Louis XIII et Richelieu : un pouvoir à deux têtes
Comment Louis XIII et Richelieu ont-ils gouverné la France ? Le roi n’était-il qu’un instrument du cardinal ? Dans son ouvrage, Jean Castarède montre une relation équilibrée, établie patiemment, qui permit à la France de renouer avec le système de gouvernement original établi par Henri IV et Sully, reposant sur le couple monarque/1er ministre. Dans ce système, chacun a sa place : le cardinal propose au roi différentes solutions, ce dernier tranche en véritable arbitre.
- Le 10 mai 1610 après l'assassinat de son père Henri IV par Ravaillac, Louis XIII devient roi. Il n'a que neuf ans, la régence revient alors à sa mère, Marie de Médicis. Au début, Marie garde les conseillers de son époux mais subissant l’ascendant de Concini, elle décide de s’en séparer peu à peu. En quelques années, elle détruit toute l’œuvre d’Henri IV : le conflit avec la noblesse reprend de plus belle. En politique extérieure, elle défend le rapprochement avec l’Espagne, rapprochement qui se concrétise par un double mariage franco-espagnol. Sa fille, Élisabeth, épouse l'infant Philippe IV d'Espagne et Louis XIII, épouse Anne, infante d'Espagne. Cette politique en faveur de l’Espagne inquiète les protestants qui ne cachent pas leur hostilité à la régente. À ceci s’ajoutent les dépenses somptuaires de la Cour ou plutôt le gaspillage financier causé par l'appétit financier de la reine et de son entourage. Le trésor que Sully avait amassé est dilapidé. Le jeune Louis XIII finit par prendre conscience de la dérive de son royaume et décide de contrecarrer sa mère. En 1617, il fait preuve de caractère et ordonne l’arrestation qui se transforme en assassinat de Concini. On s’aperçoit alors que malgré l'image contrastée qu'il a laissée, ce jeune roi fait très tôt preuve d'autorité et prend les bonnes décisions pour redresser son pays. Toutefois, il ne donnera sa pleine mesure que grâce aux qualités et au concours de son premier ministre Richelieu.
- La percée politique de Richelieu est à peu près concomitante de l’émancipation de Louis XIII, il faut pourtant attendre plusieurs années avant que Louis XIII en fasse son principal ministre. Il faut dire que Richelieu entra au Conseil sous l’égide de Concini. Plus tard, il expliquera qu’il jouait un double-jeu pour mieux contrer les menées de l’italien ! C'est donc l'histoire de ce tandem extraordinaire formé par Louis XIII et Richelieu que raconte Jean Castarède, esquissant par là même, les règles d'une bonne "gouvernance" entre un chef d’État et son premier ministre.
Présentation de l’éditeur :
À un moment où le Moyen Orient et le monde méditerranéen s’embrasent sur des problèmes de "gouvernance", il n’est pas inutile de jeter un regard sur l’histoire de France qui a connu, elle aussi, à certaines périodes, des soubresauts dont elle faillit ne pas se remettre.
Jean Castarède, dans son livre Louis XIII et Richelieu, souligne l’originalité du duumvirat qu’avait initié Henri IV avec Sully mais qui trouva véritablement son mode de fonctionnement efficace avec Louis XIII et Richelieu, prolongé par Louis XIV et Colbert, modèle original que la monarchie anglaise et d’autres monarchies nordiques ont particulièrement bien assimilé.
C’est ainsi qu’au détour de ce livre historique, qui se lit aussi comme un roman à cause de ses rebondissements, de ses intrigues, de ses complots et de ses assassinats politiques, on perçoit les attirances d’Anne d’Autriche pour Buckingham et l’épisode des ferrets de la reine en Angleterre qui a servi de base romancière au chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas. On se passionne pour les inclinations de Louis XIII pour Mademoiselle de Hautefort et Mademoiselle de Lafayette, et celle pour Cinq Mars qui va se terminer dramatiquement et servit de base au roman éponyme d’Alfred de Vigny. Enfin, c’est l’époque des triomphes des pièces de Corneille et notamment du Cid et du traité de Descartes. C’est tout un nouvel esprit qui est en train de naître, dans une France pas encore complètement pacifiée.
On découvre la véritable personnalité des deux protagonistes, Louis XIII et Richelieu ; d’un côté le roi et de l’autre le cardinal. Ils n’ont pas eu, du tout, les rôles que la légende ou l’histoire déformée, leur a attribués, puisqu’ils sont devenus, au fil du temps, parfaitement complices, chacun restant à sa place. Le cardinal proposait au roi différentes solutions avec leurs avantages et leurs inconvénients ; ce dernier tranchait en véritable arbitre.
Tel est peut-être le modèle que différents pays, en pleine révolution, ou d’autres, pourraient suivre aujourd’hui.
L’auteur :
Jean Castarède, essayiste, économiste, historien, ancien haut fonctionnaire, a déjà publié plus de trente livres, parmi lesquels une dizaine sur cette période qu’il connaît particulièrement bien, dont le dernier : 1610, l’assassinat d’Henri IV. Un tournant pour l’Europe ?
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