'Algérie avec la reconnaissance d'un accord de souveraineté de l'émir Abd el-Kader sur les deux-tiers de l'Algérie, débute le parcours de l'exposition. Ensuite, la conquête absolue de l'Algérie par le général Bugeaud, nommé gouverneur de l'Algérie à partir de 1841 est abordée. Après 15 ans d'une lutte acharnée, Abd el-Kader remet sa reddition au général Lamoricière le 23 décembre 1947.
Les derniers temps de la conquête sous le Second Empire et l'éphémère Royaume arabe constitue le troisième volet. L'Algérie est alors déclarée territoire français et est organisée en 3 départements. L'empereur Louis-Napoléon Bonaparte, sous l'influence de conseillers saint-simoniens s'est rendu deux fois en Algérie (1860-1865). Il a alors le projet audacieux de mettre sur pied l'égalité politique et économique entre la métropole et l'Algérie. Son projet de Royaume arabe est vivement condamné et abandonné.
L'administration du territoire et de sa population par l'armée fait alors de l'Algérie un vaste champ d'exploration et d'observation scientifique. Routes et ponts sont construits. Les bureaux arabes deviennent le lieu privilégié de la rencontre entre militaires et "indigènes". C'est le temps de L'appropriation du territoire : maîtriser le territoire, connaître et administrer la population, en d'autres termes, la découverte pour les officiers de cet "autre" qui fascine et intrigue et surtout résiste. La Troisième République consolide la colonisation et étend sa domination au Sahara. Elle met fin au régime du sabre et consacre le retour de l'administration civile en Algérie. La révolte de 1871 durement réprimée enclenche une politique coloniale où le pays, assimilé à la France, devient le bien presque exclusif de colons, tandis que les colonisés sont soumis à des dispositions juridiques d'exception, consacrées en 1881 par le Code de l'indigénat. Le Sahara est exploré et placé sous férule militaire suite au cycle des révoltes Touaregs et de leurs répressions qui s'enchaînent dans le Sud algérien.
Dans le Second espace de l'exposition (1914-1962), l'accent est mis sur les soldats d'Algérie qui ont participé à tous les combats de la France en Europe et dans le monde (240 000 pour la Première Guerre mondiale, 250 000 en 1940, des milliers auprès des forces de la France libre). Le 8 mai 1945, alors que l'armistice est fêté, des émeutes éclatent dans le Nord Constantinois. Une centaine d'Européens sont tués et l'armée française mène une répression qui fait des milliers de morts. Un nouveau statut, celui de 1947 n'apporte pas l'égalité électorale malgré le développement du nationalisme algérien depuis les années vingt avec Messali Hadj et la publication du Manifeste du peuple algérien de Ferhat Abbas en 1943.
Le 7e volet de l'exposition se concentre sur l'Armée française et l'Armée de libération nationale (1954-1958) et le 8e volet, sur De Gaulle, l'Algérie et les militaires (1958- 1962). On entre dans le vif du sujet, celui de la Guerre d'Algérie (1954-1962). Le 1ernovembre 1954, le Front de libération nationale (FLN) déclenche une série d’attentats qui annonce le
début de la guerre d’indépendance. Le nouveau ministre résidant en Algérie, Robert Lacoste est décidé à réprimer fermement l’insurrection, en accord avec l'État-major en Algérie sur la dimension révolutionnaire du conflit en cours. Le contexte, faut-il le rappeler, est celui de la guerre froide. En mars 1956, le gouvernement obtient le vote des "pouvoirs spéciaux" par l’Assemblée nationale à une très forte majorité, ce qui permet à l'armée non seulement d'obtenir l'envoi des rappelés et du contingent, mais aussi de prendre toutes les mesures, même les plus controversées, pour mener une "contre-guérilla" face aux unités de l'Armée de libération nationale (ALN), fortes, en 1957, d'environ 40.000 hommes (soit un quart des forces françaises). La tactique de l'armée repose sur l'établissement d'un quadrillage du territoire, la création de zones interdites, de camps de regroupement ainsi que sur la mise en œuvre d'une guerre psychologique visant à priver le FLN du soutien de la population.
Les sections administratives spécialisées (SAS) créées en 1955 sont les sections administratives spécialisées chargées d’établir ou de rétablir le contact avec les populations rurales, en développant notamment l’instruction et l’assistance médicale, exercée par des infirmiers ou des équipes médico-sociales itinérantes. Les képis bleus, surnoms des officiers SAS, ont également un rôle de maintien de
l’ordre et de pacification pour gêner l’action des organisations politiques et administrative du FLN. Elles deviennent la cible d’attaques et subissent de lourdes pertes (752 morts dont 70 officiers, 33 sous-officiers, 42 attachés et 607 moghaznis). Les moghaznis sont des supplétifs musulmans chargés de la protection des sections administratives spécialisées. À la fin de la guerre d’Algérie, les 20 000 moghaznis sont répartis dans des maghzens constitués de 30 à 50 hommes. L’armée française, généralement méfiante envers les supplétifs qui risquent à tout moment de rejoindre l’ALN, fournit aux moghaznis des armes obsolètes.
