Des siècles d’immortalités : une histoire de l’Académie française par Hélène Carrère d’Encausse
Secrétaire perpétuel de l’Académie française, Hélène Carrère d’Encausse vient de publier un ouvrage consacré à l’histoire de l’Académie. "Des siècles d’immortalités" retrace les origines et la vie de l’institution. Ses grands personnages, ses héros, ses détracteurs et ses profiteurs, les plus belles pages de son histoire tout comme ses crises. Elle est l’invitée de Christophe Dickès.
Souvenez-vous, dans les années 1980 et 1990, l’académicien André Frossard tenait une rubrique en première page du quotidien Le Figaro, intitulée Cavalier seul. Or, un jour de l’année 1991, Frossard écrivit un petit billet intitulé Académie. On pouvait y lire les mots suivants : « “ A quoi sert l'Académie française ? A rien. ”, déclare M. Jean-François Kahn de L’Évènement du Jeudi. Naturellement, il serait discourtois de renverser le propos et de demander “à quoi sert Jean-François Kahn”. D'abord, on ne saurait pas à qui poser la question. Ensuite, il n'est pas impossible qu'il serve à quelque chose. En tout cas, il pense, il parle (il lui arrive même, tant il a l'élocution facile, de parler avant de penser), il écrit, intervient, disserte, explique, chapitre, morigène, ratifie, conteste, rejette, adopte, annonce, prédit et prévoit, toutes choses enfin dont les académiciens sont totalement incapables depuis 1635. Mais laissons cela. Il est déjà beau que Jean-François Kahn ait consacré deux minutes de son temps à l'Académie, alors qu'il a, par ailleurs, tant d'affaires mondiales à régler ».
Dans moins de 25 ans, l'Académie va fêter son quatrième centenaire. Tout au long de son histoire, elle a eu ses détracteurs: « Nos moqueurs nous sont consubstantiels » disait Valéry en 1935... Fondée au sein d'un cercle privé puis dans le cadre d'un projet politique mené par un visionnaire, Richelieu, l'Académie française a très rapidement pris sa forme actuelle. Avec ses rites, ses élections, ses discours, ses couronnés et ses couronnements, ses querelles et ses crises... Elle nous apparaît comme l'Église qui, en dépit de ses faiblesses toutes humaines, sait, dans un univers feutré, faire face aux aléas de l'existence, s'imposer et se renouveler. Dans un ouvrage intitulé Des siècles d'immortalité paru chez Fayard, Hélène Carrère d'Encausse évoque l'institution : son passé, ses défis présents mais aussi futurs. Elle répond aux questions de Christophe Dickès.
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A propos d'Hélène Carrère d'Encausse
Élue en 1990 au fauteuil 14 précédemment occupé par Jean Mistler,
Hélène Carrère d'Encausse est historienne et Secrétaire perpétuel de l'Académie française depuis le 21 octobre 1999. Née à Paris dans une famille que l'esprit cosmopolite et la révolution russe ont de longue date dispersée à travers l'Europe. Elle compte parmi ses ancêtres de grands serviteurs de l'empire, des contestataires du même empire, le président de l'Académie des sciences sous Catherine II et trois régicides. Cette hérédité la prédisposait naturellement à l'étude de l'histoire et de la science politique, qu'elle a enseignées à la Sorbonne avant de transférer sa chaire professorale - l'esprit nomade de la famille aidant - à l'Institut d'études politiques de Paris.
Professeur invité dans de nombreuses universités étrangères, en Amérique du Nord et au Japon surtout, elle est docteur honoris causa de l'université de Montréal et de l'université de Louvain. Président de Radio Sorbonne-Radio France de 1984 à 1987, membre de la Commission des sages pour la réforme du Code de la nationalité en 1986-1987. Durant l'année 1992, elle occupa le poste de conseiller auprès de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, participant ainsi à l'élaboration d'une politique d'assistance à la démocratisation des anciens États communistes. Élue au Parlement européen en juin 1994, elle est vice-président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense et vice-président de la commission des Archives diplomatiques françaises ; elle a présidé la Commission des Sciences de l'homme au Centre national du livre de 1993 à 1996. Nommée en 1998 membre du Conseil national pour un nouveau développement des sciences humaines et sociales, en 2004, elle préside le Conseil scientifique de l'Observatoire statistique de l'immigration et de l'intégration.
Elle a reçu :
- le prix Aujourd'hui pour L'Empire éclaté en 1978
- le prix Louise Weiss en 1987
- le prix Comenius en 1992 pour l'ensemble de son œuvre
- et le prix des Ambassadeurs en 1997, pour Nicolas II.
- Elle est membre associé de l'Académie royale de Belgique.
Parmi ses derniers ouvrages parus :
- 1996 - Nicolas II, La transition interrompue (Fayard)
- 1998 - Lénine (Fayard)
- 2000 - La Russie inachevée (Fayard)
- 2002 - Catherine II (Fayard)
- 2003 - L'Impératrice et l'abbé : un duel littéraire inédit (Fayard)
- 2005 - L'Empire d'Eurasie (Fayard)
- 2008 - Alexandre II, Le printemps de la Russie (Fayard)
- 2010 - La Russie entre deux mondes (Fayard)
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