Peut-on faire de la politique sans être machiavélique ?
Machiavel : sa pensée ne cesse depuis cinq siècles d’être une référence en politique. Il est le pionnier de la science politique et de ses lois éternelles. Comment concilier démocratie et machiavélisme ? Réponses et réflexions avec Jacques Rigaud, analyste réputé des rapports entre la politique et les médias.
Attention, cette émission pourrait être machiavélique !
Mais que veut dire exactement cet adjectif ? Et le mot "machiavélien", a-t-il le même sens ? Quelle est véritablement la pensée de Machiavel, non seulement dans son ouvrage le plus connu : Le Prince mais dans celui que l'on omet généralement de lire : Discours sur la première décade de Tite-Live ?
Jacques Rigaud vient de publier un ouvrage intitulé Le Prince au miroir des médias, Machiavel 1513-2007, aux éditions Arléa. Rappelons que cet observateur attentif de la politique, de la culture et de la communication a été directeur d’un cabinet ministériel sous le président Pompidou, chargé de la construction du musée d’Orsay sous le président Giscard, puis président de la radio RTL.
Mais il est surtout un lecteur assidu de Machiavel !
Jacques Rigaud l'affirme : On peut, on doit, lire aujourd’hui Machiavel ! Bien que les temps aient changé, nous ne sommes plus à Florence au XVIème siècle, ce penseur adulé par les uns et honnis par les autres garde toute sa pertinence.
Pourquoi un homme politique se verrait-il contraint d'agir de manière machiavélique ? Parce que la politique est une passion dévorante, parce qu'elle oblige à vivre un enfer.
Au chapitre IV de son livre, il pose la question fondamentale : Y–a-t-il un bon usage du machiavélisme en démocratie ? Les démocraties, plus ouvertes, plus pluralistes, deviennent aussi plus vulnérables, il ne faut donc pas faire d’angélisme…
Quel est le principal apport de Machiavel à la pensée politique ? Jacques Rigaud vous l'explique : rejet du fatalisme, son maître mot : virtu, mais aussi Fortune
Petite galerie de portraits de chefs d’état français plus ou moins machiavéliques… le général De Gaulle (un peu machiavélique tout de même, notamment dans l'affaire de l'Algérie), Mitterrand (tout à fait machiavélique), Giscard (pas trop) et Raymond Barre (pas du tout !) ... quant à Jacques Chirac, pour savoir s'il est ou non machiavélique, lisez le livre de Jacques Rigaud !
Il cite cette phrase de Machiavel : pour parvenir au pouvoir et s’y maintenir, il faut communiquer.
Or, la communication, c'est un domaine très familier à Jacques Rigaud qui dit ici ce qu'il pense du débat public en France tel qu’il est retransmis par les médias audiovisuels.
Il use de mots durs : cirque, combat de gladiateurs, spectacle, jeu de rôles, théâtre, marionnettes : le spectacle prévaut sur le débat, l’image sur l’idée…
Il ne s'agit pas d'être pessimiste ni optimiste, mais bien réaliste !
Pour lire Jacques Rigaud :
Débat sur la France de demain, Julliard, 1961 ;
La culture pour vivre, Gallimard, 1975 ;
Libre culture, Gallimard, 1990 ;
Miroir des mots, Robert Laffont, 1991 ;
L’exception culturelle, culture et pouvoirs sous la V ème République, Grasset, 1995 ;
Les deniers du rêve, essai sur l’avenir des politiques culturelles, Grasset, 2001… ;
Vivre à propos, Grasset, 2005