En 1958, Pierre Pflimlin, plusieurs fois ministre sous la IVe République, évoque la possibilité de négocier avec le FLN ; en réponse, les Français d’Algérie manifestent en masse à Alger le 13 mai et créent avec des militaires des comités de salut public. Pierre Pflimlin fut l'avant-dernier Président du Conseil de la Quatrième République investi par l'Assemblée le 14 mai 1958 à deux heures du matin (par 274 voix contre 129), il n'avait constitutionnellement aucun pouvoir au moment où se déroulaient la veille les événements d'Alger (le 13 mai). Son gouvernement dura 15 jours. Devant la menace de guerre civile, il préféra remettre sa démission (28 mai). Le général de Gaulle bénéficiant du soutien de l’Armée et d'une partie de l’opinion française, se place alors en arbitre de la situation. Il est appelé par le président de la République René Coty à former un gouvernement (1er juin 1958). Ayant dû céder la place à Charles de Gaulle, Pierre Pflimlin occupa toutefois dans son gouvernement le poste de ministre d'État (1e juin 1958 - 8 janvier 1959).
A l’issue du référendum de septembre 1958 sur l’adoption de la Constitution de la Cinquième République, le général de Gaulle donne pour mission à l’Armée de remporter la victoire militaire mais de cesser toute activité politique. En 1959 et 1960, les opérations du plan Challe laminent l’ALN (Armée de Libération Nationale).
Parallèlement à une politique de modernisation de l’Algérie (Plan de
Constantine) et de promotion des Algériens (qui obtiennent les mêmes
droits civiques que les Français d'Algérie), le général de Gaulle propose
en septembre 1959 l’auto-détermination puis évoque dès juin 1960
"l'Algérie algérienne". Le 8 janvier 1961, la France approuve par
référendum sa politique algérienne. En avril 1961, pour faire échec à
cette politique, des officiers généraux s’emparent du pouvoir à Alger. Leur putsch échoue. Une guerre ouverte enter les troupes de l'OAS (Organisation Armée Secrète, à laquelle participent des officiers) et l'armée restée fidèle au Général de Gaulle éclate. Réfugiés dans la clandestinité, les activistes de l'OAS, commencent à appliquer la politique jusqu'au-boutiste, pratiquant assassinats et attentats en Algérie et en Métropole, comme à l'encontre du général de Gaulle.
La fin de l'exposition aborde L’Algérie indépendante (1962) et
les négociations d'Évian avec le FLN, entamées en mai 1961 qui débouchent le 18 mars 1962 sur la signature d'accords qui mettent théoriquement fin à la guerre et organisent l’évolution de l’Algérie vers l’indépendance. Mais ceci ne suffit pas à faire revenir la paix. Suite à l'application des accords d'Évian et dans le contexte de terreur infligé par l’OAS, plusieurs centaines de milliers d'Européens d'Algérie quittent le pays dans un climat de tension croissante.
L'OAS, fondée en 1961 à Madrid, refuse le cessez-le-feu et la signature des accords d'Évian du 18 mars 1962. Elle entreprend d’en empêcher l’application par des attaques incessantes visant les Algériens musulmans, des partisans français du FLN, ainsi que les forces gouvernementales et la personne du Président de la République.
L’armée française, dont les effectifs sur place ont largement diminué suite au putsch d'avril 1961, n’intervient pas, sur ordre, pour mettre fin aux violences. Le 1er juillet 1962, plus de 91% des électeurs d'Algérie répondent "oui "au référendum sur l’indépendance, reconnue officiellement par la France le 3 juillet. Le 5 juillet 1962, les
Algériens fêtent l’indépendance. Après 132 ans, c’est la fin de la souveraineté française sur l'Algérie.
L'exposition s'achève sur une captation d’image sur grand écran (muet) sur l’Algérie indépendante montrant les manifestations de joie à l’occasion de la proclamation de l’indépendance algérienne», images datées du 5 juillet 1962. Ces images appartiennent au fonds de l'ECPAD, l'établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense qui conserve et valorise un « fonds Algérie » très riche. Il se compose de 115 000 clichés et 1200 films, provenant notamment du Service Cinématographique des Armées (SCA) et de fonds privés reçus par donation. Ces archives sont numérisées, librement accessibles et consultables à la Médiathèque du Fort d’Ivry1.
Néanmoins des affrontements et des désordres se poursuivent,
notamment à Oran où, le 5 juillet, des centaines d'Européens sont
tués ou enlevés. Plusieurs milliers de harkis, soldats ayant combattu auprès de l'Armée française comme supplétifs, abandonnés par les
autorités françaises, sont massacrés. Certains, grâce à l’aide
d’officiers qui refusent d’obéir aux ordres, réussissent cependant à
rejoindre la France, comme le montrent des images de l'ECPAD, datant du 14 novembre 1962.
