Debussy et l’opéra, par Michaël Levinas

Lors de la "Journée Debussy" à l’ACADEMIE DES BEAUX-ARTS
Michaël LEVINAS
Avec Michaël LEVINAS
Membre de l'Académie des beaux-arts

L’Académie des beaux arts a proposé une journée Debussy le 24 octobre 2012 en commémoration du 150ème anniversaire de la naissance du célèbre compositeur mort trop jeune, avant d’avoir pu être élu membre de cette académie. Plusieurs intervenants parmi les meilleurs connaisseurs ont été invités par le président de l’année, François Bernard Michel. La journée était animée par le musicologue Gilles Cantagrel. Dans l’émission que vous avez choisie vous allez entendre une courte introduction de Gilles Cantagrel puis l’intervention du compositeur et pianiste Michaël Lévinas, membre de l’Académie des beaux Arts. Il a tout simplement intitulé cette intervention « Debussy et l’opéra ».

Le musicologue Gilles Cantagrel propose une introduction sur l’opéra et Debussy. Il nous plonge dans le contexte de l’époque. L’opéra de Paris est accablé de pages assassines par Debussy : sa ressemblance avec la gare St Lazare, et la musique que l’on y entend serait toujours aussi mauvaise. Qu’y joue t-on à l’époque ? Les ouvrages français, ou francophones d 'Ernest Reyer (1823-1909), de Giacomo Meyerbeer (1791-1824), de Jules Massenet (1842-1912) qu’admirait Debussy d’ailleurs, en même temps que l’on commence à représenter sérieusement Richard Wagner avec "Tristan" notamment. Quant à l’Opéra comique qui est le haut lieu de la création dans l’art lyrique,- c’est là qu’a été créé "Carmen", et tant d’autres ouvrages, en 1900 on y joue la « Louise » de Gustave Charpentier, et elle fera un triomphe. Deux ans après, réaliste, roman musical à la Zola, c’est la création d’un ouvrage complètement atypique « Pelléas et Mélisande » de Debussy d’après la pièce de Maeterlinck. Il y eut une première tumultueuse pour des raisons tout à fait extramusicales, de cabbale. Après cette première, l’ouvrage va connaître le plus grand succès, puisqu’en dix ans il aura cent représentations, ce qui pour une œuvre contemporaine est tout à fait exceptionnel. Avec "Pelléas" s’ouvre un nouvel âge pour l’art lyrique. Debussy était passionné depuis sa jeunesse par l’opéra. Dès l’âge de vingt ans, il avait mis en chantier une comédie lyrique, et tout au long de sa vie il envisagea de nombreux projets d’ouvrages lyriques comme par exemple « La chute de la maison Usher » d’après Edgar Poe. Et tant d’autres. Il était admirateur de Moussorgski et de Wagner, ce qui est une bonne leçon pour écrire de l’opéra. Auteur de nombreuses mélodies il s’était frotté à la déclamation lyrique. Ses mélodies étaient exécutées, il avait le contrôle immédiat de ce qu’il écrivait et il ne pouvait évidemment pas se satisfaire d’une formule de théâtre « préfabriquée », où des récitatifs doivent immanquablement amener aux grands airs de bravoure que tout le public attend. Ces airs obligés, non ! Le choix du poème, le traitement de l’orchestre, le débit de la voix chantée, tout cela est complètement neuf (ce débit de la voix chantée qui est calqué sur la voix parlée jusqu’à supposer des quarts de ton).

Michaël Lévinas, pianiste, compositeur, professeur d’analyse musicale au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, familier de Debussy, nous emmène autour de "Pélléas". Le spécialiste propose, dans cet exposé (plutôt destiné aux spécialistes), de mettre en évidence certaines structures de la langue de Debussy, qui organise la relation avec le temps, le texte et le théâtre. Il souhaite aborder les questions qui se posent dans le domaine de l’écriture et de l’écriture lyrique et les questions qui travaillent le monde de la création : la relation entre tonalité, spectralisme, modalité, série, timbre. C’est sous ces conflits sous-jacents de la composition actuelle que Michael Lévinas se propose d’aborder la question de "Pelléas". … Il propose ensuite d’aborder deux petits points de "Pelléas et Mélisande" qui embrassent à la fois des éléments de l’écriture de Debussy : mettre en évidence certaines structures de la langue de Debussy, celle qui a rencontré la langue de Maeterlinck



- Ecoutez les autres interventions de "La Journée Debussy" :

- Une "Journée Debussy" à l’Académie des beaux-arts, introduction par Gilles Cantagrel et intervention de Myriam Chimènes
- Debussy et ses contemporains musiciens par Emmanuel Reibel
- Debussy, son portrait par Marcel Baschet, au Musée d’Orsay à Paris par Sylvie Patin
- L’orchestre de Debussy par Laurent Petitgirard
- Debussy et la nature : "Je me suis fait une religion de la mystérieuse nature" par François-Bernard Mâche

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