Chateaubriand épinglé : Le Chateaubriantiana

Quand un "Ana", recueil d’anecdotes, s’acharnait contre l’écrivain, par Bertrand Galimard Flavigny

Bertrand Galimard Flavigny nous raconte l’histoire des "Anas", singuliers livres qui remontent à l’Antiquité. Le bibliologue s’intéresse ici particulièrement à un "Ana" consacré à Chateaubriand : le Chateaubriantiana, écrit par Yves Cousin-d’Avalon en 1820. Mais Chateaubriand n’est pas le seul à avoir été l’objet d’un "Ana", d’autres grand noms ont leur "Ana".

Émission proposée par : Bertrand Galimard Flavigny
Référence : pag294
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Portrait de Chateaubriand méditant sur les ruines de Rome, 1848
Anne-Louis Girodet-Trioson (d’après)



A son retour d'émigration, Chateaubriand rendit visite à Paul-Louis Ginguéné un proche de sa famille qui lui demanda quel parti il allait prendre dans sa future carrière littéraire. «Je serai monarchique et religieux», répondit-il. Et Ginguéné aurait répliqué «Vous serez littérairement bizarre et politiquement faux».

Cette anecdote a été rapportée dans un petit ouvrage au titre bizarre intitulé Chateaubriantiana ou recueil de pensées, maximes, réflexions. Son auteur, Charles-Yves Cousin d'Avalon, n'aimait pas Chateaubriand. En près de 350 pages, d'Avalon s'acharne insidieusement contre l'auteur d'Atala.

Cousin d'Avalon s'est spécialisé dans ce qu'on a appelé les «anas» ou recueil d'anecdotes, de pensées ou de bons mots attribués à un personnage célèbre. Il existe une bibliographie des «anas», français et étrangers, établie par un certain A.F Aude dont nous ne savons pas grand chose.

L'origine des «anas» est fort ancienne. Les Sympiosaques de Plutarque, les Memorabilia de Xenophon peuvent être considérés comme les prototypes du genre. Aude cite parmi les ouvrages les plus anciens qu'il ait rencontrés le Bebliana qui date de 1509. Le premier ouvrage qui ait été donné au public sous le nom d'«ana» est le Scaligerana.

Frontispice de Scaligerana



Dans l'histoire des «anas», tout devait changer en 1722. Adieu le sérieux, bonjour la décadence. Par exemple, l'abbé Claude Cherrier publia un Polissoniana qualifié de «recueil à l'usage de la racaille». Selon Aude, les nombreux «anas» publiés de 1730 à 1830 méritent à peine un souvenir.

Au moment de la parution du Chateaubriantiana, Cousin d'Avalon annonçait la publication d'un Bonaldiana en rapport à Louis-Gabriel de Bonald (1754-1840) d'un Fontanesiana qui devait épingler Louis de Fontanes (1757-1821) un ami intime de Chateaubriand et d'un De Pradtiana qui fait songer à l'abbé de Pradt (1759-1837).

Texte de Bertrand Galimard Flavigny.



Quelle était la raison de la vindicte de Cousin d'Avalon?



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