L’abbé Breuil, le pape de la préhistoire
Henri Edouard Prosper Breuil, abbé de son état et membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, toujours vêtu de sa soutane, demeure l’une des grandes figures de la préhistoire en France. L’historien de la préhistoire Arnaud Hurel évoque son histoire, son parcours et son rôle important dans les fouilles archéologiques préhistoriques.
dimanche 13 avril 2008 - réf.
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Il n’est certes pas le seul ecclésiastique à compter parmi les membres de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, mais il est sûrement le seul à avoir travaillé plus souvent dans les profondeurs des grottes que dans un bureau !
Grâce au jeune historien de la préhistoire, Arnaud Hurel, auteur d’un ouvrage publié au CNRS sur l’histoire de l’organisation des fouilles archéologiques préhistoriques en France, nous suivons le parcours de cet abbé hors normes.
L’abbé Breuil est né dans la Manche à Mortain, le 28 février 1877. Rapidement, il entra au séminaire mais il n’a jamais exercé de ministère paroissial. En 1905, il prépare sa thèse à la faculté des sciences de Fribourg où il devient d’ailleurs professeur à l’université, enseignant la préhistoire et l'ethnographie.
Parallèlement à sa carrière de chercheur, entre les années 20 et 60, il n'a d'ailleurs jamais abandonné l'enseignement, assurant des cours notamment à l’Institut de Paléontologie humaine, à l’Institut d’ethnographie de la Sorbonne, au Collège de France, puis à l’Université de Bordeaux, de Lisbonne, et même de Johannesbourg.
En 1929, est créée pour lui la première chaire de préhistoire au Collège de France. Il assura ses cours jusqu'en 1947.
Il appartenait à de très nombreuses sociétés savantes, française et étrangères (anglaise, espagnole, écossaise, belge). Et à de très nombreuses académies. Il était docteur honoris causa des universités de Cambridge, Oxford, Edimbourg, Capetown, Libsonne.
Ses publications sont innombrables. Elles témoignent de ses multiples recherches.
Il a opéré des fouilles et faisait en dessins le relevé de cet art pariétal.
- en Espagne, notamment à Altamira
- en Dordogne aux Eyzies, mais aussi à Lascaux, sur toutes les cavernes ornées (les Trois Frères, Rouffignac)
- en Europe centrale, en Hongrie, en Bohême, en Moravie ;
- en Afrique, et notamment en Angola, en Rhodésie du sud, en Namibie,
- en France aussi, dans le nord de la France, en Belgique et en Angleterre.
L'abbé Breuil a étudié les peintures rupestres, l’art pariétal, la stratigraphie paléolithique, les « industries » paléolithiques, notamment au Portugal, également intéressé par les dolmens du Morbihan, leur déchiffrement et leurs décorations.
Arnaud Hurel évoque également ce point délicat : certains commençaient à penser que confier la préhistoire à des ecclésiastiques devenait gênant... et il explique le contexte de ces années 20, quand le conflit Eglise-Etat était encore sensible.
L'abbé Breuil a été élu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, le 13 mai 1938, au fauteuil précédemment occupé par Ferdinand Brunot (lequel était à la fois linguiste, grammairien, pédagogue et professeur de langue française, dans les années 20 et 30).
Il est mort à côté de Paris, à l’Isle Adam, le 14 août 1961, à 84 ans.
En savoir plus :
- L'abbé Breuil
- Les photos de cet article sont extraites du site www.hominides.com
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