Le manuscrit Rouge Brésil de l’académicien Jean-Christophe Rufin donné à la BNF
Michèle Le Pavec, conservateur en chef au département des Manuscrits de la BNF, nous raconte dans quelles circonstances elle a accueilli le manuscrit "Rouge Brésil", de l’académicien Jean-Christophe Rufin, en 2003. Elle reste éblouie par le travail et la rigueur de l’ouvrage.
Pour Michèle Le Pavec, conservateur en chef à la BNF et invitée de cette émission, l'arrivée du manuscrit Rouge Brésil, de l'académicien Jean-Christophe Rufin, reste un souvenir heureux et vivace :
- «L'arrivée de ce manuscrit a été une bonne surprise. En 2003, la BNF en lien avec l’Académie Goncourt a décidé d'organiser une exposition pour commémorer le centenaire de cette Académie. Comme la bibliothèque a été légataire du journal des Goncourt et de leur correspondance littéraire, nous avions de nombreux titres pour préparer une exposition. Nous voulions, avec nos archives, montrer comment s'était créée l'Académie Goncourt. Pour clore l’exposition et la valoriser, nous avions décidé de montrer tous les manuscrits des prix Goncourt que nous avions dans nos collections. Du 1er prix de 1903 décerné à John-Antoine Nau pour Force ennemie, jusqu'à Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin qui venait d'apporter son manuscrit au début de exposition (Goncourt 2001).»
Le livre est donc arrivé au bon moment. Les visiteurs ont pu découvrir deux volumes reliés de 800 feuillets avec des notes préparatoires. Comme le raconte Michèle Le Pavec : «Il y avait 3 dossiers : le plan, les personnages, une bibliographie sur le Brésil. L'idée maîtresse était la rencontre entre deux civilisations. Rouge Brésil part de son constat. L'essai repose sur un fait historique : l'essai de colonisation du Brésil au temps de la Renaissance par les Français. Henri II avait chargé Nicolas de Villegagnon de partir coloniser le pays. Il y partira en 1555. Les premières rencontres entre les Français et les Brésiliens, avec deux civilisations très différentes, vont être cruciales et c'est ce point de départ qui intéresse Jean-Christophe Rufin.»
A travers les pages du manuscrit, se dessine les personnages : Nicolas de Villegagnon «auquel il attache une grande importance : c'est un humaniste, pétri de culture antique, catholique tolérant.» Ensuite, deux personnages, les deux héros créés : Just et Colombe qui sont des adolescents. Pourquoi des jeunes ? «Parce qu'il a vu dans un récit d'expédition que six enfants avaient fait partie de l'expédition.» Jean-Christophe Rufin s'intéresse aussi à la flore locale. Tout est très documenté. Pour le 3ème dossier concernant la bibliographie : «cela a été très amusant pour moi car j'ai retrouvé des cotes de la Bibliothèque Nationale. J'ai donc pu me rendre compte qu'il avait consulté des ouvrages du 16ème siècle à la réserve, des livres rares.»
Michèle Le Pavec nous parle aussi de l'écriture de l'académicien : il utilise de l'encre bleue sur des feuillets grand format et laisse une marge de 5 cm à gauche pour faire des ajouts. Par ailleurs, les manuscrits sont écrits seulement au recto et quelquefois raturés. Une bonne façon de plonger dans l'oeuvre de l'écrivain et d'en comprendre quelques éléments !