Emile et les menteurs
L’Emile d’Alain Besançon, homme de paille de la haute finance, est poursuivi par des policiers, des juges et des financiers véreux, file aux Bahamas par les Etats-Unis, fait un séjour à la Prison de la Santé, pour finir à Béziers ! Le ton est au rire, à l’ironie, à la moquerie car Alain Besançon, qui surprend son lecteur dans ce premier roman, se moque d’instances soi-disant respectables comme la banque, la culture, l’université et l’art ! Tout le monde ment mais... pour notre plus grand plaisir !
Il est, dans les romans, des personnages que l’on ne peut oublier.
Emile est de ceux-là. Non, il ne s'agit pas de l’Emile de Jean-Jacques Rousseau mais de l’Emile de l’académicien Alain Besançon qui n'a pas rédigé un traité de pédagogie mais un vrai roman dont le héros est tout aussi inoubliable !
On s’attendrait plutôt à lire sous la plume d'Alain Besançon des ouvrages sérieux, -il en a publié de nombreux, notamment sur l’histoire des courants politiques en Russie- et il a donné des cours dans les plus prestigieuses universités américaines. Et pourtant, là, avec son personnage Emile Fouzillon, Alain Besançon s'amuse et nous amuse. Car ce roman est drôle, picaresque, d'un style alerte et surprenant.
Qui est cet Emile ? Disons un "pigeon", un homme de paille, un crédule auquel des financiers sans scrupules donnent un poste bien au-delà de ses compétences. Il se retrouve à jongler avec des millions. Tous mentent dans ce monde de la haute finance, sur les comptes, sur les transactions, sur les objectifs. On ment à ce pauvre Emile qui, compromis, est obligé de fuir. Et le voici qui s'embarque sur un rafiot louche. Et son chemin va croiser des personnages, sans doute pas très tourmentés par la morale, mais au moins très pittoresques, telle cette Juana, aussi haute que large, ou cet Estimé, colossal Haïtien.
Dans ce roman, on goûte aussi le dépaysement : Paris, Zeebruge, Luxembourg, Miami, les Bahamas, Nassau, et Moscou (ville que l'académicien connaît parfaitement). Le lecteur cependant n'est pas trop surpris des descriptions de ces villes ou de ces pays car il suppose que l'auteur les a visités. Le plus surprenant, c’est son chapitre sur la prison de la Santé, car là, il hésite tout de même à penser qu’Alain Besançon connaît par expérience l’intérieur de la prison ! Aussi, s'explique-t-il dans cette émission sur les sources de ses connaissances du monde carcéral.
Quand vous aurez rencontré Emile, quand vous aurez passé avec lui, une soirée inoubliable -car ce roman se lit d’une traite, sourire aux lèvres-, vous le garderez dans un coin de votre mémoire et c’est toujours en vous remémorant le plaisir que, grâce à lui, vous avez éprouvé, que vous vous souviendrez de lui.