Le 9 septembre 1962, des unités de l’Armée nationale algérienne
entrent pour la première fois dans Alger. Des accords de coopération
(y compris sur le plan militaire) sont mis en œuvre entre la France et
l'Algérie. Les dernières troupes françaises se retirent du Sahara en
1967. Rien n'est dit sur les essais nucléaires souterrains qui ont eut lieu le 1er mai et le 2 mai 1962 à Béryl. La question du Sahara est pourtant l'un des points d'achoppement des négociations franco-algériennes. Les Algériens autorisent finalement le gouvernement français à poursuivre ses expérimentations au Sahara après l'indépendance. La première explosion atomique avait eu lieu à Reggane le 13 février 1960. La décision de posséder l'arme atomique remonte à 1954. Elle est le fait de Pierre Mendès France alors président du Conseil. Les essais continuent jusqu'en 1967 en Algérie, puis seront effectués en Polynésie française, comme chacun sait.
En revanche les très délicates questions de la torture, de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris et de l'OAS sont abordées. Le fait mérite d'être souligné. La manifestation du 17 octobre organisée par le FLN, en réponse au boycotte du couvre-feu qui touche la population algérienne de 20 H. 30 à 5 H 30 est suivie d'une répression d'une extrême violence contre les manifestants civils. Décidée par le préfet de police Papon, elle fit plusieurs centaines de victimes algériennes (morts et blessés) en plein Paris. Des rafles ont lieu dans les gares, dans le métro, dans la rue. Des manifestants sont jetés à la Seine. Au final, 11 538 personnes sont arrêtées (chiffre officiel donné par Benjamin Stora).
Selon le colonel Bertrand, commissaire de l'exposition, il eût été impensable de ne pas abordés ces trois points. L'un, parce que la torture a bien été pratiquée par l'Armée française. Des témoins se sont exprimés dont de haut-responsables comme le général Massu et son collaborateur Paul Aussaresses. Les historiens ont travaillé sur le sujet. L'autre, parce que la manifestation du 17 octobre est un fait historique indispensable à la compréhension des événements, même s'il est sans lien avec l'armée présente en Algérie, au cœur de l'exposition
On est resté sur ces deux événements qui sont très forts symboliquement de cette histoire, en particulier en France. Au départ l'exposition est centrée sur, et en Algérie avec la présence de l'armée française. Ces événements sont périphériques à l’action de l’armée française. Mais en même temps ils sont structurants de cette histoire et ont un impact sur l’opinion publique française entraînant même un basculement en faveur d’un désengagement total de la France en Algérie. La pression internationale devient alors de plus en plus forte. Ce sont aussi des événements indispensables pour comprendre l'enchaînement des événements. On aurait pu aussi parler dans l'exposition de l’action du FLN en France qui a été forte mais aussi des luttes entre les FLN et le MNA. Cela fait aussi parti des événements indispensables pour comprendre toute l’histoire.
Pour en savoir plus
- Commissariat de l'exposition :
Lieutenant-Colonel Bertrand, conservateur, département contemporain, musée de l'Armée ; Emmanuel Ranvoisy, adjoint, département contemporain, musée de l'Armée ; Sébastien Denis, maître de conférences à l'Université de Provence-Aix-Marseille 1.
Historiens consultés dans le cadre de la mise en œuvre de l'exposition : Dalila Aït-El-Djouti, Général Jean Delmas, Frédéric Guelton, Jean-Charles Jauffret, Maurice Vaïsse, Raphaëlle Branche, Benjamin Stora, Didier Guignard, Michel Levallois, Sylvie Thénault.
Plus d’informations sur le site Internet de l'Institut national de l'audio-visuel.
Musée de l'Armée
Hôtel des Invalides
129, rue de Grenelle
75700 PARIS
Préparer votre visite en consultant le site Internet de l'exposition.
Musée de l’Armée
Hôtel national des Invalides
129 rue de Grenelle
75 007 Paris
INFORMATIONS PRATIQUES
L’exposition se situe au 3e étage de l’aile Orient de la cour d’Honneur des Invalides.
- Gratuit pour les moins de 18 ans
- Horaires :
De 10h à 18h. Le musée et l’exposition seront fermés le premier lundi du mois de juin (lundi 4 juin)
- Accès :
- Métro : ligne 8 - La Tour-Maubourg, Invalides / ligne 13 - Invalides, Varenne
- RER : ligne C - Invalides
- Parking Vinci sous l’esplanade des Invalides
- Taxi : station boulevard de La Tour-Maubourg
- Vélib’ et Autolib’ : stations à proximité
Catalogue de l'exposition
- Christophe Bertrand, Algérie, 1830-1962 avec Jacques Ferrandez, L'occasion pour le grand public de découvrir ou de redécouvrir les importantes collections du musée de l'Armée qui se rapportent à l'Algérie, exceptionnellement associées à d'autres objets, œuvres, documents d'archives et archives audiovisuelles provenant de grandes institutions patrimoniales.
Sur le sujet également
- Benjamin Stora, Algérie 1954-1962 : Lettres, carnets et récits des Français et des Algériens dans la guerre Arènes Éditions, 2010
- Raphaëlle Branche, La Torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie, 1954-1962, Paris, Gallimard, 2001 ; La guerre
d’Algérie : une histoire apaisée ? Paris, Le Seuil, coll. « L’histoire en débats », 2005.