La transmission du savoir et de la sagesse au Japon
Jean-Noël Robert, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres est l’invité de cette émission. Il parle des écoles de sagesse du bouddhisme japonais. La connaissance et le goût des lettres japonaises se fondaient avant tout sur la poésie.
Malgré la difficulté bien connue de son écriture, le Japon, des temps anciens à l'époque moderne, a toujours accordé la plus grande importance à l'étude, et ce dans le cadre d'une culture traditionnelle d'inspiration chinoise où savoir et sagesse étaient volontiers identifiés l'un à l'autre. On s'y initiait souvent par la lecture des Entretiens de Confucius.
Un peu comme, au XVIIIe siècle en France, les enfants de la campagne apprenaient l'alphabet en déchiffrant le Pater Noster en latin à l'école des curés, les petits Japonais s'escrimaient à réciter en une langue empreinte d'archaïsmes le texte chinois du Maitre du Ve siècle avant J.C. dans les «tera-koya», ou écoles de temple, qui faisaient office d'écoles primaires.
Si la «haute culture», les textes prestigieux, venaient de Chine, la connaissance et le goût des lettres japonaises se fondaient avant tout sur la poésie, le «waka», dont l'esthétique raffinée entendait rivaliser avec la poésie chinoise.
Aux Temps Modernes, curieusement, le «waka» fut repris comme instrument privilégié de l'éducation : on faisait d'innombrables poèmes mnémotechniques couvrant tous les domaines, de la dogmatique bouddhique au calendrier, qui enfermaient en syllabes ce que l'on voulait retenir. Cette vogue reflète aussi le long effort des Japonais, non pas en vue de supplanter la culture chinoise mais de donner a leur langue le même statut dans la transmission d'un savoir revalorisé comme propre à leur peuple.
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- Diplômé de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), titulaire d’une licence, d’une maîtrise et d’un DEA d’études japonaises à l’Université de Paris VII, Jean-Noël Robert a été pensionnaire de la Maison franco-japonaise de Tokyo. Il est entré au CNRS en 1975. A partir de 1979, il fut chargé de conférences à l’École Pratique des Hautes Études où il est devenu directeur d’études en bouddhisme japonais en 1990. Il est actuellement membre de la commission scientifique de l’École Pratique des Hautes Études, Section des sciences religieuses, membre du conseil de la Société asiatique, et des conseils scientifique et d’administration de l’École française d’Extrême-Orient. Jean-Noël Robert assure également la fonction de rédacteur en chef du Hôbôgirin, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme d’après les sources chinoises et japonaises, dictionnaire édité depuis 1966 par l’Académie des inscriptions et belles-lettres dont il a été élu membre en 2006.
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